13/09/1532
<187 verso>
Remission pour Gilles Lagogne de la parroisse de
Loupuigné, la
verifficacion aux juges de
Foulgeres.
[1] Francois,
etc, a tous
presens et a venir, Salut.
Savoir faisons,
[2] nous
avoir receu l'
humble supplicacion et requeste des parens
[3] et amys consanguins de
notre subgect Gilles Lagogne
[4] originaire de la parroisse de Loupuigné
et demourant
[5] en la
parroisse de Basouge en
notre baronnye
[6] de Foulgeres,
Contenant que le mercredi
[7] xxviiime
jour du moys d'aougst
derroin,
ledit Legogne
[8] fust allé au marché en la ville de Sainct Hilaire
[9] de la Harcouet ou pays
et duché de Normandie
[10] pour y exposer des cuirs tannez en vente
[11] pour ce que il est
tanneur de cuirs. Auquel
[12] jour de mercredy y avoit marché publicque
[13] en
ladite ville qu'est a
distance de sa
demeurance
[14] de deux lieues ou
environ. Et en icelluy
[15] mesme lieu
et marché fust
pareillement
[16] allé ung nommé Gilles Marchant, aussi
[17] tanneur de cuirs de
ladite parroisse de Loupuigné,
[18] propicque
* de
ladite parroisse de la Basouge,
[19] pour vendre
et exposer des cuirs que
[20] y avoit portez en vente. Et apres que
[21] les
dessusdits eurent faict
leurs negoces
[22] et afferes, ainsi que s'en
retournoint separement
[23] dudit marché
comme environ deux ou
[24] troys heures apres le mydy
dudit jour
[25] en faisant chemyn vers leurs maisons,
[26] se rendirent au bourg des Loges qu'
estoit
<188 recto>
[27] leur droit chemyn a s'en aller a
distance dudit
[28] Sainct Hillaire d'une lieue ou
environ, auquel
[29] mesme lieu des Loges.
Et au-devant d'une
[30] taverne d'ung
nomé Bastien Gaultier oudit
bourg, se
[31] trouverent
plusieurs autres
personnes desdites paroisses
[32] de La Basouge
et de Louipuigné, s'en retournans
[33] dudit marché de
Saint Hillaire,
et entre
autres :
[34] ung
nomé Jehan Gougeon, Denys Thomas,
[35] Guillaume Raoul, dom Robert Oblyogne et
autres,
[36] lesquelz
dessusdits et chacun et autres ainsi
[37] assemblez, se arresterent en ung jardrin et
[38] court devant
ladite maison
et taverne ou ilz
[39] beurent du cydre
et prindrent quelque
[40] reffection sans ce que aulcun de
ladite compaignie
[41] eust debat ne querelle a aulcun autre.
[42] Et ainsi, y furent l'espace d'une heure
[43] ou envyron
pour fere ensemble bonne
chere pour ce qu'ilz
[44] estoient d'un pays
et d'un cartier et bons amys.
[45] Et apres, se partirent a s'en venir
asemblement
[46] jucq a de ce que furent entrez en ce
notredit pays
[47] ou y avoit
distance depuix
ledit lieu des Loges
[48] demye lieue ou
environ. Et eulx ainsi
entrez
[49] en
cedit pays,
lesdits Gilles Lagogne
et Gilles Merchant
[50] qu'eulx estoient parens
et amys, se prindrent
[51] a marcher
ensemblement pour ce que les ungs de
ladite
[52] compaignie alloient devant
et les
autres derriere
[53] d'un troict d'arc ou
environ. Et pareillement
[54] aulcuns
autres de
ladite compaignie s'estoient
separez
[55] pour s'en aller le droict chemyn a leurs maisons.
