13/10/1531
<187 recto>
Remission pour Jacquemyn Utier, Morice Crain,
de la parroisse de Nort, et Michel Guerrelays,
v
de la parroisse de Maydon, dont la teneur
ensuilt.
[1] Francois,
etc, a tous
presentz et advenir, salut. Savoir
[2] faisons, nous avoir receu l'
humble supplicacion
[3] et requeste des parens
et amys
consanguins de
[4] Jacquemyn Utier, Morice Crain de la
parroisse de Nort,
<187 verso>
[5] et Michel Guerrelays de la parroisse de Maydon ou diocese
[6] de Nantes, Contenant que le dix
septieme jour d'aougst
derroin,
[7] ung nommé Olivier Ircet se trouva ou bourg de Nort en
[8] la maison dudit Jacquemyn environ neuf heures du matin
[9] et apres ceulx Ircet
et Jacquemyn avoir eu
ensemble
[10] aulcuns propos, entre aultres parolles
ledit Ircet donna
[11] a entendre
audit Jacquemyn que
Guillaume Morel,
Sr de
[12] La Muce, et Julien Lorient,
Sr de La Bandree, avoint
[13] promis se rendre le lendemain au bourg de Guemené ou en
[14] la maison du
Sr de Callac demourant pres
ledit bourge,
[15] pour recepvoir argent
et poyement de la vendicion
[16] fecte a Francois Paris du lieu de La Muce situé en
[17] la
parroisse de Jans. Et pourtant que
lesdits
[18] Jacquemyn Utier, Olivier Ircet
et Julien Lorient
[19] sont mariez aux seurs
dudit Guillaume Morel,
Sr de la
[20] Muce
et que a
chacune de
leursdites femmes compectoit
*
[21] oudit lieu de la Muce quelque part
et porcion,
[22] dist
ledit Ircet
audit Ircet[sic] que s'il voulloit avoir
[23] sa part
dudit poyement
que il luy estoit requis
[24] se trouver
et rendre le lendemain dicelluy jour en
[25] la maison
dudit Callac. Quoy entendu par
[26] icelluy Jacquemyn
et que naturellement
chacun
[27] convoyte esliger
* et preserver le sien,
[28] ledit Jacquemyn se
partit de sa maison
estant
[29] audit lieu de Nort et mena pour luy tenir
[30] compaignie ung jeune compaignon texier en linge,
[31] nommé Morice,
et s'en allerent audit lieu et
[32] maison de Callac pres Guemené distant de troys
[33] ou quatre lieues
dudit lieu de Nort, en la salle
[34] basse duquel lieu, trouverent cousché sur
[35] ung banc,
ledit Sr de Callac
avecques lequel estoit
[36] Michel Guerrelays, aultrement appellé Foaye,
[37] quel
ledit Ircet avoit mené le
jour precedant
<188 recto>
[38] pour prandre gré d'une
procuracion comme notaire de sa
[39] femme
demourant lors
audit lieu de Guemené
pour ce que
[40] ladite femme Ircet avoit aussi droit en la baillee
[41] dudit argent
comme fille de
ladite maison de la Muce.
[42] Et apres
ledit Jacquemyn estre ainsi arryvé en la
[43] maison
dudit Callac, salua
ledit Callac
et Foaye
[44] et aultres estans en icelle maison
et accorderent
qu'ilz
[45] soupperent ensemble
ledit jour
audit lieu et maison
[46] actandant le fournissement
dudit poyement quel
[47] poyement ne se peult
fere obstant l'
absence d'aulcuns
[48] des y ayans interestz et en souppant
ledit Callac dist
[49] telles parolles :
« J'ay ung prebtre cy-aupres qui se nomme
[50] dom Guillaume Teheel et deux siens varletz qui m'ont
[51] batu et mutillé sur la levee d'un pré. » Et aupres
[52] avoir esté quelque peu eschauffez de vin, tendans
[53] lesdits Jacquemyn, Fouaye et Morice
fere plaisir
audit
[54] Callac qui les pria d'aller veoir
ledit Teheel
et que
[55] s'ilz luy eussent voulu
fere plaisir qu'ilz le lui eussent
[56] amené et rendu
audit lieu et maison de Callac.
