Registre B34 Lettre n° 75

04/12/1532

<237 verso>
Remission pour Jehan Godet de La Villecte,
en la paroisse de Saint Mallon, la verificacion aux
juges de Ploermel, etc.
[1]
Francois, etc, a tous presens et a venir, Savoir faisons,
[2]
nous avoir receu l'humble supplicacion et requeste
[3]
de notre pouvre subgect Jehan Godet d'Avillecte <238 recto>
[4]
en la parroisse de Saint Malon, Contenant que
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ou moys de may l'an mil cinq cens trante ung,
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a ung jour de feste, apres que ledit suppliant eut
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ouy messe en l'eglise parriochial oudit Saint Mallon,
[8]
se retira en la maison de Clemens Notin tenant
[9]
vin en vente oudit bourg en laquelle estoint
[10]
Clemens Bonestard, Collas Guyomaz et Geffroy
[11]
Roger, lesquels Guyomaz et Roger avoint different
[12]
ensemble. Et pour les appoincter* de leurdit
[13]
different, choaisirent ledit suppliant pour leur
[14]
arbitre qui les accorda et appoincta ; et en faisant
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celluy appoincte, beurent fort ensemble en maniere
[16]
que ledit suppliant se emboyta et print fort de vin. En
[17]
laquelle maison dudit Notin, estoient pareillement
[18]
plusieurs personnes a boire et entre aultres, deffunct Pierres
[19]
Suget qui estoit aussi fort prins de vin lequel
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avoit auparavant conceu hayne et inimytié
[21]
allencontre dudit suppliant a raison que ledit suppliant
[22]
estoit fermier de la terre et Srie de La Villehoneix
[23]
qu'est en ladite parroisse de Saint Mallon en la juridicion
[24]
de laquelle ledit Suget avoit contracté et faict
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acquest d'aulcuns heritaiges dont ledit suppliant l'avoit
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contrainct a poyer les ventes. De quoy celluy
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Suget qui estoit mareschal, home debatif,
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querelleux, yvrougne et mal vivant, donna
[29]
audit suppliant plusieurs grosses menaces de le tuer
[30]
disant qu'il ne mourroit que de ses deux
[31]
mains. Et par plusieurs autres jours tant avant
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que apres boire, ledit Suget s'estoit en absence
[33]
dudit suppliant vanté qu'il le rencontreroit et
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le tueroit. Et en continuant celluy Suget
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son mal voulloir taschant le mectre
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a execution comme est vroy semblable <238 verso>
[37]
se departit de ladite taverne environ une heure
[38]
auparavant que ledit suppliant s'en yssist* hors
[39]
dicelle esperant soy en aller, lequel comme
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environ une ou deux heures de l'apres midy
[41]
dudit jour se sentant estre emboyté et prins de vin
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voullant se retirer en sa maison et print
[43]
chemyn pour y aller ; et chemyn faisant trouva
[44]
ledit Suget qui comme est a presumer gardoit
[45]
ledit suppliant faisant sondit chemyn entre ledit bourge
[46]
et le boys de Saint Jehan, nomé La Chermeraye,
[47]
lequel Suget qui estoit grant home
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et de grande corpolance plus que ledit supliant
[49]
perseverant en son mal voulloir, print
[50]
ledit suppliant aux cheveux, l'etraigna et abatit
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a terre soulz luy par plusieurs foiz, le foullant
[52]
avecques les genoux, luy esgratigna la face
[53]
en maniere que il le blecza en sadite face
[54]
a effusion de sang, luy disant qu'il avoit
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au corps ce que jamais il y auroit,
[56]
et trayna ledit suppliant jucques audit boys
[57]
de La Chermeraye disant qu'il tueroit ledit
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suppliant. Quoy voyant ledit suppliant qui
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estoit le plus foible, estre ainsi oppressé
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et baptu, craignantz a raison qu'ilz estoint
[61]
seulz que ledit Suget l'eust occys, tira
[62]
ung petit cousteau qu'il avoit et dont il
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se servoit a trancher son pain, et en frappa
[64]
ung coup environ la gorge dudit Suget.
[65]
A occasion duquel alla ledit Suget de vie
[66]
a trespas, ainsi que fut dit par apres audit
[67]
suppliant et qu'il a esté depuix de ce chose noté.
[68]
Au moien duquel deces auroit esté procedé <239 recto>
[69]
a enquestes et informacion par la court de Saint
[70]
Mallon, et sur ledit cas par icelle court
[71]
fut ledit suppliant aiourné ou il deffaillit
[72]
par quelques foyz sur ledit cas et prinse sur luy
[73]
commandee. Aussi nous remonstre ledit suppliant
[74]
que auparavant ledit cas ainsi advenu, il s'est
[75]
tousjours bien traicté en autres ses afferes
[76]
sans avoir esté actainct par justice d'autres mauveis
[77]
cas, et pour ledit meffaict s'estre liberallement
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trouvé et constitué prinsonnier en noz prinsons
[79]
de Rennes a la joyeuse et nouvelle entree
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de notredit filz le dauphin fecte en ceste notre
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ville de Rennes, et dicelles mys hors et temps
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luy baillé pour de nous obtenir lettres de
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grace et remission sur ce convenables.
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Tres humblement nous requerant icelles
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luy conceder et octroyer, pour quoy nous
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lesdites choses considerees.

Pelerin