Mandement de rémission pour Francois Desboys

Registre B33 Lettre n° 34

20/06/1531

<114 recto>
Mandement dirigé au seneschal de Ploermel
touchant la verificacion des lettres de grace
de Francois Desboys, supliant, obtenues par lettres
de la royne en Saint Denis en France, ou
moys de mars l'an mil vcxxx, dont la
teneur ensuilt.
[1]
Eleonor, par la grace de dieu, royne de France, a
[2]
tous presens et a venir, salut. Comme suyvant les droitz, privilleges
[3]
et arretez a nous octroyez par mon Sr le roy, pere
[4]
legitime, administrateur des biens de notre tres cher et tres amé filz, le
[5]
daulphin, duc et Sr proprietaire des pays et duché de Bretaigne,
[6]
et ce que en cas parreil noz predicesseresses roynes
[7]
ont acoustumé fere en ce royaulme de France, nous loise
[8]
et appartienne entre autres choses a noz joyeuses et
[9]
nouvelles entrees que faisons en chacune des villes, cittez,
[10]
places, bourgs, forteresse et aultres lieux de cedit royaulme
[11]
ou il y a droit de justice et juridiction de livrer et fere mectre
[12]
hors des prisons tous et chacuns des prisonniers qui y sont lors
[13]
trouvez detenuz tant es prisons de court layc que
[14]
ecclesiasticque et pour quelques cas qu'ilz ayent commis
[15]
et perpetrez. Et soit ainsi que a notre joyeuse et
[16]
nouvelle entree que avons fecte en la ville de Sainct
[17]
Denys en France, ayt esté trouvé detenu prisonnier es prisons
[18]
de ladite ville Francois Desboys, soubzgarde des boys
[19]
et garennes de la seigneurie de Pengriffet oudit pays et
[20]
duché de Bretaigne soulz la charge de notre tres cher
[21]
et amé cousin le Sr de Chateaubriend, chargé de femme et
[22]
ensfens pour le cas cy-apres decleré. Ces assavoir que
[23]
ou moys de decembre dernier passé a ung jour dont n'est
[24]
recors, estant en sa maison ou bourg Le Pengriffet,
[25]
ung sien mectayer qui luy amenoit deux beuffs en
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poyement de certaine somme d'argent que luy devoit
[27]
iceluy mectayer courut a haste audit bourg de
[28]
Pengriffet et dist audit suppliant ces parrolles :« Mon
[29]
maistre, ung nommé Guillaume Drian, a faict arrester
[30]
mes beuffs que je vous amenoys pour poyement
[31]
de ce que je vous doiz pour votre froment. Je ne scay <114 verso>
[32]
pourquoy iceluy Drean fait cela. »
Lequel suppliant
[33]
monta incontinent sur son cheval et alla hastement
[34]
au lieu de Sainct Fiacre veoir que c'estoit et ou
[35]
estoint lesdits beuffs arrestez, et arrivé ledit suppliant
[36]
audit Sainct Fiacre en la maison d'un nommé Jehan Gavit ou
[37]
estoint lesdits beuffs arrestez, trouva illecques ledit Dray
[38]
auquel ledit suppliant esmeu en jurant le nom de dieu
[39]
dist telles parrolles ou semblables : « Borgne ! Pourquoy
[40]
as-tu faict arrester mes beuffs ? Je te tirreroy l'autre
[41]
oueil ! »
Durant ledit propos et comme ledit suppliant et
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Dreay se departoint de question, trouva illeq ung nommé
[43]
dom Guillaume Lefevre qui dist audit Drean :« S'ilz te font riens
[44]
savoir, prans ta relation ! »
Lequel suppliant irrité et
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couroucé, dist audit Lefevre ces parrolles : « De quoy te
[46]
mesle-tu, sanc escouille* ! »
Auquel suppliant ledit Lefevre dist
[47]
pluseurs injures, luy disant qu'il n'avoit point esté
[48]
enheude* et enferré pour tout ce. Lors ledit suppliant
[49]
qui est gentilhomme soy sentant injurié desdites parrolles
[50]
desmentit iceluy Lefevre et de chaulde colle
[51]
desgaigna son espee qu'il avoit a son costé de laquelle
[52]
il bailla ung coup en la cuisse diceluy Lefevre. Au moyen
[53]
duquel coup, le jour mesme, par faulte de bon apareil,
[54]
gouvernement ou autrement, ledit Lefevre alla de vie a trespas.
[55]
A l'occasion duquel cas, ainsi avenu que dist est, ledit
[56]
suppliant doubtant rigueur de justice, se seroint absenté du
[57]
pays ouquel n'y ailleurs en ce royaulme il n'oseroit
[58]
bonnement frequenter ne demourer, si par nous ne luy
[59]
estoit sur ce pourveu en nous humblement requerant
[60]
actendu ce que dit est, et que en tous aultres cas
[61]
il s'est bien conduict et gouverné sans jamais avoir
[62]
esté reprins, actaint, ne convaincu d'aucun autre villain
[63]
cas, blasme ou reproche, nous luy veillons sur ce impartir
[64]
noz grace et misericorde. Et pourquoy.

Mandart