Rémission pour Pierre Toulgret

Registre B33 Lettre n° 27

27/05/1531

<81 verso>
Remission pour Pierre Toulgret
de la parroisse de Guyscrif en l'evesché
de Cornouaille,
dont la teneur ensuilt.
[1]
Francoys, etc, a tous presens et a venir, savoir faisons,
[2]
nous avoir receu l'humble supplicacion et requeste
[3]
de notre pouvre subgect Pierre Toulgret de la paroisse
[4]
de Guyscriff en l'evesché de Cornouaille, Contenant que
[5]
de longtemps, proces s'est sussité par davant nous
[6]
en noz chancellerie et conseil de ce pays entre notre bien
[7]
amé Maitre Thomas du Rusquec, recteur de ladite parroisse
[8]
de Guyscriff, faict en son privé nom que, ayant prins
[9]
le proces pour dom Jacop Henry, prebtre de sa part, et
[10]
les parroissiens contributiffs a fouaige dicelle parroisse <82 recto>
[11]
et des treffivens de Lanvenegean, Jehan Quere et Guillaume
[12]
Blenegloan, particuliers parroissiens de ladite parroisse
[13]
d'autre, et par diverses instances, lequel Toulgret,
[14]
suppliant, eust la charge de la sollicitacion, conduicte et
[15]
fere la mise dudit proces pour iceulx dits parroissiens
[16]
treffivens, Blenegloan et Quere particuliers surdits, vers
[17]
et contre ledit recteur et oudict nom, et en la discuction
[18]
diceluy proces, sur ce que celuy recteur oudit nom
[19]
voulloit proceder a juree et enqueste de tesmoigns
[20]
contre lesdits parroissiens, treffivens et particuliers
[21]
surnommez, en cleins* et constestacions de ses aveulz
[22]
croyez vers eulx par notre amé et feal conseiller
[23]
Maitre Gilles Le Rouge, chevalier, president de cedit pays
[24]
et maitre des requetes desdites chancellerie et conseil qui
[25]
avoit esté entre autres commis. A ladite fin iceulx parroissiens
[26]
treffivens et particuliers baillerent plegement de
[27]
suspeczon audit recteur oudit nom et audit president
[28]
de non ce fere et en ladite instance de plegement
[29]
raisonnerent ceulx parroissiens, treffivens et
[30]
particuliers certaines causes de suspeczon sur ledit president.
[31]
Pour trouver lesquelles furent appoinctez, aprouves
[32]
et cleins esqueulx en la discution dudit proces,
[33]
a esté tellement esplicté que ceulx parroissiens,
[34]
treffivens et particuliers soy arresterent et
[35]
publierent en leurs cleins de suspeczon et
[36]
disdrent qu'ilz trouvoint et prouvoint de leursdites causes
[37]
de suspeczon sur iceluy president a la fin par eulx
[38]
concludte par leurs proces quelle gaigne fut contrarier
[39]
par ledit recteur et oudit nom et sur ce y eut entreulx
[40]
jugemens figurez quelz dempuix furent faictes contre
[41]
lesdits parroissiens, treffivens et particuliers, resquette
[42]
sentence, ilz ou procureur pour eulx se porterent pour
[43]
appellans en notre court de parlement de cedit pays
[44]
queulx appeaulx ilz relevent et firent intimer
[45]
audit recteur oudit nom et diceulx appeaulx et
[46]
ajournement a proceder en iceulx icelle parrties
[47]
furent confessantes a l'audiance et cession de notre
[48]
court de parlement dernierement tenue a Vennes
[49]
et y furent appoinctes [?a estripre?] et produire devers <82 verso>
[50]
ladite court asfin de la decision desdits appeaulx,
[51]
ce qu'ilz feirent de chacune parrt. Est-il que
[52]
en l'inventoire raisonné et production des produictz
[53]
desdits parroissiens, treffivens et particuliers, ilz
[54]
produisirent devers ladite court a ladite fin soulz
[55]
le signe de leur procureur et en voyant sur
[56]
le faict desdits appeaulx, se trouva estre produicte
[57]
au desceu dudit recteur certaine lettre missive
[58]
datee, certisfiee et signee qui aparroissoit selon
[59]
sa superscription estre adreces dudit recteur audit
[60]
president quelle lettre chargeroit grandement
[61]
l'honneur et estat tant diceluy president que
[62]
dudit recteur, quelle lettre celuy Toulgret ayant
[63]
comme dit est la conduicte et charge de fere la mise
[64]
de ladite matiere pour tant qu'il estoit dementarectere*
[65]
par les enquestes et prouves desdits parroissiens
[66]
treffivens et particuliers qu'ilz ne trouvoint, ne
[67]
prouvoint de leursdites allegances, envoya lesdits
[68]
lettres missives et aultres droictz a leurdit procureur
[69]
pour et affin qu'il les eust produictes devers
[70]
ladite court de parlement a ce que par les gens
[71]
dicelle y eust esté telle foy ajouster qu'ilz eussent
[72]
veu de raison aparrtenir, et a telle fin que par
[73]
ladite court eust esté rendu par arrest qu'ilz eussent
[74]
trouvé et informé de leursdites causes de suspeczon.