[56] Et
pareillement ledit Lagogne tendoit a s'en aller
[57] droictement a sa maison quel estoit a cheval
[58] et ledit Marchant quel estoit a pied
et emboyté,
[59] delaissa son droict chemyn a s'en aller
<188 verso>
[60] a sa
demeurance tenant le chemyn que
[61] faisoit
ledit Lagogne ouquel chemyn
[62] faisant, y oui
parolles entreulx touchant
[63] quelque argent que disoit
ledit Marchant
[64] icelluy Lagogne devoir
comme heritier
[65] de
Pierres Lagogne, son
pere, a Julienne Yver,
[66] femme dudit Marchant, a terme qu'
estoit
[67] encores a venir, disant
ledit Merchant
[68] audit Lagogne
par telles parolles ou
semblables
[69] que s'il failloit a poyer
ledit argent a
ladite
[70] femme dudit Marchant que il le feroit
[71] excommunier. A quoy
repondit ledit Lagogne
[72] audit Marchant que s'en allast et
[73] ne le
poursuyvyst plus. Sur lesquelles
[74] parolles,
ledit Marchant
qui estoit coustumier
[75] de
facillement prandre querelle, divisement
[76] lors qu'il avoit beu print
quelques
[77] pierres dont a l'endroit
dudit lieu y
[78] avoit grant
habondance et les rua
contre
[79] ledit Lagogne. Quoy voyant
ledit Lagogne
[80] quel pareillement avoit beu
tellement qu'il en
[81] estoit debilité de son cerveau
et estoit
[82] eschauffé, descendit de dessur
sondit cheval
[83] pour soy deffendre
dudit Marchant. Et
[84] alors que fut descendu, tyra une
[85] mandoucyne qu'il avoit a son costé
[86] et quelle il avoit porter
pour seureté
[87] de sa
personne ainsi qu'
il avoit acoustumé
[88] lors qu'il alloit
oudit pays de
Normendie,
[89] et dicelle frappa ung seul coup
ledit Merchant
[90] quel de malle fortune arriva ou
[91] cousté gauche vers le ventre et
[92] esperant qu'il cy feust
[?venu?] tel
inconvenient
<189 recto>
[93] comme depuix est avenu. Et en l'instant,
monta
[94] ledit Lagogne sur son cheval tirant a s'en aller
[95] et
comme eut quelque peu chevauché, se arresta
[96] oudit chemyn craignant que a
raison dudit coup
ledit
[97] Marchant eust eu quelque inconvenient
esperant
[98] l'actendre, et aucuns de la
compaignie estans
[99] encores derriere pour scavoir de l'estat ou estoit
[100] ledit Marchant. Et pendant qu'estoit ainsi
[101] arresté, arriverent a luy
lesdits Jehan Gougeon
[102] et Denys Thoumas ausquelz il demanda s'ilz
[103] avoint veu
ledit Marchant disant qu'ilz
[104] avoint eu quelque debat
ensemble et que
[105] ledit Marchant luy avoit gecté des pierres
[106] et que sur ce
ledit Lagogne l'avoit frappé
[107] craignant l'avoir blecé,
et les pria de
[108] retourner
audit Marchant pour luy estre
[109] aydans s'il en avoit necessité : ce que
[110] firent. Et
apres,
come ledit Gougeon eut veu
[111] et visité
ledit Marchant
et en s'en allant,
[112] aconsuyvyt
ledit Lagogne
et et[sic] luy declaira
[113] que ledit Marchant estoit en grant dangier,
[114] de quoy
ledit Lagogne fut fort
desplaisant.
[115] Et que depuix
et le vendredy prochain
ensuivant,
[116] ledit Marchant estoit allé de vie a deces
[117] a raison
dudit coup ainsi qu'est venu a
congnoissance
[118] dudit Lagogne. Nous remonstrans
lesdits suplians
[119] que
ledit Lagogne invaseur
* et en ce
[120] bien demonstrant,
disent que le lieu et
[121] chemyn ou fut
ledit coup estoit le droict
[122] chemyn
dudit Lagogne a s'en aller
dudit
[123] Saint Hillaire a sa
maison et demourance et
[124] n'estoit le droit chemyn
dudit Marchant,
[125] ains avoit delessé son droict chemyn
<189 verso>
[126] a s'en aller ches luy,
et se
divertit dicelluy
[127] taschant prandre debat
et querelle
[128] comme est
vroysemblable audit Lagogne.
[129] A
raison mesmes que
ledit Marchant
[130] estoit assez coustumier de boire
et grant
[131] querelleur
et debatif en son vin
comme
[132] dit est, touteffoiz n'eust jamais
ledit
[133] Lagogne estimé que
ledit Marchant
[134] eust voulu prandre querelle avecques
[135] luy actandu qu'
ilz estoient parens
et amys
[136] et n'eust jamais voulu
ledit Legogne
[137] fere aulcuns exces ne oultraiges audit
[138] Marchant, ains est
ledit cas inopiné,
[139] et que ne feust jamais avenu si ledit
[140] Lagogne n'eust esté assailly
par ledit
[141] Marchant
pour ce que y avoit
entreulx
[142] auparavant bonne amytié
et frequentacion,
[143] a raison qu'
ilz estoint cousins germains
comme
[144] dit est. Aussi
nous remonstrent que
[145] ledit Lagogne
auparavant ledit cas n'avoit
[146] esté jamais reprins ne actainct d'aucun
[147] autre mauvais cas, ains estoit bien et
[148] loyaulment vivant de son mestier,
chargé de
[149] femme et enfans, extroict de bons
[150] parens
et gens
notables sellon leur estat
[151] et condicion, nous supplians tres
humblement
[152] dudit cas
impartir audit Lagogne noz
lettres
[153] de grace,
remission et pardon. Pour quoy
[154] nous,
lesdites choses
considerees,
etc.
Morice