Registre B34 Lettre n° 56

07/09/1532

<184 verso>
Remission pour Jehanne Couche, femme de Michel Dubreil, et
Francoys Dubreil, fils desdits
Michel et Jehanne, la verifficacion aux juges de
Rennes dont la teneur ensuilt.
[1]
Francois, etc, savoir faisons, nous avoir receu l'humble
[2]
supplicacion et requeste des parens et amys consanguins
[3]
de Jehanne Couche, femme de Michel Dubreil, de l'age de
[4]
soixante et dix ans ou environ, et de Francoys Dubreil,
[5]
filz desdits Michel et Jehanne, de la parroisse de Rollandrieu
[6]
en la juridicion du regaille de Dol, pouvres gens vivans
[7]
de labeur, Contenant que le vendredy xxiiime jour d'aoust
[8]
dernier et quequessoit a ung jour dicelluy moys,
[9]
environ unze heures du matin, ladite Jehanne
[10]
et ledit Francois Dubreil, sondit filz, furent advertiz
[11]
que en une piecze de terre apartenant ausdit Michel
[12]
Dubreil et Jehanne sa femme, sise en ladite parroisse
[13]
de Rollandreu, nommee Les champs de [?Nintellien?],
[14]
ensemencee de blé noir, y avoir quatre bestes
[15]
porchines qui apartenoint a Olivier Pournaire. A raison
[16]
de quoy, ledit Francois Dubreil et ladite Jehanne, sa mere,
[17]
partirent de leur maison quelle est a distance
[18]
de ladite piecze de terre d'environ deux troictz
[19]
d'arbalestre, ledit Francois estant garny d'un
[20]
voulge* sur son espaulle et une cougnee convenable
[21]
pour hayer* et estouper* ledit bled, ladite Jehanne
[22]
garnie d'une faucille pour seer* blé et d'un baston
[23]
de boys pour s'appouyer, elle qui est vielle feme
[24]
et caducque*. En laquelle piecze de blé noir, trouverent
[25]
lesdites quatre bestes porchines apartenant audit Pournaire ; et
[26]
ainsi que lesdits mere et filz voulurent prandre lesdites
[27]
bestes et les emmener en parc en leurdite maison, <185 recto>
[28]
arriva ledit Pournoire quel se mist au devant
[29]
et empescha de fere ladite prinse et emparchement
[30]
desdites bestes ; et sur ce, sourdit entreulx parolles injurieuses
[31]
sur lesquelles ledit Francois Dubreil quel est assez debille
[32]
d'entendement et de cerveau, donna ung coup dudit vouge
[33]
audit Pournoire sur la temple ou costé gausche et
[34]
dicelluy coup fist une playe en la teste dudit Pournoire
[35]
de longueur d'environ ung doy. A raison de quoy y eut effusion
[36]
de sang et cheut ledit Pournacre par terre ou bas du
[37]
fossé de ladite piecze et luy ainsi choist, ledit Dubreil
[38]
et sadite mere donnerent audit Pournaire sur le dos
[39]
et autres endroitz de son corps aucuns coups du plat dudit
[40]
voulge et baston de ladite Jehanne, tellement que il estoit
[41]
meurtry et saignoit par plusieurs endroitz de son corps.
[42]
Et laisserent ledit Pournaire oudit foussé choist
[43]
et s'en allerent amasser leurs bestes et avoirs* qui
[44]
estoint en une piecze de terre jouxte ledit blé noir
[45]
et enmenerent leursdites bestes en leurdite maison. Et environ
[46]
quatre heures apres midy dudit jour, ouyrent dire en
[47]
leurdite maison a ung barbier nomé Joachin Boger qui
[48]
venoit de penser ledit Pounoire que icelluy Pournoire
[49]
estoit en sa maison en son lict bien malade et en
[50]
danger de mort. Et a l'interrogacion que furent lesdits
[51]
mere et filz audit barbier qui se avoit esté qui avoit
[52]
ainsi blecé et batu ledit Pournoire, respondit ledit Bourgier, barbier,
[53]
que l'on disoit que se avoient esté ladite Jehanne et
[54]
Francoys son filz. A quoy respondirent que ilz n'avoint
[55]
veu du jour ledit Pournoire. Et en la nuyt dudit jour, environ
[56]
deux heures apres mynuyt, furent advertiz que a l'occasion
[57]
desdits excex par eulx faictz audit Pournoire, il estoit
[58]
allé de vie a deces. A raison de quoy ont esté lesdits
[59]
mere et filz constituez prinsonniers es prinsons de la court
[60]
de Dol sur la plaincte fecte le jour dudit exceix de Guillemecte <185 verso>
[61]
Goupil, veufve dudit Pournoire. Et le landemain, qu'estoit
[62]
samedi xxiiii dudit moys d'aougst derroin a instance de Geffroy
[63]
Lorieul, procureur de ladite court de Dol, furent ladite
[64]
Jehanne et sondit filz separement interrogez au chatau dudit
[65]
Dol touchant ledit cas par maitres René de Saint Melene,
[66]
alloué de ladite court, et Pierres Marie, lieutenant, sur
[67]
les motifs et advertissement leur baillez dudit procureur ;
[68]
a laquelle interrogation lesdits mere et filz denyerent avoir
[69]
esté presens et participans dudit homicide, ne avoir veu
[70]
ledit Pournoire le jour dudit conflict. Et dempuix
[71]
scavoir le mardy xxviime jour dudit moys d'aoust,
[72]
a ladite court de Dol, furent faictz venir lesdits mere
[73]
et filz davant ledit Pierres Marie, lieutenant, tenant
[74]
la chaire, et dudit procureur de Dol fut vers eulx
[75]
supposé le cas et homicide dessur [??], veu
[76]
les enquestes de ce faictes, interrogacions et variacions
[77]
decrect de proces luy estre faict a fin criminelle et estre
[78]
pour lesdits mere et filz procedé par voye de inquisition et torture
[79]
laquelle a l'oppinion de la court fut ajugee ausdits mere
[80]
et filz. Si nous ont oultre lesdits supplians remonstré que
[81]
ledit Francois et ladite Jehanne, sa mere, ont esté auparavant
[82]
ledit cas leur avenu de malle fortune et non prepensé, de bon
[83]
rest et gouvernement, bien famez et renomez sans avoir esté
[84]
actainctz ne convaincuz d'aulcun autre mauvaix cas
[85]
blasme ou reproche jucques a celuy de present duquel
[86]
lesdits suplians nous ont tres humblement supplyé et requis,
[87]
impartir ausdits mere et filz noz lettres de grace, remission
[88]
et pardon. Pour quoy nous, etc.

Mandart