13/12/1531
<223 recto>
Abolition pour Thomas Bourgeoys, claveurier,
demourant en la
paroisse Saint Clemens
de
Nantes, la
verificacion au
seneschal de Nantes.
[1] Francois,
etc, a tous ceulx qui ces
presentes lettres verront, salut. Receu
[2] avons l'humble
supplicacion et requeste de Thomas Bourgeoys, claveurier,
[3] demeurant en la
paroisse de
Saint Clemens lez
notre ville de
Nantes, es fiez et
juridiction des doyen
[4] et
chapitre dudit Nantes,
Contenant que le mardi quart jour d'octobre dernier, il estant
[5] en son ouvrouer, besongnant de son mestier de
claveurerie, Gregoire Le Merle,
[6] sergent de
notredite court de
Nantes et de la court
desdits doyen et
chapitre ayant une
[7] espee en son foureau, se rendit
oudit suppliant et luy dist
que ung
homme
[8] avoit amené en une chambre de maison
apartenant audit Bourgeoys, situee en la
[9] rue
dudit Saint Clemens, en laquelle estoint
demourants [?Ligyer?] Bouhou,
Perrine
[10] Dessy et autres louagiers, une meschante femme et
que c'estoit grant scandale
[11] es
demourances en
ladite rue de
Saint Clemens. Et
que a ce que il estoit allé en la
[12] chambre ou ilz estoint pour les
debvoir fere vuider, il l'avoint prins es cheveulx
[13] et l'avoint baptu disant oultre celuy Le Merle
audit Bourgeoys
que comme officier il
[14] luy faisoit
commandement de
fere vuider de
sadite maison
lesdits homme et femme
demandant
[15] a iceluy
supliant s'il vouloit souffrir une meschante en sa maison. Quelles
[16] parolles ouyes
par ledit supliant ne voullans soustenir gens de mauvaise vie
[17] et
conversation en
sadite maison, alla o celuy Le Merle en
ladite maison ayant en une
[18] de ses mains une paire de tenailles et une chandelle en l'autre
pour dire
[19] esdits homme et femme qu'ilz eussent a vuider
sadite chambre pour ce mesmes
[20] que en icelle avoit ung lict et n'y en avoit autre
que le sien et ne vouloit
[21] qu'ilz eussent
commis leur putacerie en
sadite chambre, ne sur son lict. Et
[22] a ce
que ledit supliant fut arrivé en
ladite chambre, y trouva ung
homme de le age
[23] d'
envyron trante cinq ans qu'il a depuis ouyr
nommer Jacques Billon, quel estoit
[24] sur le lict
dudit supliant embrassant une quenolle du charlit, et illecques
[25] pres y avoit une femme qui saignoit
par le nez et plouroit disante qu'il,
[26] ledit Le Merle, luy avoit baillé deux coups ou souffletz sur le visaige. Ausquelz
[27] homme et femme,
ledit Le Merle dist qu'ilz eussent deslogé dicelle chambre et
[28] maison et
qu'ilz n'estoint acoustrez en gens de bien et
pareillement
[29] ledit suppliant leurs dist qu'ilz eussent sorty de sadite chambre
<223 verso>
[30] et
que le lict qui y estoit, estoit sien. A quoy
ledit homme dist assez
arrogantement
[31] que ilz n'eussent sorty de
ladite chambre et
que il l'avoit louee de la femme
Guillaumette
[32] Collin disant qu'il n'avoit
que fere o
ledit supliant et
que il n'en eust sorty
pour persone
[33] s'il n'en eust esté mys hors
par les piedz et
par la teste. Et
ledit suppliant
[34] estimant
lesdits homme et femme n'estre mariez et qu'ilz fussent venuz
fere
[35] leur
parollardye en sa maison, fist effort de tirer celuy
homme qui tenoit
[36] ladite quenouille de charlit ambrassee ou ung braz ainsi
que devant est dit,
[37] ce que touteffoiz
ledit supliant ne peult
fere pour lors et se mist ledit Le
[38] Merle a luy ayder et eulx deux
assemblement tirerent celuy
homme en icelle
[39] maniere qu'ilz le osterent hors de dessus
ledit lict et le misdrent hors
[40] de
ladite chambre et leur ayda a ce
fere Laurens Rondeau. Et apres ce,
[41] ferma
ledit Bourgeoys o clef l'huys dicelle chambre de laquelle
[42] pareillement estoit yssut
ladite femme qui estoit o
ledit Billon. Et ce
[43] faict,
ledit Le Merle voyant
que celuy
homme ne voulloit s'en aller hors
ladite
[44] maison, donna du poumeau de
sadite espee sur le visaige
dudit homme a la
cause
[45] duquel coup celuy Billon
grandement saignoit. Et depuis est venu a
[46] congnoissance audit suppliant
que l'on avoit tiré deux
[?ob?] a iceluy Billon.
[47] Et
ledit suppliant desplesant de ce et aussi qu'il voyoit celuy
homme ainsi
[48] saigner et
que ladite femme
pareillement saignoit
par le neiz, s'en retourna
[49] en
sadite maison ou il estoit demourant sans avoir baillé aulcun coup a
ladite
[50] femme. Et depuis luy est venu a
congnoissance que le
dixieme
[51] jour apres, celle femme est morte et decebdee en l'ausmonerie de
[52] Toussants es fors bourgs
dudit Nantes ou elle et
ledit Jacques s'estoint retirez,
[53] ne sceit si ce fut a raison des deux coups ou soufflectz
que elle disoit celuy
[54] le Merle luy
avoir baillé ou bien de maladie
contagieusse qui lors
[55] regnoit tant en
ladite ausmonerie
que ailleurs ou bourg de Vretoys
[56] pres lequel est
ladite ausmonerie, situee ainsi qu'il est notoire
et commun.
[57] Combien
que icelle femme apres
avoir esté ainsi
par ledit Le Merle frappee,
[58] fust allee et venue querir vivres et
provisions pour
leditJacques et
[59] pour divers jours sans qu'elle se dolist depuis celuy jour que que soit filloit
[60] sa quenoille et menoit
ledit Jacques par soubz les esselles
par devers les
[61] gens de la justice pour se plaindre
desdits exceix. Et venu a notice
[62] audit supliant le deceix dicelle femme pour ce que c'estoit au-dedans des
[63] quarante jours du
conflict, craignant estre apprehendé de justice,
[64] s'est rendu fugitiff de laissé femme, enffans et mesnage et a esté
[65] en vertu d'un
mandement derrocation en
notre court
dudit Nantes par plusieurs foiz
[66] adjourné tant a son domicille
que a ban ausquelz
adjournemens il n'a
comparu
[67] et
combien qu'il n'ayt
autrement excedé
ladite femme quelle il a ouy
[68] appeller
Perrine, ne est
present lors
dudit exceix. Ce
neantzmoins,
notre procureur
[69] dudit Nantes et le
procureur de la
juridiction dudit chapitre procedent allencontre dudit supliant
[70] tendans
par contumaces le
convaincre et mectre a forban, a raison de quoy
[71] commendra audit supliant
habandonner le pays,
sadite femme et enffans. Si
par [?nous?]
[72] ne luy est sur ce pourveu, nous supliant qu'il nous plaise a ce
que dessus
avoir
[73] esgard et
dudit cas impartir
audit supliant noz
lettres d'abolition,
quictance et
pardon,
[74] tres
humblement les nous requerant. Pourquoy nous,
etc.
Darande