[75]
Combien que jamais en la discretion dudit proces et
[76]
jucques a ladite court de Parlement celledites lettres
[77]
missives n'eussent esté apparues ne monstrees en
[78]
la cause d'entreulx par avant ladite sentence de
[79]
nosdites chancellerie et conseil et voyant lesdits president
[80]
et recteur lesqueulx en aucune maniere n'eussent
[81]
voullu fere chose contre droit et justice ne chargerent
[82]
leur honneur et consience ayans vroye et [?secre?]
[83]
congnoissance lesdites lettres missives estre faulces, fabriques
[84]
et contrevenantes autre droit et raison. Et sans ce que
[85]
ilz eussent jamais pancé ou contenu en icelles lettres
[86]
datees par iceulx parroissiens, treffivens et particuliers
[87]
estant lors ladite court de parlement pour voirs sur
[88]
le faict desdits appeaulx et sur la complainte
[89]
et doleance que faisoint lesdits president et recteur <83 recto>
[90]
et voyans [??] eust esté leurdit honneur et
[91]
estat, estre chargé parr icelles lettres ainsi rapportees
[92]
audit inventoire comme dit est, signees de leurdit procureur.
[93]
Lequel fust sur ce ouy sur l'interrogacion luy
[94]
faicte qui luy avoit baillé ladite lettre missive, dist
[95]
et declaira quel ce avoit esté ung messaigier
[96]
desdits parroissiens, treffivens et particuliers qu'il
[97]
ne congnoissoit, lequel messaigier luy dist
[98]
avoir dit que ce avoit esté ledit Toulgret, suppliant,
[99]
leur procureur et solliciteur qui luy avoit baillé
[100]
charge de porter ladite lettre et aultres droitz a
[101]
leurdit procureur et ce actendu par ladite court
[102]
de parlement, furent par leur ordonnance lesdits
[103]
Toulgret et recteur ajournez a comparroir en
[104]
personnes en icelle court pour estre interrogez
[105]
sur le faict que dessus. Et en vertu dudit ajournement
[106]
y comparurent lesdits recteur et Toulgret, et en
[107]
la chambre secrete de ladite court de parlement ledit
[108]
recteur, premier interrogé touchant ladite
[109]
lettre, il dist apres l'avoir veue, ne l'avoir
[110]
jamais escripte audit president et que
[111]
l'escripture ne le signe apposez en icelle, n'estoint
[112]
son signe et escripture ; et apres ledit recteur
[113]
estre sorty et yssu, entra en ladite chambre ledit
[114]
suppliant quel parreillement fut interrogé touchant
[115]
le faict et recouvrement de ladite lettre missive et
[116]
qui icelle avoit escripte et qui l'avoit envoyee
[117]
a leursdits procureur, a laquelle interrogation il
[118]
dist et respondit que ou moys d'avril lors
[119]
derroin passé, y eut deux ans a certain jour
[120]
qu'il ne sceut lors aultrement declairer, il avoit
[121]
trouvé ladite lettre missive qu'il confessa avoir
[122]
envoyee audit procureur pour parvenir a l'intencion
[123]
desdits parroissiens, treffivens et particuliers a ce qu'il
[124]
l'eust produicte a ladite fin, en la ville de Rostrenan
[125]
ou il estoit allé pour sercher ung avocat nommé <83 verso>
[126]
Le Painpouloit pour consulter sa matiere et
[127]
que oudit lieu de Rostrenan, il avoit trouvé ledit
[128]
de Penpouloit qui y estoit pour certains afferes d'entre
[129]
la dame de Guemené et le Sr de Moulac, et
[130]
aussi y estoit ledit President. Et que pres
[131]
l'huys d'une estable d'une maison situee
[132]
en ladite ville de Rostrenan quel ne nomma, il
[133]
avoit trouvé une lettre qui estoit close et scellee
[134]
laquelle par la superscription dicelle s'adreczoit
[135]
audit President et icelle lettre ainsi par luy
[136]
trouvee, monstra celuy suppliant qui n'estoit et
[137]
n'est clerc, ne lectré et qui jamais ne
[138]
