Registre B34 Lettre n° 40

06/07/1532

<141 verso>
Remission pour Jehan de La Mothe, la verificacion
au seneschal de Ploermel.
[1]
Francois, etc, a tous presens et advenir, savoir
[2]
faisons, nous avoir receu l'humble supplicacion et requeste
[3]
des parens et amys consanguins de notre subgect Jehan
[4]
de La Mothe, pouvre juveigneur, Contenant que puis deux
[5]
ans ou moys d'octobre a ung jour de jeudy qu'est
[6]
jour ordinaire de l'exercice de la juridiction de La Chese, comme
[7]
ledit de La Mothe alla audit lieu de La Chese pour aucuns
[8]
ses affaires et que il eust esté quasi tout le jour
[9]
tant a ladite court que apres, en compaignye des officers
[10]
et gens de justice dudit lieu, adce que il voulut s'en
[11]
retirer et aller a la maison de son pere et que il s'en
[12]
fust party de ladite compaignie envyron le vespre dicelluy
[13]
jour, trouva et rencontra sur son chemyn pres le pont
[14]
estant en ladite ville de La Chese, ung homme acoustré
[15]
d'une robe noyre comme serviteur ayant une grande
[16]
espee a son cousté quel il a dempuis ouy appeller
[17]
Jehan Truynel, lequel en maniere effrenee faisant
[18]
contenance de mal tallant* contre ledit de La Mothe,
[19]
dist par telles ou semblables parolles : « Si nous estions
[20]
hors de ceste ville, je parleroys a vous, car j'ay grand
[21]
desir et voulloir de y avoir affaire. »
Et en disant
[22]
celles parolles s'en retourna et marcha ledit <142 recto>
[23]
serviteur contre ledit pont sur le chemy[sic] par ou s'en
[24]
alloit et ou voulloit passer ledit de La Mothe, ayant
[25]
la main sur son espee faisant gestes et contenances
[26]
de icelle evaginer, disant en chemynant parolles
[27]
rumoreuses. Et peu de temps apres, esperant
[28]
ledit de La Mothe que ledit Truynel s'en fust allé,
[29]
faisant chemyn, doubtant le rencontrer, evagina
[30]
son espee et lors que il fut arryvé en une rue
[31]
appellee la rue Estroicte, rencontra ledit Truynel ;
[32]
et lors tout esmeu craignant de luy estre outraigé,
[33]
frappa icelluy de La Mothe ledit Truynel
[34]
deux coups : l'un en la teste et l'autre en la cuysse.
[35]
A raison de quoy ledit Truynel tomba sur le pavé
[36]
et voyant ledit de La Mothe que il n'y avoyt autres
[37]
que icelluy Truynel, le print et leva dessus ledit pavé
[38]
et le mist en une maison illec pres ou fut par ung
[39]
prebtre qui lors se y trouva, confessé et en la nuyct
[40]
par fortune ou default de pensement, alla de vie
[41]
a trespas. Si nous remonstrent lesdits suplians que ledit
[42]
de La Mothe est jeune gentilhomeet partie de lignage plusieurs bons et gros ayant suyvi les ordonnances
[43]
personnaiges de cedit pays de guerre soulz la compeignye et enseigne de feu notre
[44]
cousin le Sr de Ryeulx, bien famé et renommé sans jamais
[45]
avoir eu querelle a personne et signantement o ledit Truynel, ne
[46]
reproche d'aucun cas de mallefice paravant ces heures par luy
[47]
commis fors celluy de present. Nous supliant a tout ce que dessus
[48]
avoir esgard et de notre benigne grace et misericorde
[49]
dudit cas impartir de conceder audit de La Mothe noz lettres
[50]
de grace, remission et pardon, tres humblement les nous requerant.
[51]
Pour quoy nous, etc.

Darande