Registre B34 Lettre n° 47

10/08/1532

<164 verso>
Remission pour Alexandre Aubree, la verificacion
au seneschal de Vennes.
[1]
Francois, etc, savoir faisons a tous presens et advenir,
[2]
nous avoir receu l'humble suplicacion et requeste
[3]
des gens et amys consanguyns de Alexandre Aubree
[4]
de la paroisse d'Aulneville en Normandie, pouvre jeune
[5]
home, boullangier, de le age de xxv ans ou envyron,
[6]
serviteur du maistre boulanger de la maison de notredit
[7]
filz le dauphin, Contenant que le samady tiers jour de ce
[8]
present moys, ainsi come ledit Aubree estoit allé a noz
[9]
moulins de ceste ville de Vennes, appelles Les Moulins
[10]
au Duc, et y faict porter du forment pour moudre
[11]
pour fere pain a servir a la maison notredit filz, trouva
[12]
illecques ung jeune garson qu'il ne congnoissoit <165 recto>
[13]
qu'il a depuys ouyr nommer Allain Legruyer auquel
[14]
ledit Aubree dist par telles ou semblables parolles : « Vien ca !
[15]
Vien creublé* ou nettyé* mon blé ! »
Auquel ledit
[16]
Allain respondit : « Donnez-moy de l'argent ou donnez-
[17]
moy quelque chose ! »
Sur quoy ledit Aubree qui avoit
[18]
haste de fere mouldre sadite farine, despit que ledit Allain
[19]
ne faisoit conpte de ce qu'il luy disoit, donna
[20]
audit Allain ung coup de poingn clos sus la teste,
[21]
deux ou troys autres coups sur le cousté gauche
[22]
et ung autre sus l'estoumac ; a raison desquelz
[23]
ledit Allain alla de vie a deceix celluy mesmes jour
[24]
envyron huit heures du soir. Si nous ont outre
[25]
remonstré lesdits supplians que entre ledit Aubree et
[26]
ledit Allain Legruyer n'y avoit oncques eu querelle,
[27]
debat ny differant et n'avoynt eu congnoissance
[28]
l'un de l'autre et que ledit Aubree est jeune homme
[29]
bien vivant et savant en sondit mestier sans jamais
[30]
avoir esté actaint ne convaincu d'aucun mauvaix cas
[31]
fors de celluy de present luy advenu par malle fortune
[32]
sans avoir eu esperance que estimé que a cause desdits
[33]
coups ledit Legruyer fut decebdé. Nous supliant
[34]
lesdits exposans qu'il nous plaise dudit cas luy impartir
[35]
noz lettres de grace, remission et pardon, tres humblement,
[36]
le nous requerant. Pour quoy nous, etc.

Mandart