21 janvier 1530 [21/01/31]
<10 recto>
Remission pour Michel Delahaye, la
verificacion a la court de Rennes dont la
teneur ensuilt.
[1] Francois,
etc, a tous
presens et a venir, salut. Savoir faisons
[2] nous avoir receu l'humble
supplicacion et requeste des parens
[3] et amys consanguins de Michel Delahaye, pouvre jeune
homme
[4] cousturier de l'aige de vingt ans ou envyron, detenu prisonnier
[5] es prisons de
notre court de Rennes,
Contenant que le troysieme
jour
[6] de novembre dernier ou envyron, celuy temps sur le vespre, et
[7] ung peu avant la nuyct fermee
dudit jour,
ledit Delahaye
[8] estant en la parroisse de Noyal sur Villaigne pres le carefour
[9] du villaige des Forges ou
pour lors il demouroit
et faisoit
[10] sa residence, aperceut ung homme de l'aige d'envyron trante
[11] ans qu'il ne congnoissoit lors
et depuis, a ouy dire qu'il
[12] avoit nom, Jehan Cognyn, maczon, lors demourant en la
[13] parroisse de
Chateaubourg portant une arbalaistre sur l'une
[14] de ses epaulles
et en sa main ung baston de boys, auquel
ledit
[15] Delahaye demanda a qui estoit
ladite arbalaistre. A quoy
[16] ledit Cougnyn respondit
arrogantement et
contenance fiere :
[17] « Que t'en fault- il ? Elle est a moy. » Quoy voyant
ledit
[18] Delahaye courroucé de
ladite responce
et contenance dudit Cognyn,
[19] dist a deux compaignons, lors estans avecque eux, par
[20] telles ou semblables parrolles :
« Voyez la ung fier et
[21] rude villain, il fault luy oster l'arbalaistre », demandant
[22] ledit Delahaye
audit Cognyn quelle part il alloit. A quoy
[23] ledit Cognyn luy respondit en fierres
et arrogantes
parrolles :
[24] « Que t'en peult-il challoir* ? » De laquelle responce
ledit Delahaye
[25] fut despit
et couroucé, il qui lors estoit eschausfé de vin.
[26] Et sur ce, se departirent et alla
ledit Cognyn se loger
pour
[27] celle nuyct ches un nommé Michel Raval, hostelier
[28] demourant
audit villaige des Forges. Et le lendemain bien
[29] matin et envyron le point du
jour, come
ledit Delahaye
[30] s'en venoit de la maison d'un
nommé Dalibart
et tirant le grant
[31] chemyn pour aller a
notre ville de Rennes, il rencontra
[32] davanture pres la chaussee de l'estang de Gosves
ledit Cognyn
[33] avec lequel il avoit eu le jour precedant
lesdites parrolles,
[34] garny de
ladite arbalaistre
et dudit baston de boys, auquel
ledit
[35] Delahaye demanda a qui estoit
ladite arbalaistre, et
ledit
[36] Cougnyn respondit :
« Que en as-tu assez ? » et s'efforcza a luy
[37] Cognyn de frapper celluy Delahaye
dudit baston de boys.
[38] Quoy voyant
ledit Delahaye evagina une
rappiere ou espee
[39] que lors il avoit a son costé, et rua troys coups
contre ledit
[40] Cognyn dont il fut bleczee en la teste
et quelque peu au
<10 verso>
[41] visaige
et en la gorge, desquelles playes yssut
[42] sang et print
ledit Delahaye
ladite arbalaistre
que
[43] tenoit celuy Cognyn
et la gecta pres ung buisson et
[44] haye d'une piece de terre pres et es envyrons de
ladite
[45] chaussee et apres s'en alla par
ledit grant chemin en
[46] notredite ville de Rennes ou le suivit
ledit Cognyn. Et eulx
[47] y arryvez, fist celuy Cognyn
doleance aux officiers
[48] dudit Rennes
desdits esceix et fut
ledit Delahaye a
instance
[49] de
notre procedure dudit Rennes
constitué prisonnier es prisons
[50] dudit lieu de Rennes esquelles depuis il a esté
et est detenu
[51] en grant misere
et calamité a pain et eaue, et a eu
[52] la torture une foiz. Et nous ont oultre remonstré
[53] lesdits supplians que
ledit Cognyn a esté satisfaict et
[54] est sain
et gaillart et n'a esté
aucunement reduict
[55] inutille a l'
occacion desdites bleczeurres, et
que auparavant
[56] ledit cas avenu
audit Delahaye, iceluy Delahaye estoit
[57] honneste jeune homme de bon rest
et gouvernement sans
[58] jamais
avoir esté actaint ne convaincu
d'aucun villain
[59] cas, ne mauvais cas. Toutesfoiz, doubtent
lesdits exposans
[60] que
notre procedure dudit Rennes auquel a esté le proces decreté
[61] contre
ledit Delahaye voulesist suyvir la
conclusion criminelle
[62] quel a prins contre luy et que a celle
cause ledit Delahaye fust
[63] pugny
dudit cas a rigueur de justice si par nous ne luy
[64] estoit impartir nos
lettres de grace, remission et pardon tres humble,
[65] le nous requerant. Pourquoy nous ,
etc, la verifficacion
[66] a la court de Rennes.
Mandart