Pour
[57] obeir auquel Callac,
lesdits nommez prindrent
chacun son
[58] baston de boys
oultre leurs espees dont ilz estoint
[59] garniz
et porta
ledit Fouaye la javeline
dudit Callac
[60] tendans seullement complaire
audit Callac lequel
[61] leur avoir baillé ung homme pour les
conduire
[62] a la
demourance dudit Teel,
prebtre. Et ainsi qu'ilz furent
[63] arrivez pres la maison
dudit prebtre, ilz apperceurent
[64] l'un des
serviteurs diceluy
prebtre et incontinent en l'instant
[65] lesdits Jacquemyn et Morice se misdrent en ung
[66] buisson pres la maison
dudit prebtre ou estoit icelluy
[67] prebtre et apres ce, s'en alla
ledit Fouaye droit a la
[68] maison
dudit prebtre le premier et
lesdits Jacquemyn
[69] et Morice le suyvyrent et trouverent ung
<188 verso>
[70] aultre
serviteur qui amassoit le faing dont estoit
[71] question
et debat entre
lesdits prebtre et
Callac, quel
[72] serviteur eut peur d'eulx et s'enfuyt
et alors ledit
[73] Morice monta sur
ledit faing
et en abatit environ
[74] ung
[?fieix?] ou deux. Et estimant lors
ledit Teel,
prebtre,
estre
[75] en sa maison ou touteffoiz ilz ne le trouverent,
[76] ains trouverent son huys devant fermé contre
[77] lequel huys
chacun d'eux bailla ung coup de pied
[78] tellement que
ledit huys qui n'estoit gueres
[?fore?]
[79] se ouvrit
et entrerent tous en la maison
et en icelle
[80] trouverent une huche en laquelle ilz trouverent
[81] ung hachereau duquel frapperent quatre ou cinq
[82] coups en quatre ou cinq bassins, savoir en ung
[83] chacun bassin ung coup sans aulcunement les emporter
[84] ne mectre hors
ladite maison. Aussi rompirent
[85] une buye
* et ung buyer qui bien valloient quatre
[86] soulz
et donnerent troys coups de hachereau en
[87] une claveure d'une trappe et la froisserent,
[88] quelle povoit bien valloir quatorze deniers
[89] sans l'ouvrir pensans que
ledit prebtre feust enfermé
[90] dedant le soulier de
ladite maison pour le
fere descendre
[91] a quelque bon appoinctement avecques
ledit de Callac.
[92] Davantage
lesdits Jacquemyn Utier, Morice,
[93] Crain et Michel Guerrelays rompirent en
ladite
[94] maison ung
[?bouxeau?] et ung
[?saz?] sans les
[95] emporter ne hoster
ladite maison qui bien valloient,
[96] savoir
ledit bouxeau deux soulz au plus
et ledit saz,
[97] sep ou huit deniers.
Et entrerent en une chambre
[98] basse de
ladite maison quelle ne fermoit o cleff
[99] et en icelle chambre ne ferrent aulcune
<189 recto>
[100] chose fors seullement
qu'ilz froisserent troys ou
quatre
[101] pieczes de vieille vexelle d'estain
comme platz
et escuelles
[102] et prindrent
seullement dicelle maison ung petit hachereau
[103] et une fourche de fer qui bien povoient valloir seix
[104] soulz au plus ; lesquels ilz porterent
audit lieu de Callac
[105] duquel lieu ilz prindrent leur reffection, coucherent
[106] et leverent.
Et le lendemain s'en allerent au bourg de
[107] Guemené par le
commandement dudit Sr de Callac oultre
[108] leur voulloir et
neanlzmoins que en leur couraige ilz
[109] en feussent assez
chacun d'eulx desplaisans et leur
[110] dist
ledit de Callac
entre aultres qu'ilz eussent demandé
[111] ledit dom
Guillaume Teel,
prebtre,
et qu'ilz beussent
[112] par toutes les tavernes a ses enseignes
et qu'il poiroit
[113] tout. Et alors s'en allerent
oudit bourge de Guemené
[114] auquel lieu, ilz et
chacun jurans
et faisans
[115] grans sermens s'enquirent avecq les
[?y?] estans ou estoit
[116] ledit prebtre tort
et boytoux qui avoit batu les
gentilzhommes.
