Rémission pour Maurice Grenouilleau

Registre B34 Lettre n° 16

30/03/1531 [30/03/1532]

<68 recto>
[1]
Francois, etc, a tous presens et advenir, savoir faisons
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nous avoir receu l'humble supplicacion et requeste des parens
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et amys consanguins de Maurice Grenouilleau, boucher,
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demeurant en la ville de Cliczon en la parroisse de La
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Trinité dudit lieu, Contenant que le jour de la presentacion
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Notre Dame ou moys de decembre derroin, environ l'heure
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de troys a quatre heures apres medy dudit jour,
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Guillaume Pincemye, Yvon Raoul et ledit Grenoilleau
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allerent ensemblement boyre en la maison de
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Francoys Curmeraye et sa femme tenans taverne en
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ladite ville de Cliczon. Et environ une heure apres
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arriverent en icelle maison ung nommé Yvon
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Georgelin, maczon, Yvon Nycolas et Guillaume Porcher, <68 verso>
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sergent, quel Porcher fist scavoir arrest sur
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la jument dudit Yvon Raoul a instance dudit Georgelin
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lequel et ledit Yvon Raoul de leur differant
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voullurent [?croire?] lesdits Grenoilleau et Pincemye
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a peine de deux soulz six deniers de chacune parrt. Et
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apres ledit Georgelin avoir beu a l'escot dudit Grenoileau,
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s'en alla icelluy Georgelin boyre a l'escot de
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Jacques Cormeraye, frere dudit Francois Cormeraye qui
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tenoit ladite taverne, avecq lequel bevoit ung
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nommé Benoist Gobin, et eulx estans ainsi
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bevans et mengeans ensemble, sourdit noyse
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entre ledi Jacques Cormeraye et ledit Georgelin
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touchant la contribucion au paiement de quatorze
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deniers pour leur escot durant lequel debat
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fut cassé une tasse de terre qui estoit audit
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Jacques Cormeraye. A raison de quoy s'entre-
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injurierent et pousserent l'un l'autre tellement
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que ledit Jacques Cormeraye cheut en la
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chemynee quel donna ung coup de pierre
[33]
sur le visaige dudit Georgelin dont yssyt
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effusion de sang, et ce voyans lesdits Francois
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Cormeraye et sadite femme monstrans estre
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desplaisans duditdebat, donnerent deux ou
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troys soufflectz audit Jacques Cormeraye,
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frere dudit Francoys et le firent monter au
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hault et plancher de ladite maison. Et par apres,
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ledit Georgelin print ledit Francois Cormeraye
[41]
au poil et luy donna ung coup sur la joue,
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et lors les femme et deux jeunes serviteurs
[43]
dudit Francois Cormeraye commencerent a faire
[44]
grant cry l'un disant : « Il tue mon pere ! », l'autre :
[45]
« Il tue mon oncle ! » et lors descendirent
[46]
du hault de ladite maison ung nommé Raoullet
[47]
Guerin qui estoit a boire au hault de ladite maison <69 recto>
[48]
et ledit Jacques Cormeraye lesquelz et lesdits Grenoilleau,
[49]
Pincemye, Gobin, Mathurin Brochart, Pierres Letournoux
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et autres qui bevoient au bas de ladite maison ensemble,
[51]
et la femme dudit Francois Cormeraye prindrent
[52]
ledit Georgelin les ungs par le collet, autres par
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les espaulles et autres par le poil et en le
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poussant et frappant le misdrent hors
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de ladite maison et estoit lors environ huit
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ou neuf heures du soir. Quel Georgelin
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estoit sanglant de coups qui luy avoient
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esté donnez par aulcuns des assistans oudit
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conflict et ne se soustenoit plus quant il
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fut ainsi gecté sur le pavé. Et apres le y avoir
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mis, retournerent boire en ladite maison et
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environ neuf ou dix heures dudit soir, les
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dessurdits et Grenoilleau sortans hors ladite maison
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pour s'en aller et retirer a leurs maisons,
[65]
iceulx Francois et Jacques Cormeraye leur
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dirent que ledit Georgelin estoit mort et qu'ilz
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l'auroint caché en ung fumyer, les prians de
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leur ayder a le gecter en la ripviere de
[69]
Saevre qui estoit illecq pres. Ce que les dessusdits
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et ledit Grenoilleau firent et y fut trouvé
[71]
environ troys sepmaines apres. A raison de quoy,
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s'est ledit Grenouilleau tenu dempuis en franchise.
[73]
Nous remonstrent lesdits supplians que ledit Grenoileau
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ayda seullement a pousser et mectre ledit
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Georgelin hors ladite maison sans qu'il luy
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donnast aulcun coup et qu'il ne congnoissoit
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auparavant ledit Georgelin et n'avoit aulcune
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hayne ne querelle contre luy. A raison duquel
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cas, partie des dessurdits ont esté pugniz
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corporellement et que auparavant icelluy ledit Grenoileau
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estoit de bon gouvernement sellon son estat et [?vacacion?]
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sans avoir esté actainct ne convaincu d'aulcun autre
[83]
mauvais cas et nous ont tres humblement suplyé <69 verso>
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et requis, impartir audit Grenoilleau dudit cas noz
[85]
lettres de grace, remission et pardon. Pour ce est-il
[86]
que nous ces choses considerees, etc.

Darande