06/07/1532
<140 verso>
Remission pour Jehan du Rocher et
Jehanne du Migle,
sa femme, la
verificacion au
seneschal d'Entren.
[1] Francois,
etc, a tous
presens et advenir,
savoir faisons,
[2] nous
avoir receu l'humble
supplicacion et requeste des gens
[3] et amys consanguins de Jehan du Rocher et
Jehanne de Migle,
[4] sa femme, de la ville d'Entrain,
Contenant que au moys d'aougst derroin,
[5] jour et feste de
Saint Laurens, auquel jour y a foyre et
assemblee
[6] de gens en
ladite ville d'Entrain, se trouverent envyron soulleil
[7] couché dom Jehan Migle,
frere germain de
ladite Jehanne, et
Guillaume
[8] de La Croix et
Perrine de La Croix, sa seur, en la rue des Chevres
[9] de
ladite ville en l'endroit de la maison de Jehan Gilles. Entre
[10] lesquelz dom Jehan Migle,
Guillaume et
Perrine de La Croix sourdit
[11] parolles de noayse sur lesquelles
ledit dom Jehan Migle dist
[12] a
ladite Perrine par telles ou semblables
parolles :
« A ! par le sancg
[13] dieu, c'est a ceste heure que je t'ay, putain ! » A quoy
ladite Perrine respondit
[14] qu'il avoit menty
come ung
prebtre apostat. Et lors,
ledit
<141 recto>
[15] dom
Jehan tirant droit
audit Guillaume de La Croix
[16] qui estoit au droict de la maison
dudit Jehan Gilles,
[17] dist
audit Guillaume de La Croix et Mathurin Dupas qui estoit
[18] avec
ledit de La Croix :
« Par le sancg dieu, vous me serchez ! »
[19] s'adressant
audit Guillaume de La Croix, luy disant :
« Pourquoy
[20] porte-tu ce baston a ton costé ? » A quoy
ledit Guillaume repondit
[21] que non faisoit et qu'il ne le cachoit pas et qui luy
apartenoit
[22] bien a porter baston
parlant de son espee qu'il avoit a son
[23] cousté, se efforczant
ledit dom Jehan voulloir otrager
[24] ladite Perrine de La Croix, l'apellant :
« Vesse ! Putain ! » et
[25] avoit
ledit dom Jehan des
pierres en ses mains. Et sur ce
[26] arryverent dom
Georges Migle et
ladite Jehanne Migle
[27] quelz prindrent
ledit dom Jehan tendand l'empescher
[28] de
fere outraige et firent entrer
ladite Perrine en la
[29] maison de sa mere et la suyvit
ledit dom Jehan
[30] voullant entrer en
ladite maison de quoy
fere fut
empesché ;
[31] et lors
ledit dom Jehan print une table qui illec estoit
[32] servant a
fere l'escrue
* et la gecta en l'
encontre de la
[33] mere
desdits Guillaume et
Perrine de La Croix. Et ce
[34] voyant
ledit Guillaume de La Croix poussa
ledit dom Jehan
[35] o l'espaulle quel dom Jehan de l'une
desdites pierres,
[36] donna ung coup en la teste
dudit Guillaume. A raison
[37] duquel coup,
ledit Guillaume tomba a
terre et troys
[38] jours apres decebda. Et lors se trouva Roberde
[39] de La Croix, aussi seur
dudit Guillaume, et
come elle voulut
[40] prandre
ledit dom Jehan Migle pour raison qu'il
[41] avoit ainsi bleczé
sondit frere,
ladite Jehanne Migle,
[42] seur
dicelluy dom Jehan, print
ladite Roberde au collet
[43] et luy rompit et frangea ung collet de fin linge
[44] que avoit
ladite Roberde, la print au poil tellement
[45] que icelle Roberde tomba a
terre. Et sur tant
ledit dom
[46] Jehan print chemyn pour s'en aller tirant a la chapelle
[47] de
Saint Denys, et
come il fut au coign d'une piecze de
[48] terre,
nommee La
Chaproniere, fut
ledit dom Jehan ramené
[49] par ledit Jehan du Rocher, son beau frere, quel
Jehan du Rocher
[50] dist
audit dom Jehan
par telles ou semblables
parolles :
[51] « Allons-nous en a mon hostel ! Par le sang dieu, ilz ne nous
[52] feront ja nul mal ! » Et
assemblement, retournerent
lesdits
[53] dom Jehan et dom
Georges, Jehan du Rocher et
sadite femme,
[54] garniz de
pierres en leurs mains tirans droit a la maison
[55] et
demourance desdits du Rocher et
sadite femme en
ladite ville
[56] d'Entrain disans iceulx dom Jehan, dom
Georges et
ledit Jehan du Rocher :
<141 verso>
[57] « Le sancg dieu ! Nous ne les craignons rien ! » Et
comme
[58] ilz furent ainsi arrivez,
ladite Roberde de La Croix s'adressant
[59] audit dom Jehan luy dist qu'il avoit tué son
frere, et en
[60] l'instant
icelluy dom Jehan jecta une autre
pierre a
ladite
[61] Roberde de laquelle il l'ataignit envyrons les rains
[62] et diceluy coup tomba
ladite Roberde a
terre. Pour raison
[63] de quoy,
lesdits Jehan du Rocher et
sadite femme se sont
renduz
[64] fugitiffz et ont esté
par notredite court d'Entrain de ce
[65] accusez, ajournez et
par plusieurs foiz defailly. Nous
[66] remonstrans
lesdits suplians
que auparavant ledit cas
[67] advenu, ilz s'estoint bien et honnestement gouvernez,
[68] sans jamais
avoir esté actains ne convaincuz d'aucun
[69] cas digne de
reproche et n'osent se repairiez
*
[70] en ce
notredit pays, de crainte
que noz officiers
dudit
[71] Entrain veillent pour raison
dudit cas
proceder
[72] vers eulx a rigueur de justice. Et a ceste
cause,
nous
[73] ont supplyé et requis a ce
avoir esgard et
impartir
[74] ausdits Jehan du Rocher et sa femme noz
lettres de
[75] grace, remission et
pardon tré humblement, nous
[76] requerant icelles. Pour quoy nous,
etc.
Morice