Registre B34 Lettre n° 41

06/07/1532

<142 recto>
Remission pour Leonnard Traverson, paticier, la verificacion
au seneschal de Nantes.
[1]
Francois, etc, savoir faisons, a tous presens et advenir, nous
[2]
avoir receu l'humble supplicacion et requeste des parens
[3]
et amys consanguins de notre pouvre subgect Leonnard
[4]
Traverson, paticier, demourant en notre ville de Nantes,
[5]
Contenant come [?anteresme?] en l'an que on disoit mil vc xxiiii
[6]
a ung jour de vendredy ainsi que semble ausdits suplians,
[7]
Mathurin Corbeau, paticier, Jehan Damours, Jullien Guillard,
[8]
aussi paticier, et ledit Traverson se trouverent assemblement
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pour boyre en la maison ou demouroit lors Anthoine
[10]
Houssaye, tavernier, situee en ladite ville de Nantes en la
[11]
paroisse de Saint Leonard. Et apres beu et faict grand
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chere sans avoir eu aucun debat l'un avec l'autre <142 verso>
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envyron les neuf heures du soir, sortirent hors ladite maison
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dudit Houssaye et prindrent lesdits Corbeau, Damours et
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Traverson leur chemyn pour s'en aller vers l'eglise dudit
[16]
Saint Leonnard. Et bientost apres adce que ledit Corbeau
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aperceut une dague audit Damours qu'il avoyt a son
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cousté, celluy Corbeau dist audit Damours qu'il avoyt
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prins ladite dague en la maison du beau pere dudit Corbeau ;
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a quoy ledit Damours luy dist qu'il avoyt menty et
[21]
sur ce, ledit Corbeau luy osta ladite dague et luy bailla
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de la main sur la joue luy disant qu'il scavoyt bien
[23]
qu'il l'avoyt prinse ches sondit beau pere et que c'estoit
[24]
mal faict a luy de la y avoir prinse et que sondit beau pere
[25]
avoyt accusé le frere dudit Corbeau nommé Pierre
[26]
de l'avoir prinse. Et sur ce ledit Damours s'en alla
[27]
courant ches Francoyse Cyvant, sa mere, et
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incontinant qu'il y fut antré, se print sadite mere
[29]
a cryer a haulte voix menant grand bruict
[30]
disante : « Que veulx-tu fere, mauvaix paillard ? Que veulx-
[31]
tu fere ? »
Et lors ledit Traverson ayant ung verdun* a son
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costé, dist par telles parolles : « Mauveix garson ! veulx-u
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baptre ta mere ? Tu tue ta mere, tu bas ta mere,
[34]
ce n'est pas bien faict ! »
Et sur ce ledit Traverson ayant
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desir de secourir la mere dudit Damours, ouvrit
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l'huys de la maison ou elle estoit ayant ung verdun
[37]
nud en sa main demandant : « Qui est cela ? Veulx-tu
[38]
tuer ta mere, Jehan ? »
Et en y entrant, mist au-devant
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de luy la poincte de sondit verdun et aperceut la mere
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dudit Damours toute eschevelee et ledit Damours qui
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avoyt une broche en ses mains s'efforczant courir
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sur ledit Traverson. Et sur ce que ledit Damours s'aprocha
[43]
dudit huis o ladite broche, ledit Traverson craignant
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que ledit Damours le voullut outrager dicelle broche,
[45]
luy rua ung coup d'estoc soubz la mamelle
[46]
ou bien ledit Damours s'avancza sur la poincte
[47]
dudit Verdun que ledit Traverson tenoit devant luy
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en entrant en ladite maison sans toutesfoiz que
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que[sic] ledit Traverson eust voulloir ne intencion de
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l'outraiger ains de malle fortune blecza ledit
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Damours ainsi mesmes que celluy Damours et
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sadite mere l'ont dit et decleré par plusieurs foiz
[53]
et ne voulloit ledit Damours que sa mere ne
[54]
autres en eussent faict porsuitre contre ledit <143 recto>
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Traverson. Si nous remonstre lesdits suplians
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que a cause dudit coup, ledit Damours ainsi que
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l'on dit decebda dix jours apres. Et a raison
[58]
de ce que dessus noz officiers de Nantes detiennent
[59]
ledit Traverson prisonnier et doubtent que l'on
[60]
veille vers luy proceder a rigueur de justice,
[61]
si par nous ne luy sabvenu et ayde. Nous
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suplians ce consideré et que ledit Traverson est
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de bonne vie et conversacion sans avoir jamais
[64]
commis autre cas digne de reprehension fors
[65]
celluy de present qu'il nous plaise luy
[66]
remectre, quicter et pardonner ledit cas
[67]
avec toutes pugnicions, taux et amandes
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et luy en impartir noz lettres
[71]
de grace, de remission, tré humblement les
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nous requerans. Pour quoy nous, etc.

Darande