Registre B34 Lettre n° 55

07/09/1532

<182 verso>
Placet de mectre a execucion en cedit
pays certaines lettres de abolition obtenues
en France par Pierre Lemynee et Charles
Goualichet, desquelles lettres la teneur
ensuist.
[1]
Francois, par la grace de dieu, roy de France, pere
[2]
legitime administrateur et usuffructuaire des biens
[3]
de notre tres cher et tres amé filz le dauphin duc proprietaire
[4]
des pays et duché de Bretaigne, a tous ceulx qui ces presentes
[5]
lettres verront, Salut. Receu avons l'humble supplicacion de
[6]
Pierre Lemynee aagé de vingt quatre ans ou environ et
[7]
Charles Goalichet aagé de vingt huit ans ou environ,
[8]
enfans natifz de la ville de Keremper Corentin, Contenant
[9]
que la nuyt du derroin jour d'apvril derroin passé, ledit
[10]
suppliant et plusieurs autres jeunes enfans se partirent
[11]
de ladite ville ayans leurs espees sans avoir intencion
[12]
de mal faire et s'en allerent ensemble de compaignie
[13]
a la maison et manoir de Quenchieuzen apartenant a feu
[14]
Allain de Kerloaguen assise et situee pres ladite ville
[15]
pour luy requerir ung may* pour planter en icelle.
[16]
Auquel lieu Francoys de Lysiny dist au serviteur
[17]
dudit de Kerloaguen qu'ilz estoient la venuz pour demander
[18]
ung may a son maistre, lequel luy respondit
[19]
que sondit maistre estoit alla dormir. Lors se
[20]
esloignerent ung peu de ladite maison pour ne fere
[21]
bruyt et s'en allerent en une place ou il y a une
[22]
tousche* de boys de haulte fustaye appellee Maesdamil
[23]
laquelle est comme freste* courmunalle de ladite ville.
[24]
Et ainsi qu'ilz danczoient et menoient joye ensemble <183 recto>
[25]
ledit Francoys de Lysyny commancza a coupper ung gros
[26]
arbre de ladite tousche lesdits supplians non contrarians
[27]
et ainsi que ledit de Lisiny le couppoit, sourvint
[28]
ledit feu de Kerloaguen lequel ensemble icelluy de Lisiny
[29]
eurent quelques briefves brutives* et noisifves parolles
[30]
l'un avecques l'autre durant lesquelles ledit de Lysiny
[31]
d'une espee a deux mains qu'il avoit cy, frappa
[32]
ledit Kerloaguen par la teste dont il le blessa et
[33]
quant ausdit supplians ne frapperent aulcun coup
[34]
mais furent tellement perturbez et estonnez lors
[35]
qu'ils veirent ledit de Lysiny qui s'enfuyoit tenant
[36]
sadite espee nue en la main qu'ilz n'eurent le sens
[37]
ne entendement de lever cry ne eulx mectre
[38]
en leur devoir et effort de la prandre. Et depuis
[39]
auroient lesdits supplians entendu que ledit feu
[40]
Kerloeguen seroit de ladite blesseure quelque peu de
[41]
temps apres par faulte de bon apareil, gouvernement
[42]
ou autrement decedé et allé de vie a trespas. Pour
[43]
occasion duquel cas, iceulx supplians doubtans rigueur
[44]
de justice se seroient retirez et mis en franchise
[45]
ou couvent des Cordeliers dudit Keremper Corentin ou ilz
[46]
sont encores de present et depuis soubz [?buibre?] de
[47]
quelques informacions faictes dudit cas et de certaines
[48]
lettres de vocacion subrepticement obtenues par les veufve et
[49]
heretiers dudit de Kerloeguen, notre senneschal et autres officiers
[50]
dudit Guingamp se seroient efforczes entreprandre juridicion
[51]
et congnoissance de ladite matiere et deffaict ont esté les parties
[52]
contrainctes y proceder par dillacions. Combien que ledit cas
