4 février 1530 [04/02/31]
<15 verso>
Remission pour Jehan Lefelle, seigneur de
Guebriend, la verificacion a la court
de Lamballe, pour la teneur ensuilt.
[1] Francois,
etc, a tous
presens et a venir, salut. Receu
[2] avons l'humble suplicacion
et requeste des parens et amys
[3] de Jehan Lefelle, jeune
gentilhomme, Sr du Guebriend de
[4] le age d'envyron vingt ans, l'un des hommes d'armes de
[5] noz
ordonnances soulz la charge
et conduicte de
notre tres cher
[6] et amé cousin le
Sr de
Chateaubriend,
Contenant que, ou
[7] moys de septembre derroin,
ledit Lefelle acompaigné
[8] de deux ses serviteurs se transporta en la ville de Sainct
[9] Brieuc a ung
jour de foire
pour aucuns ses
afferes. Et il
[10] estant quelque peu emboité de vin, garny d'une rondelle
[11] et espee, eut celuy
jour question et debat avecq ung
[12] nommé Michel Legal, armeurier demourant en la ville de
[13] Sainct Brieuc, touchant
quelques couteaulx et ouvraige du mestier
dudit Legal
[14] et ou debat
et question d'entreulx
ledit Lefelle, eschaufé
et emboyté de vin,
[15] comme dit est, jura
plusieurs fois dieu qu'il tueroit ledit Legal. Lequel
[16] fouyt en sa maison en
ladite ville de
Saint Brieuc
et ferma ses huis et
[17] fenestres
lesquelles ledit Lefelle s'esforcza de rompre avec l'ayde de
[18] sesdits deux serviteurs pour devouar oultraigé
ledit Legal. Durant
[19] lequel debat, estant
ledit Lefelle fort eschausfé
et couroucé et
[20] ayant l'espee nue en sa main, sourvint illec Pierres Vuclou,
[21] Sr du Poutalasne, quel voulut
par parolle impescher
ledit Lefelle
[22] de
faire oultraige
audit Legal appellant
ledit Lefelle, Monsieur,
[23] et luy disant
que se ne luy seroit point d'honneur de voulloir
[24] oultraiger
ledit Legal
et qu'il s'en estoit fuy devant luy
[25] et qu'il n'y avoit plus que les femmes. Surquoy
ledit Lefelle,
[26] eschauffé
et couroucé, luy demanda s'il vouloit excuser ledit
[27] Legal et porter sa querelle, luy disant que s'il vouloit excuser
[28] se meschant, parlant
dudit Legal, qu'il le tueroit tout plat.
<16 recto>
[29] A quoy luy respondit
ledit Vuclou :
« Pourquoy me tuerez-
[30] vous ? Non ferez ; j'en ay veu de plus roides ou ruddes que vous
[31] queulx ne me ont pas tué. » Et tout incontinent
lesdites parolles
[32] dictes, ledit Lefelle ayant son espee tiree
esvaginee,
[33] en rudes
et rigoreusses
parolles dist
audit Vuclou :
« Si feray. »
[34] Et se
approcha dudit Vuclou qui tira aussi son espee hors
[35] du fourreau et luy
et ledit Lefelle s'entreruerent chacun
[36] son coup destoc duquel coup
que rua
ledit Lefelle, il frapa
[37] ledit Vuclou au ventre dont yssut esfusion de sang,
[38] a raison duquel coup, celuy Vuclou
dedans troys jours
[39] ensuyvans decesda. Et a celle
cause,
ledit Lefelle
[40] s'est rendu fugitiff, sur lequel cas a esté ledit
[41] Lefelle ajourné pluseurs foiz, tant a la court de
Moncontour
[42] que par l'auditoire de noz
chancelerie et
conseil de
cedit pays et
[43] duché, respondit tant au
procureur general de cedit pays
[44] que au
procureur de ladite court de
Moncontour et parties interessees
[45] ausqueulx
adjournemens, il a deffailly par pluseurs foiz
[46] et prinse de corps
commandee sur luy quelle n'a esté
[47] executee par la fuyte
dudit Lefelle qui est clerc
[48] tonsuré
[?solu?] non marié et nous ont, oultre
lesdits
[49] supplians, remonstré que ledit Jehan Lefelle est
[50] dudit eage d'envyron vingt ans, homme d'armes
[51] de
nosdites ordonnances, soubz la conduicte
et charge de
notredit
[52] cousin, le seigneur de
Chateaubriend, bien dispos de sa personne,
[53] ayant bon voulloir de nous servir en noz guerres en
ensuyvant
[54] l'estat de ses pere, ayeut que autres ses
predecesseurs quelz
[55] de tout temps ont esté au service de nous
et nos predecesseurs,
[56] ducs
et princes de
cedit pays et duché, au faict de leurs guerres
[57] et qu'il n'a jamais esté reprins d'aucun mauvais cas digne
[58] de punition corporelle autre
que celuy de
present quelle a esté
[59] faict en chaude colle et n'avoit eu
lesdits Lefelle
et Vuclou
[60] auparavant aucune querelle ne
question ensemble et
que il
[61] doubtent que on vielle proceder a rigueur de justice
contre ledit Lefelle,
[62] si par nous ne luy estoit
dudit cas
imparty nos
lettres de grace, remission
[63] et
pardon, tres
humblement les nous requerans. Pourquoy,
[64] etc. Et au bas de la remission sont escript ses mots et ce
que dessus
[65] [?parlais?], pourveu
que ledit Lefelle sept tenu de bailler et
faire delivrer,
<16 verso>
[66] pour l'honneur de dieu, a l'opital de
[?ceste?] notre ville de Nantes
[67] et aux seurs de Saincte Clere, a
chacun cent soubz
tournois dont il sera
[68] tenu
a paroir* quictance a
notredit sennechal de Lemballe au jour
que ledit Lefelle
[69] presentera devant luy
[?ceses?] noz
presentes lettres de grace données
[70] comme dessus.
Mandart