Rémission pour Olivier Le Comte

Registre B34 Lettre n° 11

06/03/1531 [06/03/1532]

<49 verso>
Remission pour Olivier Le Comte, la verificacion au sennechal de Ploermel.
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Francois, etc, a tous presens et advenir,
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savoir faisons, nous avoir receu l'humble supplicacion
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et requeste des femme, enfans et amys consanguins
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de notre pouvre subgect Olivier Le Comte de la
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parroisse de Baignon, Contenant que le dimanche
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sixiesme jour de febvrier l'an mil vcxxix
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et quequessoit environ celluy temps, ledit
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Le Comte et sadite femme feussent allez de leur
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maison et demeurance a l'eglise parrochial
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dudit Baignon pour y ouyr la grant messe
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et divin service, et apres icelle avoir ouye, s'en
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allerent en la maison de Jehan Rolland et <50 recto>
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feue Jehanne Plesseix, sa femme, estant audit bourg
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y tenans lors hostellerie et vin en vente, en
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laquelle maison y avoit ledit jour nopces et
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assemblee de gens, ou ilz disnerent et prindrent
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leur resfection en presence et compaignye de plusieurs
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gens de ladite parroisse. Et apres qu'ilz eurent
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compté et poyé ce qu'ilz avoient despendu, ledit
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Le Comte fist venir une pinte de vin et pour
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poyement de laquelle il bailla ung unzain
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a ladite Jehanne Plesseix. Et depuix estans
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ceulx Le Comte et sadite femme en compaignie
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de Jehan Rolland, Michel Teixier et plusieurs
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autres faisans ung mariage d'une fille dudit
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Jehan Rolland avecques ledit Michel Texier, et
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en l'endroit ledit Le Comte heurta de sa main ung
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voyre qui estoit tumbé sur la table ou ilz
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bevoint et rompit ledit voirre ; et alors
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ladite Jehanne Plesseix dist audit Le
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Comte : « Tu romps les voirres comme s'ilz ne
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te coustoint riens ! »
et ledit Le Comte luy respondit :
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« Tu ne fays pas cas de prandre unze deniers
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pour une pinte de vin qui ne vault que
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huit ! »
Et depuis environ l'heure de dix ou unze
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heures du soir comme lesdits Ollivier Le
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Comte et sadite femme voullurent s'en aller,
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ilz demanderent a ladite Jehanne Plesseix
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troys deniers de retour de l'onzain que ledit Le
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Comte avoit baillé pour ladite pinte de vin
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qu'ilz avoint beue ainsi qu'est devant declairé,
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disans que autre chose ne les tenoit qu'ilz ne
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s'en alloint. Et lors, ladite Jehanne Plesseix <50 verso>
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tira de sa bourse ung denier et le voullut
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bailler audit Le Comte en luy disant : « Allez-
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vous en ! vous avez rompu des voirres. »

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Quel denier ledit Le Comte reffusa prandre
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et dist qu'elle s'en repentiroit si elle ne luy
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bailloit son retour, et a l'heure ladite Jehanne
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Plesseix demanda audit Le Comte par telles
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parrolles : « As-tu mitz cousteaulx ? » Quel le Comte
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respondit : « Ouy, qui te cuydera ! » Et sur ce et le
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debat dudit retour sourdit entreux plusieurs
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parolles de rumeur et injures, s'entre-
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appellans la femme dudit Le Comte et ladite Jehanne
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Plesseix : « Putains ! Faulces [?vesses?] ! » et aultres plusieurs
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injures et perseverent ladite Jehanne Plesseix
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en sesdites injures, bouta et mist rudement et par force lesdits
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Le Comte et sadite femme hors de ladite maison.
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Et estans ledit Le Comte et sa feme hors,
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ledit Le Comte quel estoit eschausfé et
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emboyté de vin, estant irrité et courroussé
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desdites injures que luy disoit et a sadite femme
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ladite Jehanne Plesseix et qu'elle ne luy voulloit
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bailler le retour de sondit onzain, en l'instant
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tira ung petit cousteau qu'il portoit a sa
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sceinture et dicelluy par sur le contrehuys
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dicelle maison que tenoit ladite Jehanne
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pour icelluy closre et fermer, donna ung
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seul coup a icelle Jehanne ne scayt
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en quel endroit pourtant qu'il estoit nuyt
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et qu'il faisoit obscur a l'occasion duquel
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coup qui se trouva environ la poictrine, ainsi <51 recto>
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que l'on dit, ladite Jehanne icelle mesme nuyt
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par faulte de pansement ou aultrement ala de vie
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a deceix. Duquel cas, la femme dudit Le
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Comte a obtenu de nous noz lettres d'abolicion
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et pardon. Et a l'occasion dicelluy, ledit Le Comte
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s'est desoncq puix rendu fugitif. Si nous
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remonstrent oultre que ledit Olivier Le Comte
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a esté auparavant ledit cas advenu bien vivant
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et soy gouvernant sans jamais avoir esté
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accusé ne actainct d'aulcun aultre mauvaix
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cas digne de reprehencion et qu'il est pouvre
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home de mestier, chargé de femme et cinq petitz
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enfans, soubz l'aige de neuf ans, qui n'ont
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de quoy vivre ; et noze soy reparoir, converser
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ne habiter oudit cartier avec sesdits femme et
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enfans, doubtant estre apprehendé par justice
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et accusé dudit cas. Nous suppliantz qu'il nous
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plaise en l'honneur de la Passion de dieu avoir
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sur ce esgard et dudit cas luy impartir
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et conceder nos lettres de remission et pardon
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tres humblement requerant icelles. Pourquoy
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nous, etc.

Lescouet