06/03/1531 [06/03/1532]
<47 verso>
Remission pour Collin Chicquot, adressé au
seneschal de Ploermel.
[1] Francois,
etc, a tous
presens et advenir, savoir faisons,
[2] nous avoir receu l'
humble supplicacion et requeste
[3] des
femme, enfans
et amys consanguins de
notre subgect
[4] Colin Chicquot, marchant
et homme de labeur, de la
parroisse
[5] de Tremoran
et demeurant ou bourg dicelle,
Contenant
[6] que comme le dimanche dix septiesme jour de
septembre
[7] derroin, Thomas Hamon, Jehan Ferré, Robert Olivier l'esné,
[8] Guillaume Godet l'esné,
ledit Colin Chicquot
et plusieurs autres
[9] se feussent trouvez
et assemblez en la maison de Pierres
[10] Olivier tenant vin en vente
oudit bourg de Tremoran
[11] pour fere quelques comptes et
appuremens entre
lesdits
[12] Chicquot
et Godet de quelque argent que
ledit Godet
[13] devoit
audit Chicquot, en
faisans lesquelz comptes
[14] et appuremens, despencerent
chacun d'eux dix deniers
<48 recto>
[15] monnaie. Et bientost apres, y arriva pareillement
[16] Michel Beschu de la
parroisse du Lancouet disant
[17] voulloir appoincté avecques
ledit Colin Chicquot qui
[18] l'avoit faict citer par la
[?rohidia?] cour de Plermel pour
[19] respondre Jehan Chicquot, son filz, tendant
ledit Chicquot
[20] faire
ledit Beschu condescendre a quelque appoincte
[21] touchant ce que
ledit Chicquot pretendoit
et voulloit
[22] l'accuser d'avoir robé une jument
audit Jehan Chicquot
[23] son filz, ce que
ledit Beschu voulloit lors faire
[24] et satisfaire a l'esgard
dudit Thomas Hamon lors
[25] present,
confessoit ledit Beschu avoir eut
ladite jument. Et
[26] en l'endroit,
ledit Beschu fist tirer une pinte de vin
[27] avecques laquelle il entra en l'escot avecques
[28] les
dessurdits en la chambre dessoubz le porche
[29] de
ladite maison, laquelle pinte de vin sitost que
[30] furent entrez en
ladite chambre se trouva gaster ;
[31] de quoy se courroucza
ledit Beschu et ne voulut
[32] plus demeurer ne s'arrester avecques les
dessurdits
[33] nommez. Ains en l'instant s'en yssyt hors de ladicte
[34] maison sans
fere autre chose et a quelque temps
[35] apres s'en yssyt
pareillement de
ladite maison
ledit
[36] Colin Chicquot tirant aller a sa maison
et demeurance
[37] estant oudit bourge et apres s'en alla a la maison de
[38] Jehan Chicquot, son
frere, demeurant au villaige de La
[39] Tougraye pres
ledit bourge. Et
apres y
avoir esté
[40] quelque peu de temps, print chemyn a s'en retourner
[41] a
sadite demeurance, auquel chemyn
faisant il
[42] trouva
et rencontra d'aventure
ledit Michel
[43] Beschu auquel dist
ledit Colin Chicquot par
[44] telles parolles ou semblables :
« Tu ne pense pas
[45] rendre ou payer la jument de mon filz. Si tu ne
[46] la rends, je te feroy pugnir et convenir par justice. »
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[47] Lequel Beschu respondit par telles parolles ou
semblables :
[48] « Nous en eussrons faict des [sic] ches Pierre Olivier si ne se
[49] y feust trouvé tant de gens. » Lui disant :
[??] « Si vous voullez, je retourneroy
[50] soupper avecques vous et nous en ferons vous et moy
[51] quelque chose. » Sur lesquelles parolles s'entreprindrent
[52] par les manches
et prindrent
leur chemyn allans a la
[53] maison
dudit Chicquot
et eulx estans ung peu eschauffez
[54] de vin
et presque arrivez au logeix dudit Chicquot,
[55] dist
ledit Chicquot
audit Beschu :
« Tu as amblé* la jument
[56] de mon filz, tu la rendras ou je te feroy prendre ! » tenant
[57] ledit Beschu par la manche et le braz. A quoy ledit
[58] Beschu dist
et respondit fierement :
« Tu ne en verras
[59] jamais le lendemain ! » disant
ledit Colin Chicquot :
« Tu as
[60] menty. » Et
ledit Beschu dist
audit Chicquot :
« C'est toy
[61] qui as menty. » Et sur tant celluy Chicquot de ce
[62] courroussé
et voyant
que celluy Beschu avoit ja
[63] confessé avoir eut
ladite jument
et que lors il le denyoit,
[64] luy dist par telles parolles ou
semblables :
« Le sang
[65] dieu ! larron, tu m'as desmenty ! » et se bessa
pour
[66] prandre une pierre illecques
estant et icelle
[67] tenant en l'une de ses mains, frappa
ledit Bechu
[68] ung coup en la teste
tellement que
ledit Beschu
[69] branla
et cuyda cheoir, et lors
ledit Colin
[70] le soustint par le braz luy disant :
« Le sang dieu ! tu te mocques !
