Registre B34 Lettre n° 52

28/08/1532

<175 verso>
Remission pour Jehan Lebrun, habitant
de Vennes, la verifficacion aux juges de Vennes.
[1]
Francois, etc, a tous presens et advenir, nous avoir receu
[2]
l'humble supplicacion et requeste des parens
[3]
et amys de notre subgect Jehan Lebrun, habitant
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de Vennes, Contenant que ung jour de vendredi
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depuix ung an encza autrement du temps ne
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luy recorde, vint et arriva en ladite ville
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a Vennes, ung jeune garson lacquays appellé
[8]
Charles Mahé et s'adressa audit suppliant
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estant en la maison sa mere ou logieix
[10]
ou pend pour ensegne le lion d'or,
[11]
auquel lacquays ledit Lebrun vendit
[12]
une espee le pris d'un escu. Et pour ce
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que icelluy Lebrun veid et aperceut que icelluy
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lacquays avoit sur luy plusieurs pieczes
[15]
d'or et se doubta qu'il les avoit desrobees
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a quelque ung, au moien de quoy
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incontinant ledit Lebrun soy transporta
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par devers ung nomé Jehan Deslandes, sergent
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dudit Vennes, et luy racompta par telles
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ou semblables parolles : « Il y a en ceste ville
[21]
ung jeune lacquays auquel j'ay vendu
[22]
une espee qui a sur luy plusieurs et grant numbre
[23]
de pieces d'or. Il seroit bon de le prandre
[24]
et de l'en desaisir, car je me doubte qu'il
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les a desrobees. »
Laquelle chose entendue
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par ledit Deslandes promptement avecq ledit
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Lebrun en la maison de ung nomé Jehan
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Morel aussi sergent dudit Vennes en
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laquelle ilz penczoint trouver ledit lacquays,
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et illecques arrivez, demanderent a la femme <176 recto>
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dudit Morel s'il y avoit point leans* ung jeune
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lacquays. A quoy leur fut respondu par ladite
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femme qu'il y avoit esté mais s'en estoit sorty
[34]
et ne scavoit la parrt qui avoit tyré.
[35]
Quoy voyant lesdits Lebrun et Deslandes
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s'en allerent sercher ledit lacquays au lieu
[37]
appellé A la petite ripviere, les ladite ville
[38]
de Vennes ouquel lieu ne le trouverent
[39]
et s'en retournerent a la maison dudit Morel. Et
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bientost apres y arriva ledit lacquays et
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monterent avecq luy en une chambre haulte
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dicelle maison en laquelle se trouverent incontinent
[43]
ledit Morel, Anthoine Bergeron
[44]
et Jacques Chevalier aussi sergents dudit Vennes
[45]
qui demanderent audit lacquays ou il avoit eu les
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pieczes d'or qu'il avoit sur luy. Lequel respondit
[47]
qu'il les avoit prinses et desrobees a ung sien
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maistre sans le voulloir nommer qu'il avoit longtemps
[49]
servy et ne le avoit satiffere ne poyer de ses sallaires .
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Apres lesquelles parrolles, ledit Lebrun avecq
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les dessur nomez commancerent mesmes ledit Des
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Landes a sercher sur ledit lacquays et trouverent
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en sa possession le numbre de quarante pieczes
[54]
d'or, savoir est trante huit escucz tant solleil
[55]
que a la couronne et ung angelot et demy angelot,
[56]
lesquelles pieczes d'or ledit Deslandes osta audit
[57]
lacquays et les garda jucques au soir dudit
[58]
jour que ledit Lebrun, Bergeron, Morel
[59]
et Chevalier vindrent en la maison dudit
[60]
Morel soupper. Et apres avoir souppé tous
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ensemble, ilz partirent* lesdites pieczes d'or fors
[62]
ung escu et troys testous qu'ilz lesserent et rendirent audit
[63]
lacquays pour s'en aller et en eut et print ledit <176 verso>
[64]
Lebrun sept escuz pour sa part et les autres
[65]
aultant, avecq intencion touteffoiz que s'il
[66]
s'en faisoit poursuilte et venoit celluy a qui
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ledit lacquays les avoit desrobez de rendre
[68]
ce qu'il en avoit eu. Et peu de temps
[69]
apres, vindrent audit Vennes aulcuns se
[70]
avouans serviteur de maistre Geffroy Henry, alloué
[71]
de Guingamp, faisans poursuilte de recouvrer
[72]
ce que ledit lacquays avoit desrobé audit
[73]
alloué son maistre. Auquel alloué ou a sesdits
[74]
gens, incontinant ledit Lebrun adverty de leur
[75]
poursuilte fist rendre et restituer ladite some
[76]
de sept escuz avecq certains froiz, interestz
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et despens qu'il disoit avoir faictz a poursuilte
[78]
en recouvrement desdites pieczes d'or. Et en
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a appoincté et accordé avecq ledit alloué,
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lequel a quicté ledit Lebrun de tout ce que
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dessur en tant que ce luy touchoit. Si
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nous ont requis lesdits supplians
[83]
qu'il nous plaise de notre begnigne grace
[84]
impartir et accorder dudit cas, remission et pardon audit
[85]
Lebrun actandu qu'il a rendu ce qu'il en eut
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et que la partie l'en a quicté. Aussi qu'il
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est jeune home de bonne vie et honneste
[88]
conversacion sans jamais avoir esté
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reprins, actainct ne convaincu d'aulcun
[90]
autre villain cas, blasme ou reproche
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ne faict chose digne de reprehension.
[92]
Et sur ce luy pourveoir de notre grace, remission
[93]
et pardon, tres humblement le nous requerant.
[94]
Pour quoy nous, lesdites choses considerees, etc.