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La singularité des recherches généalogiques sur mon père Robert Dufournaud réside dans le fait qu'il fut prisonnier de guerre pendant la Seconde guerre mondiale, entre juin 1940 et janvier 1945, date de son évasion. Quant à ma mère, Jacqueline Laurent, certains épisodes de sa vie rencontrent également la grande histoire. Notre grande-tante maternelle, Geneviève Esnault épouse Frantzen, mérite également notre attention.
L'arbre généalogique et les recherches sur les autres membres de la famille Dufournaud/Laurent se trouve sur le site Geneanet.
La photo qui le représente ici à droite a été prise au Stalag, certainement très vite après son arrivée en Allemagne, peut-être au Stalag VI F à Bocholt. Mon hypothèse repose sur le fait qu'il porte des sabots car les Allemands retirèrent les chaussures militaires aux prisonniers en leur fournissant des sabots afin que leur marche soit limitée pour empêcher les évasions (cf l'émission TV “Retour aux sources” avec F. Dubosc en mai 2018).
Dans la mémoire familiale, plusieurs récits oraux subsistent qu'il faudra vérifier et compléter :
A lire : Daniel Feldmann et Cédric Mas, “La Campagne du Rhin : Les Alliés entrent en Allemagne, janvier-mai 1945”, Economica, pour connaître la date de passage du Rhin en Rhénanie ce qui donnerait le lieu et la date auxquels Robert a rencontré les Américains, près disait-il de la ferme où il travaillait.
Sur la photo à droite, Robert est le second joueur en partant de la gauche, agenouillé.
A rechercher : lire la thèse de D. Gomet sur les “Sports et pratiques corporelles chez les déportés, prisonniers de guerre et requis français en Allemagne durant la Seconde guerre mondiale (1940-1945)”, 2012
Parti en 1938 pour effectuer son service militaire en Algérie puis en Tunisie dans le 3e régiment des Zouaves, il rentre à Marseille en 1940 pour combattre. Il est fait prisonnier à Pontoise en juin 1940. Il part, en grande partie à pied, pour l'Allemagne. Il est enfermé au Stalag VI F à Bocholt en Rhénanie, région militaire qu'il ne quittera pas.
Recherche à effectuer : Mon père parlait souvent du sabotage des prisonniers français dans les usines d'armement. Proche de Bocholt près de Münster, se trouvent les usines Krupp : faisait-il partie des prisonniers travaillant pour Krupp ?
Malheureusement, Robert Dufournaud n'est pas inscrit dans la Liste officielle des prisonniers de guerre que l'on peut trouver sur Gallica par exemple. En effet, dans le dernier numéro du 15 juin 1941, il est noté que les prisonniers pouvant écrire à leur famille, cette liste n'a plus lieu d'être complétée.
Recherche à effectuer : écrire au service historique des Armées qui se trouve à Caen et au Secrétariat d'Etat aux Anciens Combattants 37 rue de Bellechasse 75700 Paris 07 SP
Le Stalag VI J ouvre en février 1941. Ce Stalag est à 50 km de Dortmund à Krefeld avec un camp secondaire à Dorsten à côté de Dusseldorf.
Recherches à effectuer aux AN à Pierrefitte : les archives du Stalag VI J y sont conservées (voir F/9/2714, 2914, 3496, 3498 et 3500
En mai 1942, un acte est signé par l'homme du confiance du Stalag VI J, Julien Debonne (qui sera rapatrié en France dans les semaines qui suivront et remplacé par E. Quitel) : Robert Dufournaud autorise son père Alexis à percevoir ses émoluments de la Poste. Son matricule y est noté: matricule 24917 VI F Arbeits-kommando 947 Stalag VI J.
En septembre 1942, il se trouve à Heerdt, proche de Dusseldorf. Dans la photo à droite, Robert est le troisième en partant de la gauche, debout.
En janvier 1944, le camp recense 19 000 prisonniers dont 300 à l'intérieur du camp.
Le 15 septembre 1944, le camp entier a été déplacé de Krefeld (aujourd'hui Willich) à Dorsten entre Dormund et Cassel.
Robert Dufournaud s'évade à l'approche des premiers soldats américains. Il met deux mois pour rentrer à Saint-Maur-des-Fossés, premier prisonnier de guerre revenu dans cette ville, en passant par les Pays-Bas et la Belgique.
En juillet 2003, j'ai enregistré 3 h 00 de témoignages. Cet entretien porte sur la vie de ma mère avant sa rencontre avec mon père en mars 1945.
La photo sur laquelle elle apparaît, date vraisemblablement de 1943, un moment de la guerre où elle quitte la famille Millery pour rejoindre celle des Bourdeau : elle s'occupe de leur fils Michel âgé d'un an et demi environ.
Parmi cet enregistrement, je retiens deux rencontres :
“Une femme très agréable”, disait Jacqueline, qu'elle rencontre vers 1936 à l'usine d'aviation de Saint-Maur-des-Fossés. L'aviatrice est une sorte de marraine de l'usine et vient régulièrement.
Pour en savoir plus :
L'abbé Alesch était en poste à La Varenne Saint-Hilaire. Agent double au service de l'Abwehr, il avait une double vie. Il fit arrêter de nombreux résistants et démanteler des réseaux.
Jacqueline était domestique chez un chirurgien-dentiste, M. Millery, jusqu'en 1943, où venait l'abbé régulièrement pour donner des cours de langue à l'enfant de la famille. Personne ne soupçonnait la double vie de cet abbé très aimé par les paroissiens, qui ne cachait pas ses opinions anti-allemands.
Pour en savoir plus :
Geneviève est la tante maternelle de Jacqueline.
Elle fut condamnée à de la prison ferme au début des années 1920 et enfermée à Saint-Lazare fbg Saint-Denis à Paris A 16 ans, elle avait vitriolé son amoureux qui venait de l'abandonner : il était fils de bourgeois de Saint-Maur-des-Fossés.
Son père qui avait acheté un terrain pour le séparer entre ses quatre filles, avait vendu la part de Geneviève afin de payer un avocat et les frais de justice.
A sa sortie de prison, Geneviève rencontre Aloyse Frantzen avec lequel elle se marie en 1926 à Boulogne (92).
Recherches à effectuer : Aloyse Frantzen faisait partie de la Gestapo ou de la milice. Maurice Gouchon, le beau-frère de Geneviève, arrêté, se retrouva devant lui dans les bureaux de la Gestapo (?). Il l'envoya en Allemagne mais Maurice réussit à s'échapper pendant le voyage. Cette mémoire familiale est à vérifier : en premier lieu en se procurant l'acte de mariage.