21/12/1532
<262 recto>
Remission
pour Jehan Riallen,
la
verifficacion aux juges de
Rennes.
[1] Francois,
etc, a tous
presens et a venir,
savoir faisons nous
[2] nous[sic] avoir receu l'humble
supplicacion et requeste des
[3] parens et amys consanguins de
notre pouvre subgect
[4] Jehan Riallan, jeune filz de l'asge d'
environ vingt ans,
[5] Ceste quittanceContenant que ou moys de febvrier l'an mil cinq
[6] a esté dessaelleecens trante ung, a ung
jour de mercredy apres
[7] pour ce que ellesoleil recovré, se trouva
ledit Riallen au bourg
neuf
[8] ne fut retiréchemyn
faisant pour aller a
Chateaubriend,
conduissant
[9] mais dempuix en obtint une autre ou moystroys sommes
* de bled qu'il y menoit sur des
[10] de mars mil vcchevaulx
pour y
vendre le lendemain.
[11] xxxiiiEt y arrivé, se logea en la maison de
<262 verso>
[12] de Jehan Gaultier demourant
audit lieu ou il
[13] souppa
et fist repeistre
* ses chevaulx et y
[14] beut du vin. Et apres soupper, alla
celluy
[15] Riallen qui estoit emboyté de vin en la maison
[16] de Jehan Aulvecte tenant taverne
oudit village,
[17] en laquelle a son arrivee il trouva en une
[18] chambre haulte
ledit Aulvecte, Pierre
Martin,
[19] Jehan Balle, Allain Gendroit, Jehan Gautier
[20] et autres. Et il arrivé, demanda
audit Gaultier :
[21] « Que fays-tu la ? Par le seigneur dieu, tu t'en viendras
[22] avecques moy ! » Et le print au travers du corps
[23] et le mys hors
ladite chambre et evagina
[24] une espee qu'il avoit a son costé sans en
[25] frapper
personne et descendit
avecques ledit
[26] Gaultier. Et ainsi qu'il estoit
[27] en la place de
ladite maison, il gecta ung coup
[28] d'estoc
contre une des poustres de
ladite maison
[29] en
disant :
« Y a il rien qui en veille ? » Et
[30] lors, s'escria la
femme dudit Aulvecte en
disant
[31] que celluy Riallen avoit tyré l'espee sur elle.
[32] Et sur tant sortirent hors
ladite maison
[33] lesdits Riallen et Gaultier, et tost apres
[34] eulx sortirent
lesdits Gendrot, Balle
et autres
[35] dist
celluy Gendrot
audit Riallen :
« Tu es de gens
[36] de bien et qui se sont bien gouvernez ; jamais
[37] ton pere ne porta baston pour baptre les gens. » Quoy
[38] voyant celluy Riallen qui estoit
emboyté de vin,
comme
[39] dit est, s'efforcza frapper
ledit Gendrot jurant :
[40] « Par le sanct dieu, je te fendroy la teste ! » Et
[41] celluy Gendrot print l'espee
dudit Riallen
par la
[42] plommee
* luy disant qu'il la lascheroit et
[43] qu'il n'en frapperoit homme ; quelle espee celluy
[44] Riallen luy lascha esperant
qu'il luy eust
rendue,
[45] ce qu'il ne fist ains la bailla a André Dossin
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[46] pour l'emporter. Et
apres que celluy Riallen
[47] luy eut
plusieurffoiz demandé
sadite espee, il
[48] alla appeller Robert Hubert,
sergent,
pour
[49] fere arrester le cheval
dudit Gendrot,
[50] quel Hubert ne luy respondit. Et ainsi
[51] qu'il y estoit, s'
entre prindrent aux collet
lesdits
[52] Gaultier
et Gendrot faisant contenance de s'
entre baptre
[53] et dist
ledit Gendrot
audit Gautier qu'il l'eust
[54] laissé. Et
ledit Riallen jurant le corps dieu,
[55] la mort dieu qu'il ne l'eust laissé, et
ledit
[56] Gaultier dist
pareillement audit
[57] Gendrot qu'il ne l'eust laissé. Et
ledit Riallen
[58] couroussé d'
avoir ainsi
perdu [?ou aderé?] sadite espee
[59] et baston, print une pierre qu'il gecta contre
[60] lesdits Gendrot
et Gaultier qui s'entretenoient ;
[61] de laquelle il actaignit
ledit Gendrot
par la
[62] teste
environ la
temple. A l'occasion duquel
[63] coup, tomba
ledit Gendrot a terre
et rendit grant
[64] effuzion de sang
et convint l'emporter en la
[65] maison
desdits Aulvecte
et femme. Et tost apres
[66] s'en alla
ledit Riallen en la maison
dudit Gaultier
[67] charger
sesdits chevaulx et les mena
audit lieu
[68] de
Chateaubriend, auquel lieu fut
pareillement ledit
[69] Gendrot. Et a l'
occasion dudit coup
par deffault
[70] de bon
pensement ou
autrement de dans
quinze
[71] jours ou troys
sepmaines ensuyvantes, est allé
ledit
[72] Gendrot de vie a deceix. Et craignant
ledit
[73] Riallen
estre vers luy
procedé a rigueur de justice,
[74] s'est par quelque temps absenté
et lalité
*
[75] et jucques a avoir satisfaict es veufve et
[76] heritiers
dudit Gendrot qui a esté puix Pasques
[77] dernieres. Et dempuix fust
ledit Riallen
<263 verso>
[78] liberallement constitué prinsonnier en noz prinsons
[79] de Rennes a la joyeuse
et nouvelle entree de
notredit
[80] filz le dauphin en ceste
notredite ville de
Rennes,
[81] desquelles prinsons il a esté mys hors et
[82] temps luy baillé
pour de nous
dudit cas obtenir
[83] lettres de grace et rémission, tres
humblement nous
[84] requerans
lesdits parens
et amys icelles luy
[85] impartir. Pour quoy nous,
etc.
Darande