sceut que c'estoit escripture ne lettre, ains est
[139]
homme rural, vivant de l'industrie et labeur
[140]
de son corps, monstra a ungt nommé dom Henry
[141]
Keraudren, prebtre, demourant en la treffve de
[142]
ladite parroisse de Guyscriff quel lors estoit en
[143]
ladite ville de Rostrenan, lequel a la requeste
[144]
dudit suppliant oupvrist ladite lettre et icelle veyd
[145]
et leut de mot en aultre, et apres la rendit audit
[146]
suppliant et luy dist qu'elle estoit signee dudit
[147]
recteur et que s'estoit son chiffre et prya
[148]
ledit suppliant dicelle lettre garder pourtant que
[149]
ledit prebtre disoit qu'elle pouroit servir quelque
[150]
foiz ausdits parroissiens treffivens et particuliers.
[151]
Et que audit lieu de Rostrenan fut par ledit
[152]
de Penpouloit baillé audit suppliant les raisons de ladite
[153]
suspeczon sur ledit President et selon icelles
[154]
se delivra et eust ledit President a suspect,
[155]
et que dempuie il avoit faict proceder a ladite
[156]
enqueste de suspeczon par notre amé et feal
[157]
aussi conseiller et maitre de requestes, maitre Jacques
[158]
de Chasteautro, senneschal de Cornouaille, et que
[159]
lors que l'on besougnoit ausdites enquestes y assistoit
[160]
ledit Penpouloit sollicitant le faict desdits parroissiens,
[161]
treffivens et particuliers, et sur tant que
[162]
l'on luy avoit demandé avoir dit et decleré
[163]
qu'il ne savoit de quel esfect estoit ladite lettre <84 recto>
[164]
et qu'il avoit dit audit procureur desdits parroissiens
[165]
et aultres qu'il estoit ajourné a comparroir en personne,
[166]
que ledit procureur luy dist qu'il fust allé a ladite court de
[167]
Parlement et qu'il deist verité de ce que l'on luy demandroit,
[168]
il fust interrogé par quelz tesmoigns ledit suppliant eust
[169]
faict prouvé et informé que ladite lettre estoit signee dudit
[170]
recteur et que le signe y apposé estoit le signe dudit
[171]
recteur contre verité iceluy Toulgret suppliant suppliant[sic]
[172]
dist que luy baillant temps compectant* qu'il en feroit
[173]
prouvé par dom Louys David, dom Gounougon Talouaron,
[174]
Loys Kerguennoezal filz, Vincent-Mahé Kerguennoezal,
[175]
Jehan Kerguennoezal, Jehan Forlot et aultres qu'il
[176]
nomma et parreillement a l'interrogation luy faicte par
[177]
quel messaigier il avoit envoyé ladite lettre audit procureur
[178]
et s'il luy avoit escript quelque lettre ne ou elle
[179]
avoit esté escripte ne par qui ne combien d'argent
[180]
avoit esté baillé audit messaigier et duquel villaige
[181]
demeuroit celuy messaigier, ledit suppliant
[182]
respondit que ce fut par Jehan Dronallen de ladite
[183]
parroisse de Guyscriff de la treffve de Lanvenegean
[184]
pres Sainct Fiacre du Fauret sans aultrement declairez
[185]
le villaige ou il demouroit, et que celuy qui avoit
[186]
escript ladite lettre estoit ledit dom Jehan Keraudren et qu'elle
[187]
avoit esté escripte en la maison et demourance de Loys
[188]
Leguyader audit Sainct Fiacre du Faroet et que il
[189]
et ledit Guillaume Blenigloan, procureur desdits parroissiens,
[190]
treffivens et particuliers et aultres parties estoint
[191]
presens et que aulx Toulgret, suppliant, et Blenigloan
[192]
avoint baillé audit Dronnallen, messaigier surdit
[193]
pour peine et sallaire quinze grans blancs monnoye
[194]
pour aller porter ladite lettre a leurdit procureur a Vennes ou
[195]
pour lors tenoit ledit parlement pour estre
[196]
produicte en icelle matiere d'entre lesdites parties et
[197]
pour porter audit procureur cinquante ou soixante soulz
[198]
monnoye pour servir a fere la mise de ladite matiere.
