10/09/1531
<158 recto>
Remission pour Francois Desrues,
la
verification audit
seneschal , alloué et
lieutenant de
Rennes.
Gratis pour ce qu'il
a poyé le seau
en France en
expediant une
pareille que celle
qui est cy inscree.
[1] Francois par la grace de dieu, roy de France, pere legitime,
[2] administrateur et usuffructuaire des biens de
notre tres chere
[3] et tres ame filz le dauphin, duc
et Sr propriétaire des pays
[4] et duché de Bretaigne, savoir faisons a tous
presens et
[5] a venir, nous avoir receu l'
humble supplicacion de Francoys
[6] Desrues,
notre sergent general
et d'armes en
notre pays
[7] et duché de Bretaigne
et de
notre court de Rennes es
[8] baronnyes de Foulgeres
et de Vitré, demourant en la ville
[9] de
Saint Aubin de Cormier, chargé de femme
et de cinq
[10] enfans,
Contenant que le jour
Saint Jehan Porte Latin
[11] ou moys de may, l'an mil cinq cens trante, ainsi que
[12] ledit suppliant estoit au bourg de
Saint Jehan sur Coasnon, en
[13] la maison de Jehan Chanterel ou il s'estoit retiré
pour
[14] disner avecques
Maistre Francois Goubery
et plusieurs aultres
[15] apres la messe ouye
et sa devotion fete en l'
eglise
[16] dudit lieu, ouyrent grant bruyt de gens crians
[17] a haulte voix a l'aide du roy, au meurtre, et
<158 verso>
[18] disoient en criant que Berdellet et Blouest, poasliers
*,
[19] avoient tué ung homme
et blessé ung
prebtre. Et en
[20] cest instant arriva en la maison
dudit Chanterel fort
[21] effroyee, la fille d'un
nomé Jehan Hallot tenant
[22] taverne
oudit bourg, qui s'escria a
sondit pere qui estoit
[23] en la compaignie
dudit suppliant et d'
aultres qu'il s'en
[24] allast incontinent
et que sa mere estoit morte
[25] et ung
homme et ung enfant. Pour lequel
[26] bruyt
ledit Maistre Francoys Gobery,
procureur de la
[27] court de
Saint Jehan sur Couasnon, commanda audit
[28] suppliant
et aultres qu'ilz prensissent prinsonniers
lesdits
[29] Blouet et Berdellet
que l'on cryoit avoit faict
lesdits
[30] exces. Lors
ledit suppliant pour obeyr a justice,
[31] aussi
pour fere le
deu et devoir de son office,
[32] sortit hors de
ladite maison marchant fort
roidement
[33] au lieu ou l'on disoit
estre lesdits Berdellet et
[34] Blouet, poasliers, et trouva que
plusieurs gens
[35] suyvoient
ledit Jehan Boulet, poaslier, lequel ou
ledit
[36] Berdellet, son compaignon, avoint ou l'un deulx for
[37] blessé l'un diceulx
hommes qui les cuydoint prandre.
[38] Et sitost que
ledit suppliant veyt
ledit Blouet, luy
[39] escria qu'il se arrestast
et qu'il le faisoit et
[40] constituoit prinsonnier de
par nous, a quoy il ne
[41] voullut obeir. Pour quoy
ledit suppliant de son espee
[42] qu'il avoit desgaigner, luy donna deux
[43] coups du plat sans
aultre intencion
que pour le
[44] fere arrester et obeir a nous
et justice. Et sur ce
[45] plusieurs gens commencerent a crier disans que
ledit
[46] homme blessé estoit cheu mort sur le pavé et
[47] que l'on prensist
lesdits Blouet et Berdelet,
<160 recto>
[48] et ainsi
que ledit suppliant en
faisant son
devoir avoit suyvy
[49] ledit Blouet jucques a une piece de
terre pres
dudit bourg,
[50] ensemencee de seigle et ja l'avoit
ledit suppliant
[51] [?aconsuyvy?] ledit Blouet tenant ung poinson nud en sa
[52] main, s'esforcza soy gecter
contre ledit suppliant lequel pour
[53] a ce obvire, luy
presenta la poincte de son espee. En quoy
[54] faisant, advint que
ledit suppliant l'actaignit d'un coup d'estoc
[55] au droit du costé, mais encores s'entresaesirent au corps
[56] s'esforczant
tousours ledit Blouet de
sondit poinson fraper
[57] ledit suppliant et deffait
dicelle le blessa au visaige
[58] a effusion de sang, lequel
suppliant s'escria :
« A l'aide ! »
[59] Et sur ce, tant
ledit procureur que
aultres arriverent sur
[60] eulx qui a toutes forces osterent
audit Blouet
ledit poinson
[61] et fut
ledit Blouet lyé par
ledit suppliant avecq l'aide
[62] des assistans et mené sur ung cheval es prinsons
