30/10/1532
<213 verso>
Remission pour Jehan de
Quersy, la
verificacion
au
seneschal de Ploermel, de laquelle remission la
teneur ensuilt.
[1] Francois,
etc, a tous
presens et a venir,
savoir faisons, nous
[2] avoir receu l'humble
supplicacion et requeste des
femme, parens
[3] et amys
consanguins de
notre pouvre subgect Jehan de
[4] Querscy,
gentilhome natiff de la
parroisse de Liffau
[5] ou diocese de Dol, Contenant que le sixiesme jour de
septembre
[6] l'an mil cinq cens trante ung qu'estoit jour de mercredy
<214 recto>
[7] et quequessoit puix deux ans
derniers[sic],
ledit de Querscy
[8] estoit allé
pour aulcuns ses
afferes au marché estant
[9] celluy jour en la ville de Medrignac ou il a de
coustume de
[10] hanter tant aux plectz que a
delivrance et marchez, a
[11] raison qu'il est notaire et passeur
dudit Medrignac, et
[12] pour
autres ses
afferes. Auquel lieu se trouverent
Guillaume
[13] de Pargaz et Olivier Cormart quelz eurent beaucoup
[14] de querelles a
plusieurs gens et firent
plusieurs insolences
[15] oudit marché, et
entre autres ledit de Pargaz blecza a
[16] esfusion de sang ung
nomé Guillaume Jehan. Et apres
[17] qu'il fut bleczé,
ledit Cormart se print a le penser
[18] en la maison
Guillecte Burgoullet en laquelle se trouva
[19] une damoiselle
nommee Ermyne de
Chastautro,
femme de
[20] Guillaume de Quillevalla, demourans elle
et sondit mary en
[21] ladite ville, quelle
commencza a tenser et blasmer
[22] ledit Guillaume Jehan en luy
disant qu'il cuydoit
estre gentilhome
[23] et que myeu le luy eust vallu estre a
fere des soliers
[24] comme son pere
et son
frere. Sur quoy
ledit Cormart la
[25] mis hors de
ladite maison en luy disant qu'elle se teust
[26] et eurent
ensemble quelzques parolles de
rumeur lesdits
[27] Cormart et
ladite Ermyne. Apres quoy
comme environ
[28] demye heure avant solleil couschant,
lesdits de
[29] Pargaz et Cormart se rendirent en la maison
dudit
[30] de Quillevalla
et de
ladite Ermyne de
Chastautro, sa femme,
[31] en laquelle maison et au-devant dicelle, et aussi
[32] en la halle et cohue
dudit lieu de Medrignac sur
[33] le vespre
dudit jour se trouva noaise et parolles
[34] de rumeur
entre lesdits de Pargaz et Cormart et
ledit
[35] de Quillevalla, Francois Chappelle et ung bastard
[36] nomé le bastard Feillet,
et quelzques
autres de leur
compaignie.
[37] Et
apres que les
dessurdits furent yssuz de
ladite maison
[38] estans aux
environs de
ladite halle, ayans
leurs espees
[39] evaginees
desquelles s'entre frapperent
et ruerent
plusieurs
[40] coups
et collees, menant grant bruyt
et scandal
oudit
[41] marché ; oyant lequel bruyt,
ledit de Querscy estant
[42] en la maison de Olivier Michel qui ne
pensoit en
[43] aulcun mal ne differend, il qui est gentilhomme
[44] comme dit est,
faisant exercice de justice, sortit hors
[45] de
ladite maison pensant allé ches
Guillaume dessur l'esné
<214 verso>
[46] ou estoit lors son logeix en
ladite ville de Medrignac,
[47] et
aperceut les
dessusdits oudit lieu s'
entre ruer
et frapper
[48] lesdites collees,
et entre aultres ledit de Quillevalla
[49] frapper
ledit de Pargaz ung grand coup de taille
[50] sur le hault de la teste, s'en alla
ledit de Querscy
[51] a eulx penczant estaindre
ledit debat a son
pouvoir.
[52] Et en y arrivant,
ledit de Querscy qui fut esmeu
[53] et eschausfé, a raison
que les
dessurdits de Pargatz
[54] et Cormart avoient debat o
ledit de Quillevalla,
[55] son beau frere, evagina son espee en
disant :
« Qu'est cecy ?
[56] Qu'est cecy ? » De laquelle rua plusieurs coups et
[57] collees sur leurs bastons taschant
comme dit est
[58] a rompre
ledit debat sans
aulcunement avoir voulloir
[59] ne intencion de bleczer personne. Ouquel debat
[60] et conflict toutesfoiz
lesdits Cormart
et de Pargatz
[61] de malle fortune furent fort bleczez en
[62] plusieurs endroitz de leurs corps et jucques a grant
[63] effusion de sang et tomba a terre
ledit de
Pargaz
[64] qui fut emporté a la maison de Loys d'Audigne,
[65] chastelain
dudit lieu de Medrignac, en
laquelle
[66] par faulte de
pensement ou
autrement, il alla de vie
[67] a deceix, a raison
desdites collees
comme est
[68] veu estre, oinct ou neuf jours apres
[69] ledit conflict, et
ledit Cormart y fut par
plusieurs
[70] jours gisant au lict mallade a
occasion desdites
[71] collees dont il est guery. Et
ledit de Pargaz durant
[72] sa malladie se plaignoit
dudit de Quillevalla
disant
[73] qu'il l'avoit bleczé et
ledit Cormart disoit
[74] que
ledit de Quercy l'avoit bleczé en la main dextre
[75] et soubz l'oreille, ce que jamais n'entendit
ledit
[76] de Querscy. Et a
raison dudit conflict, craignant
[77] rigueur de justice, s'est
ledit de Quercy
par aulcun
[78] temps rendu
et est encores a
present fugitiff,
[79] et a esté
contumaxe a
instance desdits des
procureurs
[80] des juridicions ayans
congnoissance de la
matiere.
[81] Nous remonstrans
lesdits parens et amys
<215 recto>
[82] que
ledit de Querscy est pouvre gentilhome, chargé
[83] de femme
et enfens qui a
honnestement vescu le
[84] temps passé, hantant
et frequentant les autres
[85] gentilzhomes et gens honnestes,
faisans exercice
[86] de justice, doulx et paisible, sans jamais
[87] avoir esté
reproché ne accusé d'
avoir cas fors
[88] de celluy de
present ainsi de malle fortune avenu.
[89] Nous suppliant qu'il nous plaise a tout ce que
[90] dessus avoir esgard et
dudit cas
impartir et otroyer
[91] audit de Querscy noz
lettres de grace,
remission et
[92] pardon, tres
humblement le nous requerant.
[93] Pour quoy nous,
etc.
Darande