[71] et faings te laisse cheoir. Je t'en garderoy bien. »
[72] Et en ce disant, il donna encores
audit Beschu de sa
[73] main en la teste ung coup ou deux
et au-
derriere
[74] diceulx coups cheut
ledit Beschu a terre. Et
[75] en l'endroit la femme
et ung filz
dudit
[76] Chicquot arriverent au lieu ou estoit
ledit
[77] Beschu tombé
et ce voyant
ladite femme demanda
[78] par telles parolles et
[??] :
« Qu'esse-cy ? » Et lors,
<49 recto>
[79] ledit Chicquot cuydant que
ledit Beschu soy
[80] mocquast ou faignist
comme devant, luy dist
par telles
[81] parrolles :
« Lieve-toy ou je te coupperoy la gorge ! »
[82] A quoy
ledit Beschu ne fist aulcune responce.
[83] Et sur ce dist
ledit Colin a Pierres son filz qu'il
[84] fist venir :
« Pierres Beschu filz dudit Michel, parler
[85] a luy ! » Et cependant
ledit Colin Chicquot s'en
[86] alla vers le cymytiere
dudit Tremoran et
[87] laissa
ledit Beschu quel estoit, entra en sa
[88] maison.
Et quelque peu de temps apres, s'en
[89] retourna
ledit Chicquot et en l'instant
[90] se y rendit a
ladite maison
ledit Pierres Beschu
[91] que
ledit Colin avoit mandé pour en emmener
[92] ledit Michel Beschu, son
pere, auquel
[93] ledit Colin dist
et remonstra par telles
parrolles :
[94] « Mon compere, voyez ycy votre pere ! » lequel
pour
[95] lors estoit asis
et acoudé sur la table
« qui
[96] est ung meschant homme, il a desrobé la
[97] jument de mon filz. Emmenez-le ! » Sur quoy
[98] ledit Pierres Beschu luy respondit qu'il n'en
[99] savoit rien de cela et cuyda
fere lever et
[100] s'en aller
sondit pere quel luy dist
et respondit
[101] par telles
parrolles ou semblables :
« Laisse moy ! » Et ce
voyant
[102] ledit Pierres Beschu s'en retourna
et ledit
[103] Chicquot s'en absenta de
sadite maison. Et
[104] pour tant qu'il fut dit
audit Chicquot que
[105] la nuyt
dudit jour ou le lendemain
ledit
[106] Michel Beschu a l'
occasion desdits coups par
[107] faulte de
pensement ou
aultrement, alla de vie a deceix,
[108] il s'est desoncq puix tenu fugitif
et en franchise
[109] en l'
eglise et cymytiere
dudit Tremoran ou il est
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[110] encores a
present. Si nous remonstrent
lesdits
[111] supplians que
ledit Chicquot a esté
auparavant ledit cas
[112] advenu par cas fortuit
et inopiné, bien et
[113] honestement vivant
et soy gouvernant sans jamais
[114] avoir esté
reproché, actainct ne
convaincu d'aulcun
[115] autre mauvays cas digne de
reprehension
[116] chargé de femme
et cinq petitz enfans soubz
[117] l'aige de dix ou unze ans
et que
[118] ledit Michel Beschu estoit au temps
[119] notté
et renommé ou cartier et es
environ
[120] d'estre larron
signantement* de jumens
et chevaulx
[121] et reputé val vivant. Nous suppliantz qu'il
[122] nous plaise sur ce
avoir esgard et
dudit
[123] cas
impartir audit Collin Chicquot noz
lettres
[124] de grace, remission
et pardon, tres
humblement
[125] nous requerans icelles. Pourquoy nous
[126] lesdites choses
considerees,
etc.
Lescouet