[199]
Eulx troys estans lors ou chemyn la maison
[200]
dudit Dronnallen et luy baillerent quelques lettres
[201]
proces ou relations qui servoint en ladite matiere
[202]
pour porter a leursdites procedures et que neantmoins
[203]
celle interrogacion et tout ce que dessurs furent <84 verso>
[204]
lesdites appellacions par icelle court decidez
[205]
pour et au profilt dudit recteur et oudit nom et
[206]
contre lesdits parroissiens, treffivens et particuliers et
[207]
eulx en condemnez es despens de la cause sans amende.
[208]
Et fut ordonné par arrest de ladite court que
[209]
ladite lettre missive aparue et produicte par iceulx
[210]
parroissiens et aultres parties seroit porter parr
[211]
devers nous en notredit conseil pour y pourvoir
[212]
ainsi que seroit veu par raison auquel
[213]
conseil dempuis ledit recteur et oudit nom a faict
[214]
remonstrance du faict concernant ladite lettre et
[215]
arrest et demanda ladite lettre et produictz mys
[216]
et envoyez de l'auctorité de la court par devers notredit
[217]
conseil y estre veuz et au parssurs y ordonnez
[218]
suivant ledit arrest de notredite court de parlement
[219]
et appeller lesdits parroissiens, treffivens et particuliers
[220]
pour estre ouyez et interrogez sur le faict de ladite lettre
[221]
offrant passé de ladite enqueste se delivrer a la
[222]
raison allencontre desdits delinquans, en l'endroit
[223]
desquelles remonstrants comparut ledit suppliant qui congneut
[224]
avoir envoyé ladite lettre surmentionnee audit procureur
[225]
desdits parroissiens, treffivens et particuliers pour servir
[226]
a la vuydaige desdites appellations ou debat desdits
[227]
et dist et maintint ladite lettre estre veritable
[228]
et avoir esté soulzscripte de la main dudit recteur
[229]
et dicelle s'en estre voullu ayder a notredite court
[230]
de parlement et par iceluy recteur fut dict
[231]
icelle lettre n'avoir jamays esté soulzscript de sa
[232]
main et maintint icelle estre faulce, contrefaicte
[233]
et non veritable, et le signe et escripture dicelle
[234]
n'estre son signe ne escripture demandant celuy
[235]
recteur que ledit suppliant eust eté constitué
[236]
prisonnier jucques a avoir trouvé son dire et estre
[237]
avoué desdits parroissiens, treffivens et particuliers.
[238]
Et apres avoir esté lesdites parties ouys en leurs
[239]
raisons, fut ordonné que ledit recteur bailleroit par
[240]
devers le secretaire soulzsigné telz motiffz et
[241]
articles qu'il verroit l'avoir affaire et que sur <85 recto>
[242]
iceulx ledit suppliant seroit interrogé par l'un de nosdits
[243]
maitres de requestes, conseillers dudit conseil quel
[244]
a celle fin fut commis et passé de ce seroit ordonné entre
[245]
lesdites parties comme seroit veu de raison apartenir en constitution.
