Registre B34 Lettre n° 82

13/12/1532

<251 recto>
Remission pour Jehan Lomiel, la verifficacion
aux juges de Rennes dont la teneur ensuit.
[1]
Francois, etc, a tous presens et a venir, savoir faisons nous avoir
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receu l'humble supplicacion et requeste de Jehan Lomiel,
[3]
jeune gentilhomme, Contenant que puix troys ans <251 verso>
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derniers ou come il estoit allé a la ville d'Aubigné
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pour aulcunes ses afferes a ung jour de marché
[6]
estant en compaignie d'un sien frere divisans soubz
[7]
le porche des maisons qui sont a l'un des costez de
[8]
l'eglise et cimitiere dudit lieu, il veid yssir de la
[9]
maison et demourance d'un nommé Jehan Daumez,
[10]
deffunct Patry Estroubeillon, filz juveigneur
[11]
de Bonnabes Estourbeillon, Sr de Brin, ressemblant
[12]
estre fort esmeu et eschauffé tenant celluy Patry
[13]
une espee nue en ses mains courant vers
[14]
le lieu ou s'estoit retiré Artur de Champaigne,
[15]
Sr de Chambellé, et ung sien serviteur quelz
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on disoit avoir eu parolles de menaces et
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querelle o ledit Patry en celle heure en la
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maison dudit Daumez. Quoy voyant ledit suppliant
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pour obvier* a ce debat qu'il craignoit estre
[20]
entre les dessurdits se mist au davent
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dudit Patry et de craincte d'estre oultragé
[22]
par ledit Patry, tira ledit suppliant son espee qu'il
[23]
avoit de coustume porter, sans toutesfoiz
[24]
s'efforcez en frapper ledit Patry. Et sur ce, celluy
[25]
Patry de premieres parolles demanda audit
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suppliant pourquoy il se mectoit au devant de
[27]
luy et quel desplaisir il luy voulloit, disant
[28]
ledit Patry qu'il tueroit ledit suppliant. Sur lesquelles
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parrolles, arriverent lesdits de Champaigné et
[30]
sondit serviteur tenans en leurs mains leurs
[31]
espees nues qui commencerent a ruer coups
[32]
de leursdites espees contre ledit Patry mesmes
[33]
ledit suppliant irrité des parolles luy dictes par
[34]
ledit Patry voyant que celluy Patry le menaczoit
[35]
a tuer, se mist en ayde desdits de Champaigné
[36]
et son serviteur a ruer et frapper sur ledit Patry.
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Et d'un coup d'estoc, ledit suppliant attaignit ledit <252 recto>
[38]
Patry environ le bas du ventre et le blecza a effusion
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de sang. Et comme ledit Patry se retiroit vers la
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maison dudit Daumez, ledit suppliant le suyvyt et luy
[41]
donna deux ou troys coups de plat de sadite espee
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sur le corps, a occasion desquelz ledit Patry cheut
[43]
a terre pres la maison dudit Daumez. Et apres
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estre cheut, derechef ledit suppliant luy donna
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ung autre coup de plat de son espee. Et apres ledit
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suppliant en soy retirant rencontra en sa voye
[47]
audit lieu ledit Bonnabes Estourbillon, pere dudit
[48]
Patry, auquel pareillement il donna quelque
[49]
coup de plat sur le corps sans touteffoiz le
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bleczer a effusion de sang, ce que ledit suppliant
[51]
fist de craincte que ledit Bonnabes l'arrestast
[52]
et fist detenir. A l'occasion desquelz coups et exces,
[53]
celluy jour ledit Patry alla de vie a deceix.
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Et de ce, fut procedé a enqueste par notre
[55]
court de Rennes et prinse de corps decrectee
[56]
sur ledit suppliant et ordonné ses biens estre annotez. Et
[57]
craignant rigueur de justice, ledit suppliant qui auparavant
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s'estoit tousiours honnestement gouverné sans avoir
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esté et reprins d'aulcun villain cas digne de correction,
[60]
se seroit rendu fugitif. Et faisant notredit filz
[61]
son entree en notre ville de Rennes, se seroit
[62]
ledit suppliant liberallement rendu es prinson dudit lieu
[63]
desquelles il avoit esté mys hors et temps
[64]
luy baillé pour de nous obtenir lettres de grace et
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remission dudit cas. Et a ceste cause, nous a
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tres humblement supplyé et requis icelles luy octroyer
[67]
et impartir. Pour quoy nous, etc.

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