17/05/1531
<78 verso>
Mandement adressé aux juges
de Rennes quant de
proceder aux
prochains
plectz de
ladite court de
Rennes a
l'antherinance
et
verificacion de
certaines lettres de grace
impetrees
pour Geffroy Guillou pour l'entree
de la royne a Paris,
desquelles lettres
de grace la teneur ensuist.
[1] Eleonor, par la grace de dieu, royne de France, a tous
[2] presens et a venir, salut.
Comme suyvant les droitz, previleges et
[3] arrectez a nous octroyez par
monseigneur le roy,
pere legitime
[4] administrateur et usufruituaire des biens de
notre tres cher
[5] et tres ame filz le daulphin, duc proprietaire des pays
[6] et duché de Bretaigne et ce que noz predicesseresses
[7] roynes ont acoustumé
fere en ce royaulme de France,
[8] nous loise et
apartienne a
notre novelle venue en
[9] iceluy royaulme et
premiere entree en toutes
et chacune les
[10] villes et citez, bourgs, chasteaulx, places et aultres
[11] lieux de
cedit royaulme et aultres pays, terres et
[12] seigneuries du roy
mondit Sr et de
notre tres cher
[13] et tres amé filz le daulphin,
fere ouvrir les prisons
[14] desdits lieux et
fere eslargir tous
et chacuns les prisonniers
[15] que y trouvons lors detenuz et
leur remectre, quicter
[16] et
pardonner si c'est
notre plaisir les cas par eulx
[17] commis. Et soit ainsi
que a
notre nouvelle venue
[18] et joyeuse entree en la ville et citté de Paris, ayons
[19] faict ouvrir les prisons et faict eslargir et delivrer
[20] tous et
chacuns les prisonners y estans
pour leur fere grace
[21] et remission selon
nosdits previlleges entre lesquelz prisoniers
[22] y trouvez et delivrez, estoit ung
nommé Geffroy Guillou
[23] demourant a Vitré pres Rennes en Bretaigne et agé
[24] de quarante deux ans ou
envyron, chargé de
femme et
<79 recto>
[25] ensfans,
pour le cas cy-apres declairé. C'est assavoir
[26] que ou moys de janvyer dernier passé, l'un estant
[27] en la maison de Amaury Brouessin, tavernier, ou bas de
ladite
[28] maison, en la
compaignie de Raoullet Chonon, François Gareau
[29] et aultres dont il n'est records, vers le vespre,
[30] et qu'ilz eurent compte
audit Brouessin ou ses
commis
[31] parce qu'il n'avoit point de monnoye, leurs bailla ung
[32] escu d'or soullail, leurs disant qu'ils se poyassent et qu'ilz en
[33] rendissent le reste, la femme duquel Broessin envoya
[34] par l'un de ses serviteurs en la ville savoir si
ledit escu estoit
[35] bon et vallable, lequel serviteur luy retorné raporta
que
[36] ledit escu n'estoit assez pesant et a ceste
cause, combien que
[37] ledit escu fust bon et qu'il n'avoit aucune autre
monnoye,
[38] bailla a l'hotesse, femme
dudit Broessin, ung chapeau en gaige
[39] jucques a ce qu'il fust allé en sa maison en requerant
[40] ledit Guillou, suppliant,
ausdit Raoullet Chenon et Gareau
[41] et aultres estans avec luy qu'ilz luy pretassent dix
[42] deniers tournois pour payer
sondit escot et
que ne vollirent faire
[43] lesdits Chosnon et Gareau et autres en leurs
compaignye.