[246]
Cependant et fut constitué ledit suppliant en arrest en
[247]
ladite ville de Vennes suyvant quoy ledit suppliant
[248]
fut dempuix interrogé sur les motiffs et articles
[249]
baillez par ledit recteur et ledit Toulgret persista
[250]
a sa premiere interrogation fors et reserve qu'il
[251]
varia en ladite seconde interrogation tant qu'il dist
[252]
que le jour qu'il estoit allé a ladite ville de Rostrenan pour
[253]
devoir consulter ladite matiere ovecques ledit Penpouloit,
[254]
il ne l'avoit print trouvé mais que c'estoit ung
[255]
nepveu dudit Penpoulou qu'il trouva quel luy avoit
[256]
dit que celuy Painpoulou estoit en besongne pour
[257]
celuy jour avecq ledit President a fere une enqueste
[258]
pour ladite dame de Guemené contre ledit Sr de Moullac
[259]
et que pour celuy jour, son oncle ne l'eust peu
[260]
consulter ne entendre en son faict mais que
[261]
ledit nepveu luy avoit assigné jour et terme
[262]
a venir par devers luy a ouictieme apres. A ladite
[263]
fin parreillement y eust contrarieté et
[264]
variacion entre lesdites premiere et seconde interrogation
[265]
pour ce que ledit suppliant dist par icelle seconde
[266]
interrogation que audit lieu de Rostrenan, il avoit
[267]
trouvé ladite lettre estant close et scellee sans
[268]
savoir s'il y avoit impression ne cachet sur la cyre
[269]
qui fermoit ladite lettre ou non et qu'il l'avoit
[270]
trouvee, choiste sur le pavé devers le bout de hault
[271]
de la cohue* de ladite ville entre ladite halle et
[272]
l'eglise dudit lieu laissant en devallant ledit
[273]
pavé ladite cohue a la main gaulche sans savoir
[274]
declairer en l'endroit de quelle maison dicelle
[275]
ville fut qu'il avoit trouvé icelle lettre
[276]
et par sadite premiere interrogacion a dict
[277]
et decleré que ce fut pres l'huys d'une estable
[278]
d'une maison de ladite de ladite[sic] ville de Rostrenan
[279]
qu'il avoit trouvé ladite lettre missive. Nous
[280]
remonstrant ledit suppliant que par devant <85 verso>
[281]
commissaires deputez par ledit parlement
[282]
pour savoir la verité de l'esfect et contenu en
[283]
ladite lettre et si elle estoit veritable ou non
[284]
et affin d'avoir celuy President reparation
[285]
de ladite lettre, il fist convenir ledit suppliant supposant
[286]
vers luy icelle lettre estre faicte faulcement,
[287]
faicte escripte et [?controuvee?], a conclure de reparation
[288]
de l'injure luy faicte a esgard de justice et
[289]
que en icelle acousacion ledit President la
[290]
faict deffaillir par deux ou troys foyz et
[291]
par le droit oultres desdites deffailles est quasi
[292]
prest d'estre vaincu des demandes et
[293]
conclusions dudit President. Si nous remonstre
[294]
oultre ledit Toulgret, suppliant, que tout ce qu'il
[295]
a dict et maintenu touchant ladite lettre missive
[296]
tant par proces que par lesdites interrogacions
[297]
est faulx fors et reserve l'ennuy que dicelle
[298]
lettre il fist au procureur desdits paroissiens et
[299]
aultres parties de la maniere qu'il a dict et decleré
[300]
par sesdites confessions et interrogations et
[301]
parreillement que ladite lettre missive estoit faulce,
[302]
faulcement faicte, songee et [?controuvee?] contre
[303]
droit et raison en chargeant malicieusement
[304]
l'honneur et estat tant dudit President que
[305]
dudit recteur pourtant que a la verité du faict
[306]
celle lettre ne la signe ne escripture et signe
[307]
n'estoint et ne sont les escripture et signe
[308]
dudit recteur et que jamais n'eut congnoissance
[309]
