08/04/1530 [08/04/1531]
<57 verso>
Remission pour
Pierres Couldray
de meurtre
commis en la
personne de
Jehan
de Loriere, la
verificacion au
senechal de
Rennes.
[1] Francois,
etc, a tous
presens et a venir, salut. Savoir
[2] faisons, nous
avoir receu l'humble
supplicacion et requeste
[3] des parens et amys consanguins de
notre subgect
[4] Pierre Couldray a
present detenu prisonnier es prisons
[5] et chateau de Viltré, Contenant que, envyron la vespre du
[6] jeudi sarziesme
jour de mars
dernier,
ledit Coudray alla
[7] querir certain numbre d'avoine laquelle il et
[8] Michelle Symon avoint mist a secher en ung four estant
[9] pres leur
demourance et en s'en retournant
ledit Coudray
[10] chargé sur sa teste de
ladite avoine
et passant par ung
[11] chemyn pres
sadite demourance ou villaige de la Mormaye
[12] en la
paroisse de Ballazé, se trouva au devant de luy ung
[13] nomé Jehan de Lorriere estant lors garny d'un boulge
*
[14] convenable a plesser
* et coupper boys, lequel tout esfrene
[15] dist
audit Couldray
par telles ou semblables
parrolles :
[16] « De ou viens-tu ? » A quoy iceluy Couldray luy respondit :
[17] « Je viens de querir mon avoine du four. » Et surtout
[18] ledit Lorriere demanda pareillement
parr telles ou
[19] semblables parrolles :
« Qui a ce este qui a rompu la haye
[20] de mon champ ? » A quoy
ledit Couldray respondit
et dist
[21] que il n'en savoit riens et non content de ce, iceluy
[22] de Loriere dist
audit Couldray :
« Par le sang dieu, vous
[23] le savez bien pour quelle cause avez-vous haye et este
[24] court la ! » en parlant d'une haye laquelle
ledit
[25] Couldray avoit puix deux ans derroins planté
[26] en une court et heritaige l'un
apartenant oudit villaige de
<58 recto >
[27] La Mormaye. Ausquelles
parrolles ledit Couldray
[28] respondit
et dist qu'il n'avoit rien faict ne planté
[29] que en son heritaige, en l'
endroit de quoy
ledit de
Loriere
[30] garny d'un boulge,
commancza a marcher droit
[31] a
ladite haye assez pres
dudit chemin disant derechef
[32] parr telles ou
semblables parrolles :
« Par le sang dieu !
[33] Je l'en tireray bien. » Et des lors,
iceluy de
Loriere avec
[34] ledit boulge, rompit quelque quantité du boys de
ladite
[35] haye, et voyant
ledit Couldray le tort que luy
[36] faisoit
ledit Loriere de ainsi rompre
sadite haye, print
[37] et se saisit iceluy Couldray de deux pierres
et les
[38] rua
et jecta droit
audit Loriere esperant le
fere retirer
[39] et cesser de plus rompre
sadite haye sans avoir dicelles
[40] pierres actaint
ledit Loriere, et
parreillement print
[41] iceluy
Loriere et se saisit d'une pierre en l'une de ses
[42] mains
et icelle rua
et jecta droit
audit Couldray sans
[43] l'actaindre ne frapper et
incontinent icelluy
Loriere
[44] non contant de ce, garny
dudit boulge
commancza a courir
[45] droit
audit Couldray disant
par telles ou semblables
[46] parrolles :
« Par le sang dieu, je vous auray. » >Par quoy
[47] iceluy Couldray se retira en
sadite maison et derechef
[48] ledit Loriere retourna a
ladite haye quelle il rompoit avec
[49] ledit boulge. Quoy voyant,
ledit Couldray sortit lors
[50] sadite maison, sans aucune verge ne baston et il estant
[51] pres
ladite haye, dist
audit de
Loriere qu'il ne faisoit pas
[52] bien de ainsi rompre
sadite haye, a raison de quoy
[53] iceluy
Loriere courut derechef apres
ledit Couldray
[54] garny
dudit boulge disant :
« Je vous ay a ce coup, »
[55] tendant iceluy de
Loriere empescher
ledit Couldray de
[56] ne se retirer en
sadite maison en s'aprochant de
[57] l'uys du bouge dicelle maison qui estoit fermé.
[58] Et ce voyant,
ledit Couldray se jecta
parr l'huys d'une
[59] petite estable
estant en icelle maison
et il y entra,
[60] bouta et ferma
ledit Couldray l'huys dicelle estable
[61] et incontinent ouyt que icelluy de
Loriere avecq
ledit
[62] boulge frapoit a force contre
ledit huys du bouge de
ladite
[63] maison qui estoit de petite force qu'il en esleva et
[64] entre l'ouvrit quelque peu, et alors s'aprocha
ledit
<58 verso>
[65] Couldray et
aperceut la teste
et bien la moictié
[66] du corps
dudit de
Loriere qui s'esforczoit entrer en
[67] ladite maison estant garny
dudit boulge disant
[68] derecheff iceluy de Loriere :
« Par le sang dieu ! [?ay
[69] a ce coup.?] » Et voyant iceluy Couldray
ledit Loriere
[70] ainsi esfrené et de crainte que s'il eust entré en
[71] ladite maison qu'il luy eust faict oultraige, print
[72] et se saisit iceluy Couldray d'un baston ferré qu'il
[73] trouva ches luy
et diceluy baston frappa ung
[74] coup en la gorge
ledit de
Loriere en
maniere qu'il le feust
[75] retirer de l'entrée
dudit huys et sur tant iceluy
[76] Couldray redrecza l'huys dicelle maison. A raison
[77] duquel coup ainsi arrivé de malle fortune,
ledit
[78] de
Loriere parr deffault de secours, pensement ou
[79] aultrement celuy
jour alla de vie a trespas. Nous
[80] remonstrans oultre
lesdits supliants que ledit Couldray est
[81] chargé de femme et troys petits enffens
et que
[82] jamays il ne
commist ne
perpetra autre cas disgne
[83] de reprehention que le
present duquel il a esté accusé
[84] par le
procureur dudit Viltré et diceluy a esté
[?devyeur?],
[85] doubtant rigueur de justice, nous
supplians lesdits
[86] exposans qu'il nous plaise
dudit cas impartir
[87] et octroyer
audit Couldray noz
lettres de grace, remission
[88] et pardon, tres humblement le nous requerant,
et pourquoy
[89] nous, etc, la
verrificacion a Rennes.
Derien