[44] De ce irrité,
ledit supliant s'en issut hors
ladite maison
[45] dudit Broessin et s'en alla en sa maison,
commenda a sa
[46] femme envoyer dix
deniers tournois qu'ilz avoit despendu en leur
[47] maison
dudit Brouessin et sans arrester en
sadite maison
[48] ayant ung petit baston de boys de grosseur seullement
[49] d'un poulce ou envyron en sa main, retorna
vers ladite
[50] maison
dudit Broessin et ainsi
come il retornoyt, trouva
[51] en son chemyn pres
ladite maison
dudit Broessin,
lesdits
[52] Chonon, Francois Gareau et ung autre a luy
incongneu
[53] lesquelz en sortant de
ladite maison et pres icelle
commancerent
[54] a dire telles
parolles ou semblables en
parlant dudit
[55] suppliant :
« Voyla ung honeste homme d'avoir lessé son chapeau
[56] en gaige de dix deniers tournois pour son escot seullement. » Lequel
[57] supliant soy voyant injurié
par lesdit Gareau, Chonon et autre
[58] incongneu de leurs
compaignye leurs dist qu'ilz avoint
menty
[59] et qu'il avoit voulu bailler a l'hotesse ung escu pour
[60] payer sa despanse en luy baillant le reste
dudit escu,
[61] et ce disant pour obvyer qu'ilz ne le oultragissent, bailla
[62] audit Gareau
dudit petit baston de boys seullement ung coup
<79 verso>
[63] sur la teste ou sur son coup memoratiff
[64] souvenant en quel des deux lieux duquel coup
par fortune
[65] ou autrement
ledit Gareau seroit
incontinant decebdé.
[66] Davantage
que douze ans
[?a?] ou envyron
autrement du temps
[67] n'est records, soy trouva en la maison de Henry Poullain
[68] en laquelle maison et pres icelle y a ung jeu de
[69] paulme,
ledit Poullan
[??] ou rachaptz de forbourg
[70] dudit Vitré ouquel jeu
ledit Guillou, supliant, avec ung
[71] nommé Pierres Goullafre, a
present defunct, jouerent
audit
[72] jeu a la paulme, en jouant auquel jeu
ensemblement
[73] sur aucunes
parolles qui entre
ledit supliant et
ledit defunct
[74] Goulafre se meurent et suciterent iceluy supliant
[75] print
oudit jeu de paulme une
perche de boys de la grosseur
[76] de deux posses qui servoit a tyrer l'eau d'un puys
[77] qui estoit audit jeu de palme et de
ladite perche donna
[78] audit Gollafre ung coup seul ou
derriere de ses
jambes
[79] duquel coup
ledit Goulafre tomba a
terre sans se
[80] douloir de nul mal avoir, et ce
neantzmoins ledit Galafre
[81] relevé acheverent la
partie qu'ilz avoint
[??]
[82] luy et
ledit supliant et depuis beurent ensemble
ledit
[83] Goulaffre et
ledit supliant apres
ladite partie achever.
[84] Toutesfoiz,
ledit Goulaffre dedans l'an apres
ledit coup
[85] a luy baillé
par ledit supliant, est allé de vie a trespas
[86] autrement est
ledit supliant memoratiff du temps a raison
[87] desquelz cas,
ledit supliant craignant rigueur de justice
[88] se seroit absenté du pays ouquel ne ailleurs en ce
[89] royaulme il ne ouseroit
bonnement conversez ne repairer
[90] si ne luy estoit sur ce porveu de grace et misericorde,
[91] nous
humblement requerant que actendu ce
que dit est et
[92] que en tous aultres cas il est bien famé et
renommé
[93] sans jamais
avoir esté actaint ne
convaincu d'aucun
[94] autre villain cas, blasme ou reproche nous luy veillons
[95] sur ce impartir noz grace, remission et
pardon. Pourquoy
[96] nous ces choses considerees usans de
nosdites privilleges et
[97] droictz a
notredite venue et entree en
ladite ville et cité de Paris
[98] en ce
preferer misericorde a rigueur de justice a nous
[99] audit suppliant ou cas
dessurdit, quicté, remis et
pardonné
[100] et
par la teneur de ses
presentes, quictons, remectons
et pardonnons
[101] les faictz et cas dessus declairez avec toute peine.
Darande