et ne pencza la composer, dicter ne escripte
[310]
ains icelle lettre ainsi produicte par lesdits
[311]
parroissiens, treffivens et particuliers a notredite
[312]
court de parlement a la fin que devant estre
[313]
composee, divisee et escripte par ledit
[314]
dom Henry Keraudren en sa maison et demeurance
[315]
situee en ladite treffve de Lanvenegean ou villaige <86 recto>
[316]
de Renordrechaff et en absence dudit suppliant et
[317]
l'esfect et contenu en ladite lettre, subscription et adresse
[318]
dicelle faicte audit President lequel parreillement
[319]
n'en eut jamais congnoissance, estoint et sont les
[320]
escriptures et signe dudit dom Henry contrefaictes sur
[321]
l'escripture dudit recteur et l'escripsit ledit dom
[322]
Henry bien dit ledit suppliant que il voyant que lesdits
[323]
parroissiens, treffivens et particuliers ne trouvoint
[324]
aucune chose desdites suspeczons, il dist audit dom
[325]
Henry que s'il savoit quelque chose pour ayder a
[326]
ceulx parroissiens, treffivens et particuliers en leur
[327]
cause qu'il feuroit aulmone de ce fere et par apres
[328]
avoir celuy dom Henry ainsi faict escripre et
[329]
composer ladite lettre faulce de la forme qu'elle fut, fut
[330]
produicte en ladite court de parlement et il estant
[331]
a sadite maison la bailla audit suppliant luy disant en l'endroit :
[332]
« Voyez ce que j'en ay faict et vous en aydez au mieulx
[333]
que vous pourez et s'il en est question, trouvez moyen de dire
[334]
que l'avez trouvee choiste quelque parrt. »
Et lors de
[335]
ladite baillee de ladite lettre missive, celuy dom Henry bailla
[336]
aussi l'autre lettre qui fut envoyee audit procureur qui
[337]
parreillement estoit escripte diceluy dom Henry.
[338]
Nous remonstrans oultre ledit suppliant que ce qu'il
[339]
faict touchant le recouvrement de ladite faulce lettre
[340]
missive et production dicelle ce a esté par l'affection
[341]
qu'il avoit a fere plaisir ausdits parroissiens, treffivens
[342]
et particuliers, et leur faire obtenir esdits suspeczons
[343]
pour les redimer de mise et non pour son proufilt
[344]
particulier et que de luy mesmes sans l'esprit
[345]
dudit dom Henry qui est fin homme et hantant la praticque
[346]
et gens dudit estat, il n'eust sceu faire ne composer
[347]
ladite ne parroille lettre pourtant que nullement
[348]
il n'est clerc et ne sceit lire ne escripre mais
[349]
vid et a vescu tout le temps de sa vie a la peine et
[350]
labeur de ses braz et corps pour soy vivre, sa femme et
[351]
sept ensfens qu'ilz ont ensemble et que jamais
[352]
n'a esté arresté d'avoir commis ne perpetré aucun
[353]
autre mauvaix cas, disgne de reprehension ains
[354]
a vescu honnestement selon son estat autant que nul
[355]
autre de ladite parroisse de Guyfroiff, homme de bonne
[356]
renommee et bon nom, sans autre reproche jucq a celle <86 verso>
[357]
de presente quelle il a liberallement confessee sans
[358]
donner aucun ennuy et fatigue a la justice.
[359]
Et pour ce que dessurs luy convenoit souffrir
[360]
la peine de ceulx qui commectent faulx, luy sadite
[361]
femme et enfans seroint contrainctz aller mendicquer
[362]
comme gens reduictz a totalle pouvreté et mendicité,
[363]
si par nous ne luy estoit sur ce pourveu de
[364]
noz grace et remede de justice convenable,
[365]
nous suppliant qu'il nous plaise y avoir esgard
[366]
et de notre begnigne grace luy impartir dudit
[367]
cas, noz grace et remission et pardon, tres hymblement
[368]
le nous requerant. Pourquoy nous, etc,
[369]
la verifficacion a la court de parlement.

De Kerguern