Registre B34 Lettre n° 61

21/09/1532

<197 recto>
Mandement de licence et placet pour [?Pupoffle?] Lebaud, Francoys
Couchet, Henry Endrot, Gilles Pezronic, Rollant Soulyer
et Jehan Lagot, quant affin de mectre a excecucion en
ce pays certaines lettres d'abolition et pardon par eulx obtenues
en France du cas decleré par iceulx et evocacion de la
matiere au conseil desquelles lettres de pardon la
teneur ensuist. <197 verso>
[1]
Francois, etc, a tous ceulx qui ses presentes lettres verront, Salut. Savoir faisons,
[2]
nous avoir receu l'humble suplicacion de [?Pupofle?] [sic], Francois Cochet, Gilles
[3]
Pezronnic, Rolland Soulhyer, Jehan Lagot et Henry Endrot, jeunes gens habitans
[4]
de la ville de Keremper-Corentin et faulx bourgs dicelle, Contenant que le dernier
[5]
jour d'avril passé, lesdits suplians et plusieurs autres jeunes gens de ladite
[6]
ville et faulx bourgs se delibererent pour la sollennité du premier jour
[7]
de may d'aller cuillir une arbre pour le planter en ladite ville pour
[8]
le reiouissement des habitans. Et sans parolles, intencion ne proponement*
[9]
de meffaire ne mesdire a personnes quelzconques, et estant toute
[10]
la compaignye pres la maison de Allain de Kerloeguen,
[11]
Sr de Kervechezen, ung gentilhome de ladite compaignye nommé
[12]
Francois de Lisiny s'en alla audit lieu de Kervecheuzen prier
[13]
ledit de Kerloeguen de leur donner ung arbre pour planter
[14]
en ladite ville. Et pendant que ledit de Lisiny fist ledit voyage,
[15]
lesdits suplians et autres s'ebastoint a chanter et dancer
[16]
joyeusement, et ainsi qu'ilz estoint eulx esbatans sans
[17]
pancer en aucun mal, veirent lesdits Lisiny et Kerloeguen
[18]
qui la estoit venu ayant ledit Lisiny une espee nue en
[19]
sa main et ledit Kerloeguen embastonné de quelque
[20]
baston qui se prindrent ensemble de parolles, mais
[21]
ne scavent quelles les dites lesdits suplians car ilz en estoint
[22]
asses loing. Mais ainsi qu'ilz presument s'estoit pour ce
[23]
que ledit de Lisiny voulant fere couper une arbre de may en
[24]
certan lieu qu'il pretendoit apartenir aux habitans
[25]
de ladite ville et ledit de Kerloeguen pretendoit le contraire ;
[26]
et par les aucuns de ladite compaignye fut commancé
[27]
a couper une arbre estant en une place pres ladite
[28]
maison de Kervecheuzen. Sur lesquelles parolles, ledit de Lisiny
[29]
donna un coup d'espee sur la teste dudit de Kerloeguen
[30]
dont il tomba par terre, et au moyen dudit coup, peu de temps
[31]
apres, il ala de vie a trespas. Apres lequel coup
[32]
donné, ledit de Lisiny s'esvada hastivement tenant sadite
[33]
espee. Quoy voyant lesdits supliants et autres s'en allerent
[34]
fort esbahiz et estonnez dudit cas auquel ilz ne donnerent
[35]
parolles, aide ne consentement sans avoir memoyre ne entendement
[36]
de cryer sur ledit Lisiny ne de eulx mectre en esfect
[37]
de le prandre, combien qu'ilz fussent embastonnez de
[38]
leurs espees. Et doubtans rigueur de justice, se sont
[39]
mys en l'inmunité de l'eglise. Et combien que ledit cas
[40]
soit advenu en la juridicion du regaire dudit Keremper-Corentin,
[41]
toutesfoiz la veufve et principal herithier dudit feu
[42]
de Kerloeguen ont obtenu sur leur donne d'entendre
[43]
lettres et mandemens adressans aux juges de Guingamp
[44]
