13/12/1531
<221 verso>
Remission pour Georges de Vaucouleur, adressee
devant le
seneschal de Lamballe.
<222 recto>
[1] Francois,
etc, a tous
presens et a venir,
savoir faisons, nous
avoir receu l'humble
supplicacion
[2] et requeste des parens et amys consanguins de Georges Vaucouleur,
Contenant que [??]
[3] Saint Simon de Judé, ving
huitiesme d'octobre mil vcxxx qu'estoit jour de foire en
notre
[4] ville de Lemballe,
ledit Vaucouleur soy trouva
audit Lemballe
pour achapter
[5] entre autres choses du beure et en achapta ung pot quel il bailla
pour le
[6] luy porter ung
nommé André Labbé, l'un de ses voysins. Et
partit ledit Vaucouleur
[7] a s'en aller a sa maison
distant dudit Lemballe d'envyron une lieue et chemynant envyron
[8] nuyct fermee
par la rue de Moepigne avec ung
nommé Jehan Bourel, ou haut
[9] de
ladite rue arryverent ung
nommé Nicolas Le Breton, lors moulnier du
Sr de La Glamet,
[10] frere aisné
dudit Vaucouleur, et
Francois Symon, voysins diceluy
Vaucouleur, lesquelz
[11] ledit de Vaucouleur pria de l'atendre et ilz estans a une croix
estant ou failt
[12] de
ladite rue,
nommee la Croix dom Augustin Le Corgne, soy arresta
ledit de
Vaucouleur
[13] pour attendre
ledit Labbé qui portoit
sondit beure. Auquel lieu arriverent lors
[14] deux hommes et cuidant
ledit de Vaucouleur que l'un diceulx fust
ledit André
[15] Labbé, celuy de Vaucouleur demanda si s'estoit
ledit Labbé ; lors l'un
desdits hommes
[16] incongneuz a celuy de Vaucouleur a raison de l'obscurité de la nuyct ayant ung
[17] baston de deffense, appellé baston a deux boutz, dist
par parolles arrogantes :
« Estes-
[18] vous gardeurs de chemyns ? » levant son baston duquel il frappa, l'un de l'aypargnye
[19] dudit Vaucouleur, et aprochant
ledit incongneu dudit Vaucouleur dist
par telles parolles :
[20] « Regardez que je vous eusse faict si ne vous eusse congneu ! Vous estiez mort. »
[21] A quoy
ledit de Vaucouleur dist, mectant la main sur son espee :
« Nous ne suymes
[22] point gardeurs de chemyns ! » et qu'il se desfenderoit. Et
ledit homme incongneu ayant
[23] ledit baston a deux boutz, dist jurant dieu
par telles ou semblables
parolles :
[24] « Ha ! la chair dieu ! avez-vous mys la main sur l'espee ? » Et eurent lors
parolles
[25] de rigueur celuy incongneu o
ledit baston a deux boutz et
ledit de Vaucouleur
[26] ayant celuy de Vaucouleur son espee nue, et s'entreruerent
plusieurs coups
[27] dont
ledit homme qui avoit
ledit baston a deux boutz tomba a
terre et luy estant
[28] ainsi tombé, luy donna
ledit de Vaucouleur ung coup ou deux de plat d'espee
[29] sur les espaules et sur le dos. Et durant qu'ilz s'entreruoynt
lesdits coups,
[30] lesdit Symon et Le Breton s'en allerent et en s'en allant dist l'un diceulx :
« Clangueret !
[31] Clangueret ! ». Et
audit conflit, cheut
audit de Vaucouleur son chapeau lequel
[32] print et leva l'autre
homme estant avec luy qui avoit le baston a deux
[33] boutz lequel print
ledit de Vaucouleur
par derriere disant vouloir les garder
[34] d'
avoir disferant, duquel
homme ledit de Vaucouleur se
[?escoint?] et pour ce
[35] que ledit homme s'en alloit avec
sondit chapeau, iceluy de Vaucouleur courut apres
[36] pour
avoir sondit chapeau et luy donna ung coup de plat d'espee duquel il coupa
[37] partie de son sayon et lors laissa
ledithomme le chapeau
dudit Vaucouleur. Et apres
[38] ce et en l'instant iceluy
homme o
ledit baston a deux boutz, se levoit, dist
audit Vaucouleur :
[39] « Vous m'avez fait ung meschant tour, je ne le vous eusse pas faict ! » Et croyant
[40] lors
ledit Vancouleur
que c'estoit Mathurin Le Blanc,
Sr de Clangueret auquel
[41] il dist
que ce avoit esté en soy deffendant. Et s'en alla
ledit Vaucouleur apres
[42] lesdits Symon et Le Breton ausquelz il dist :
« Clangueret ne me doit point appeler
[43] gardeurs de chemyns ! » ne penczant touteffoiz celuy
Vaucouleur l'avoir bleczé
[44] et s'en alla celuy Vaucouleur a La Roche Richard en la maison d'un sien
[45] parent et fut celle nuyt au charivary pour prandre des ouayseaulx.
[46] Et le matin, il estant encore couché au lict,
ledit Symon alla a luy
[47] et luy dist
que ledit Clangueret estoit mort ; d'
occasion de quoy, iceluy de
Vaucouleur
[48] envoya
querir son cheval et sa selle et se rendit fugitiff et fut trouvé que
[49] audit conflict et debat
ledit Le Blanc avoit eu ung coup de taille sur la teste
[50] et des coups de plat d'espee lors le dos et espaules et
que a raison
dudit coup de taille,
<222 verso>
[51] il estoit decebdé dedans deux ou troys jours apres. D'
occasion de quoy les officiers de
[52] notredite court de Lemballe ont voulu
proceder vers ledit de Vaucouleur a forban et luy
proceder
[53] a saesie de ses biens. Si nous ont
lesdits supliants remonstré
que ledit de Vaucouleur ne
congnoissoit
[54] lors
dudit conflict
ledit Le Blanc et ne savoit ou tomboint les coups qu'il
ruoint par la cause
[55] de l'obscurité de la nuyct et
que jamais n'avoit eu question ne debat o
ledit Le Blanc,
[56] ne estre
reprochéd'aucun autre cas digne de
reprehencion. Nous supliant
[57] qu'il nous plaise a tout ce
que desus
avoir regard et
dudit cas
impartir et octroyer
[58] audit de Vaucouleur nos
lettres de grace, remission et
pardon, tres humblement, le
[59] nous requerant. Pourquoy nous,
etc.
Lescouet