[53]
ayt esté commis et perpetré en la justice, ressort et juridicion
[54]
du regaire dudit Keremper Corentin et soient les parties demourans
[55]
distant de ladite ville de Guingamp de dix neuf lieux du pays. <183 verso>
[56]
Nous humblement requerans iceulx supplians actandu
[57]
mesmement que cy ladite noise ne debat ilz n'ont
[58]
rué ne frappé ledit deffunct, ains furent tres
[59]
desplaisans de la fortune ainsi a luy advenu, que
[60]
en tous autres cas ilz sont bien famez et renomez
[61]
sans jamais avoir esté actains ne convaincuz
[62]
d'aucun villain cas digne de reproche ou
[63]
reprehencion, il nous plaise leur quicter
[64]
et pardonner ledit cas et sur ce leur impartir
[65]
noz grace et pardon. Pour quoy nous
[66]
ces choses considerees, voullans misericorde preferer
[67]
a rigueur de justice, ledit cas advenu parr
[68]
la maniere dessurdite, avons ausdits supplians quicté
[69]
et pardonné et par la teneur de ces presentes de notre
[70]
grace especial, plaine puissance et auctorité royal,
[71]
quictons et pardonnons avecques toute peine,
[72]
amande et offence corporelle, criminelle et
[73]
civille en quoy pour occasion dudit cas, ilz
[74]
pourroient estre encouruz envers nous et justice,
[75]
en mectant au neant tous appeaux, bans,
[76]
bannissemens, proces, procedeures, sentences et tout ce
[77]
generallement que pour raison dudit cas s'en seroit
[78]
ou pourroit estre contre eulx ensuyvy. Et de
[79]
notre plus ample grace, les avons restituez et
[80]
restituons a leur bonne fame et renommee au
[81]
pays et a leurs bien non confisquez, sauf
[82]
satiffacion a partir civillement tant seullement
[83]
si faicte n'est celle y eschut desdits suppliants.
[84]
Et quant a ce avons imposé et imposons
[85]
silence perpetuel a notre procureur present et a venir
[86]
et a tous aultres. Si donnons en mandement
[87]
par cesdites presentes a noz amiz et feaux les chancelier <184 recto>
[88]
ou vichancellier et gens de notre conseil et chancellerie
[89]
de Bretaigne, et a tous noz autres justiciers et officiers
[90]
ou leurs lieutenants et a chacun d'eulx si comme a luy
[91]
apartiendra que de noz presents grace et pardon et
[92]
de tout l'effect et contenu en ces presentes ilz facent,
[93]
souffrent et laissent lesdits suppliants plainement et
[94]
paisiblement tout ainsi et pour la forme et maniere
[95]
que dessur est dit et decleré sans pour occasion dudit
[96]
cas leur fere mectre ou donner ne souffrir
[97]
estre faict mys ou donné aulcun destourbier
[98]
ou empeschement au contraire lequel si
[99]
faict mis ou donné leur estoit ou si leurs
[100]
corps ou aulcuns de leurs biens sont ou estoient
[101]
pour ce prins, saesiz, arrestez, emprinsonnez ou
[102]
autrement empeschez, les mectent ou facent mectre
[103]
incontinent et sans delay a plaine et entiere delivrance
[104]
et au premier estat et deu, car ainsi nous
[105]
plaist et estre faict. En tesmoing de ce, nous
[106]
avons faict mectre notre seel a cesdites presentes.
[107]
Donné a Angiers, le tiers jour de septembre,
[108]
l'an de grace mil cinq cens trante deux et de
[109]
notre regne le dix huitiesme. Ainsi signé parr
[110]
le roy, pere et legitime administrateur et usufructier.
[111]
A la relacion du conseil, Juvyneau. Et saellé
[112]
a double queue de cire jaulne. Et au dedans,
[113]
[?Luillier?]

Morice