et senneschal de Morlaix pour congnoistre de ladite matiere
[45]
audit lieu de Guingamp et proceder en ladite <198 recto>
[46]
matiere faict adjourner lesdits suplians audit Guingamp dont ilz
[47]
sont distans de dix neuf lieues du pays ou environ delaissans
[48]
plusieurs autres noz juges prochains come Carhez, Chastaulin, Rospedren,
[49]
Conq et autres, mais pour les portz et faveurs qu'ilz pretendent
[50]
avoir de leurs parens et amys audit Guingamp et pour fatiguer
[51]
lesdits suplians ou les fere insidier* sur les chemyns. Nous humblement
[52]
requerans lesdits suplians que actendu que oudit cas ilz n'ont donné
[53]
parolles, aide ne consentement maiz est advenu a leur tres grant
[54]
desplaisir et ennuy, que en touz autres cas ilz sont bien famez
[55]
et renommez sans jamais avoir esté actains ne convaincuz
[56]
d'aucun autre villain cas, blasme ou reproche, il nous plaise
[57]
leur impartir noz grace et pardon. Pour ce est il que nous ces
[58]
choses considerees voullans misericorde preserver a rigueur
[59]
de justice ausdits suplians et a chacun d'eulx, avons quicté
[60]
et pardonné ledit cas ainsi advenu, et par ces presentes quitons
[61]
et pardonnons le faict et cas dessusdit avec toute peine,
[62]
amande et offense corporelle, criminelle et civille,
[63]
en quoy et pour occasion dudit cas, ilz pouroint estre encouru
[64]
envers nous et justice en mectant au neant tous
[65]
adjournemens, deffault, sentence, appeaulx, arestz, plugemens,
[66]
ban, bannissements, proces et procedures quelzconques et tout ce
[67]
que pour raison dudit cas s'en pouroit estre ensuyvi, mys ou
[68]
donné contre eulx. Et de notre plus ample grace,
[69]
les avons remiz et restituez, remectons et restituons
[70]
a leur bonne fame et renommee au pays et a leurs
[71]
biens non confisquez, satiffaction fecte a partir civillement
[72]
tant seullement si fecte n'est et elle y escheit. Et
[73]
sur ce, avons imposé sillence perpetuel a notre procureur
[74]
general present et advenir et a tous autres. Si donnons
[75]
en mandement par ses presentes pour le debat et different qui se
[76]
pouroit ensuyr desdites juridicions, a noz amiz et feaulx les
[77]
chancelier ou vichancelier et gens tenans notre chancelerie
[78]
de nosdits pays et duché de Bretagne et a tous noz autres justiciers
[79]
et officiers et a leurs lieutenans et a chacun d'eux si come a luy apartiendra
[80]
que de noz presens grace, quictance et pardon, ilz facent, seusfrent et
[81]
laissent lesdits suplians jouyr et user plainement et paisiblement sans
[82]
leur mectre ou donner ne souffrir estre faict mis ou donné ores ne
[83]
pour le temps advenir aucun arest, destourbier ou empeschement
[84]
en corps ou en biens en aucune maniere lequel si faict mis ou
[85]
donné leur avoir esté ou estoit, le oustent et mectent ou facent oster
[86]
ou mectre incontinant et sans delay a plaine et entiere delivrance, et
[87]
au premier et deu estat; car ainsi nous plaist il estre faict. En
[88]
tesmoin de ce, nous avons faict mectre notre seel a cesdites presentes. Donné a Nantes, <198 verso>
[89]
le jour d'aougst l'an de grace milvcxxxii, et
[90]
notre regne le xviiie. Ainsi signé sur le reply par le roy usufructiaire
[91]
et administrateur dessusdit, a la relacion du conseil, Deslandes, et sellé de cire
[92]
jaulne a double queue.

Morice