[117] Et ce en
presence du
serviteur dudit de Callac qui tousiours
[118] les
conduysoit et devant
ledit serviteur disdrent
[119] aulcuns
desdits Utier, Crain et Guerrelays qu'ilz
[120] auroint la teste
dudit prebtre affin que le
serviteur
[121] dudit Callac l'eust recité a
sondit maistre. Et
[122] disdrent oultre a aulcuns
dudit bourg a eulx
incongneuz
[123] que s'ilz eussent trouvé
ledit prebtre, ilz n'eussent fait
[124] que boyre ung pot de vin o luy et ne luy voulloient
[125] fere aulcun mal fors seullement quelque peur et
[126] en l'endroit bailla le
serviteur dudit de Callac
[127] audit Morice une petite couleuvrine ou harquebute
[128] de laquelle fut tiré
oudit bourg deux ou troys coups
[129] chargee de papier seullement sans avoir intencion
<189 verso>
[130] de
fere mal ne desplaisir a
personne. Davantaige le soir
[131] dudit jour, se trouva au logis
desdits Jacquemyn Utier,
[132] Morice Crain et Michel Guerrelays
oudit bourg ches
[133] ung
sergent nommé Blanchart, ung jeune
prebtre auquel
[134] ilz demanderent si c'estoit luy qui avoit nom : dom
Guillaume
[135] Teel ; lequel respondit que non. Et apres celles
[136] parolles beurent
ensemble en
ladite maison et
apres
[137] avoir ainsi beu,
ledit jeune
prebtre tira une petite
[138] bourse qu'il avoit avecques luy et sur ce, bourse
[139] jouoit et tournoit une piece d'argent qui sembloit
[140] a ung testou, laquelle piecze
ledit Jacquemyn
[141] demanda a voir en se jouant avecq
ledit jeune
prebtre
[142] et luy dist :
« Je vous en bailleroy le change. » A quoy
[143] se courroucza
ledit jeune
prebtre appellans
ledit
[144] Jacquemyn :
« Larron ! » Quoy voyant icelluy
[145] Jacquemyn
ledit jeune
prebtre estre couroucé sortit hors ladite maison apres luy et assez
[146] humblement luy offrit
sondit testou ce que
[147] resfuza
ledit prebtre. Sur lequel resfuz le luy gecta
[148] ledit Jacquemyn contre luy et
pour ce que
ledit
[149] prebtre scandalisoit
ledit Jacquemyn sans propos
[150] se esmeut icelluy Jacquemyn et reprint
[151] ledit testou et le gecta sur une maison dudit
[152] bourg et ne sceyt si
ledit prebtre le recuillit
[153] ou non. Et ce faict, se departit d'
avecques lesdits
[154] Jacquemyn Utier, Morice Crain et Michel
Guerrelays,
[155] le
serviteur dudit de Callac et emporta
ladite
[156] couleuvrine priant
lesdits Utier, Crain et Guerrelays
[157] de retourner
audit lieu de Callac, ce qu'ilz ne firent,
[158] ains couscherent ches
ledit Blanchart et le
lendemain
[159] dudit jour s'en retournerent
lesdits Utier, Crain et
Guerrelays
[160] par la maison de Brieud Des Boys en Derval tirans a
[161] leurs
demeurances, auquel lieu furent prins et menez au
<190 recto>
[162] chateau dudit Derval ou ilz furent
constituez prinsonniers
[163] et mys
entre les mains des officiers ou le delict avoit
[164] esté commis. A raison desquelz cas sont
lesdits Utier,
[165] Crain et Guerrelays longtemps a detenuz prinsonniers
[166] en grande destresse
et calamité , enferez
[167] de gros fers, a pain et eau, es prinsons de Foulgere.
[168] Lesquelz
auparavant lesdits cas adevenuz n'avoient jamais
[169] commis aulcun aultre cas, blasme ne
reproche et sont
[170] jeunes gens, chargez de femmes
et petitz enfans, ausquelz
[171] conviendra en brief aller
mendicquer s'il est
[172] vers eulx
proceder a rigueur de justice. Nous
[173] supplians qu'il nous plaise a tout ce que dessus
avoir
[174] esgard
et consideré que tout leur voulloir n'estoit
[175] que a
fere audit prebtre condescendre a quelque
[176] bonne paix
avecques ledit Callac
et que jamais
[177] ilz n'avoient esté reprins par justice d'aulcun
[178] vice
desdits cas impartir
et octroyer ausdictz
[179] Jacquemyn Utier, Morice, Crain et Michel
[180] Guerrelays, nos lettres de grace, remission
et pardon,
[181] tres humblement, le nous requerant.
Pourquoy
[182] nous,
lesdites choses
considerees,
etc.
Mandart