dudit
[63] Saint Aubin. Et
pour ce que
ledit Blouet fut trouvé blessé,
[64] ledit suppliant fut
semblablement constitué prinsonnier par
ordonnance
[65] du
lieutenant de
notre seneschal
dudit Saint Aubin. Deulx ou troys
[66] jours apres lequel debat,
ledit Blouet au moien
dudit coup
[67] par faulte de bon apareil ou aultrement,
seroit allé de vie
[68] a trespas dont
adverty,
ledit suppliant doubtant
rigueur
[69] de justice, luy et vingt
aultres prinsonniers qui tenoit
[70] prinson pour quelque debat et ne tenoit plus
[71] prinson
que pour ses despens,
et pour la
[??] de la
court,
[72] trouverent moien de houster l'huys
desdites prinsons
et eulx
[73] absenter et evadé hors
dicelles. Et
pour occasion
[74] desdits cas,
ledit suppliant s'est rendu fugitif. Nous
[75] humblement requerant que actendu que audit
[76] Blouet, il n'avoit haine, rancune ne malveillance
[77] ne jamais a luy n'avoit eu question ne debat
<160 verso>
[78] et que ce qu'il a faict ce a esté
pour [??] [??] de l'
auctorité
[79] de nous
et de justice et en
faisant le deu et devoir de
[80] son office que en tous
aultres cas il est bien famé et
[81] renommé, sans jamais avoir esté actainct ne
convaincu
[82] d'aulcune
aultre villain cas, blasme ou
reproche fors qu'il est
[83] chargé d'avoir donné ung coup de cousteau a ung
nomé
[84] Jehan Roussel a ung jour de foyre et marché
[85] en la ville de Fougeres dont il est en proces
[86] contre le
procureur de la justice par l'yssue duquel
[87] ledit suppliant entend monstrer qu'il n'est coulpable
[88] dudit cas, il nous plaire luy
impartir noz grace
[89] et misericorde. Pourquoy nous ces choses
[90] consideres,
voulloir misericorde preferer a rigueur de
[91] justice,
audit suppliant avons remis, quicté
et pardonné
[92] et par ces
presentes de
notre grace
speciale, plaine
[93] puissance et
anctiere, remectons, quictons
et pardonnons
[94] le faict
et cas
dessusdit ensemble ledit brys de prison
[95] avecques toute peine, amende
et offence corporelle,
[96] criminelle
et civille en quoy
pour occasion dudit cas, il
pouroit
[97] estre encouru envers nous
et justice en mectant
[98] au neant tous aiournemens, deffaulx,
sentences, appeaulx, ban,
[99] bannissemens, proces, procedeures et tout ce
generalement
[100] qui pour
occasion desdits cas s'enszoit ou pourroit
estre
[101] contre luy ensuivy ; et de
notre plus
[102] ample grace, l'avons remis et restitué, remectons
[103] et restituons a sa bonne fame, renommee, estatz,
[104] offices au pays et a ses biens non confisquez, satisfation
[105] faicte a
partir civillement tant seullement si fecte n'est ;
[106] et sur ce imposons
sillence perpetuel a
notre procureur
[107] presens et a venir et a tous
aultres et donnons en
[108] mandement par
cesdites presentes aux
seneschal , alloué
et lieutenants de
France
<161 recto>
[109] pour ce que
ledit cas est advenu ou ressort de
ladite barre
[110] et senneschaucee de Rennes et a tous noz
aultres justiciers
[111] et officiers
presens et advenir et a
chacun d'eulx endroit soy
[112] et si
comme a luy
apartiendroit que de noz
presens grace,
quictance,
[113] remission et
pardon, ilz facent, seuffrent et laissent
ledit
[114] suppliant jouyr et user
plainement et
paisiblement sans
pour occasion
[115] dudit cas luy mectre ou donner, ne souffrir, estre
[116] faict, mis ou donné ores ne
pour le temps advenir en
[117] corps ne en
biens aulcun arrest destourbier, ne
empeschement
[118] lequel si faict mis ou donné luy avoit esté ou estoit,
[119] ilz luy mectent ou facent mectre
incontinent et sans
[120] delay, a plaine
et entiere delivrance, et affin que ce soit
[121] chose ferme
et establie a tousiours, nous avons faict
[122] mectre
notre seel a
cesdites presentes sauf en aultres
[123] choses,
come dit et l'aultruy en toutes. Donné
[124] a Nantes, ou moys de l ... l'an
[125] de grace mil cinq cens trante ung et de
notre
[126] regne le dix septiesme.
Darande