22/06/1532
<129 recto>
Remission pour Raoul de
Quebriac, la
verificacion
au
seneschal de
Rennes.
[1] Francois,
etc, savoir faisons a tous
presens et a venir,
[2] nous
avoir receu l'humble supplicacion et requeste
[3] de
notre subject Raoul de Quebriac, gentilhomme,
Contenant comme
[4] puis deux ans derroins, il se trouva ou moys de mars en
[5] notre ville de Dinan au jour du liayge
*, foyre
oudit lieu pour
[6] aucuns ses affaires. Auquel lieu trouva et
rencontra
[7] Francoys Ruffiet,
Guillaume et Jehan Ruffiet, ensfans du
Sr
[8] de Cobaz, accompaignez de varletz et lacaitz, lesqueulx
[9] et
ledit suppliant
assemblement s'en allerent
pour soupper, boyre
[10] et prandre
leur reffection ches ung
nommé Jehan Fourriez
[11] tenant hostelerie en
icelle ville de Dinan. Et
come ilz y furent
[12] entrez, monterent en une chambre haulte en laquelle
[13] ilz trouverent Jacques Hux,
Sr de La Villeguerin, et
autres
[14] avec luy queulx estoint assys a une table
pour soupper
[15] et prandre
leur refection. Et
lesdits Ruffiez,
serviteur et
suplians
[16] entrez en icelle chambre furent serviz de pain et vin et
[17] autres choses necessaires. Et quelque espace de temps et
[18] après
avoir ainsi beu et estoit
come envyron l'heure de sept
[19] a huit heures du soir
dudit jour, survint en
ladite chambre
[20] ung varlet
dudit Francois Ruffiet quel dist
audit Guillaume
[21] Ruffiet
quelques parolles que n'entendit
ledit supliant ; apres quoy
[22] lesdits Guillaume incontinant dist
ausdits les Cobatz a ouyr des
[23] asistans :
« Mon frere, voyla ung home qui dit que l'un de noz
[24] serviteurs est fort bleczé ! » sans autrement le
nommer.
[25] Lesquelles parolles ouyes,
ledit filz de Cobaz que l'on dit estre le
[26] second, dist a
sondit frere :
« Allons veoirs qui c'est et le
[27] fere pancer ! » En l'instant de quoy
lesdits les Cobaz,
leursdits
[28] serviteurs et
ledit supliant
assemblement s'en sortirent
[29] hors
ladite maison disans aller veoirs
qui c'estoit
que l'on avoit
[30] faict a
leur serviteur ayans ceulx les Cobaz deux
rondelles
[31] et leurs espees a leurs costez. Et
ledit supliant ayant
[32] pareillement son espee et ung poignart a son cousté suyvant
[33] ceulx les Cobatz ne penczant en aucun mal et n'ayant querelle
[34] a nully. Et
come furent arrivez au lieu nommé Le Champ a Dinan
[35] soubz le porche d'un
nommé Jehan Vallee, trouverent troys
[36] ou quatre
homes audit supliant incongneuz queulx il a
<129 verso>
[37] dempuix ouy dire estre des forbours de ceste
notre
[38] ville de
Rennes les aucuns estans garny d'espees et
[39] mandocines
*. Ausqueulx
lesdits les Cobatz demanderent :
[40] « Qu'esse la ! » En l'instant, sans
autres parolles, misdrent
[41] ceulx les Cobaz et incongneuz la main
[?es?] espees
[42] et s'entreruerent
plusieurs coups et collees les
[43] ungs
contre les
autres. Ouquel debat et conflict
[44] a dempuys ouy dire
que l'un diceulx
incongneu avoit
[45] esté et fut
par l'un diceulx les Cobaz ou serviteurs
[46] ne sceit lequel a raison qu'il estoit nuyct et faisoit
[47] noyr, tué. Et
que en
icelluy debat de malle fortune
[48] ledit supliant se trouva et fut
present ne sceit
autrement
[49] si de faict
oudit conflict
ledit incongneu fut tué.
[50] Après lequel debat soy retournerent ceulx les Cobatz,
[51] leurs varletz et serviteurs et
ledit supliant assemblement
[52] en
ladite maison
dudit Fourriez. Et tost apres eulx y aryvez,
[53] y sourvynt ung
homme audit suppliant
incongneu
[54] quel dist
ausdits les Cobaz qu'il y avoyt au-devant de la
[55] maison de
Guillaume Gicquel de
ladite ville de Dunan ung
[56] homme mort. Quoy voyant ceulx les Cobaz et
serviteurs
[57] et aussi
ledit suppliant craignant rigueur de justice
[58] sortirent hors
icelle maison et s'en allerent au
couvent
[59] des Cordeliers
dudit Dinan ou
ledit supliant demoura
[60] jucques au landemain envyron l'heure de ouict
heures
[61] du matin qu'il se retira il et le
Sr de Quebriend et
[62] ung sien frere hors
dudit couvent et s'en allerent
par la
[63] ville a leurs affaires, et envyron le vespre, se retira
[64] a sa maison de La Hyrlaye. Ce
neantzmoins, il est venu a
[65] notice et congnoissance ausdit supliant
que les officiers
[66] dessus les lieux ont faict proceder a enqueste
dudit cas
[67] et decreté
ajournement personnel sur
icelluy supliant
comparoir
[68] a certain jour et
terme a
ladite court de Dinan. Ausqueulx jours
[69] et
termes craignant rigueur de justice, n'est comparu ;
[70] ains c'est lessé deffaillir sur
lesquelles deffailles lesdits
[71] officiers ont decreté prinse de corps sur sa
personne.
[72] Nous remonstrant outre
ledit supliant
que le mardy lardier
*
[73] dernier, il,
ledit Sr de Guebriend et ung sien beau frere,
[74] Robert du Margual,
Sr du Chesne, et
chacun prindrent
dudit
[75] lieu de La Hirlaye chemyn a aller au lieu et maison
[76] de chasteaulx
apartenant au
Sr de Villepye et sa
compaigne
[77] pour y diner et
fere bonne chere auquel lieu
paroillement
[78] y trouverent
ledit Sr de Villepie et
sadite compaigne, et
[79] [sic]Sr de Montferrant, le
Sr de Mourtmoron et
autres plusieurs
<130 recto>
[80] queulx a
icelluy lieu beurent, mengerent et fisdrent
[81] bonne chere. Et après
avoir disné et estoit
come environ
[82] les quatre ou cinq
heures du soir
dudit jour, print chemyn
[83] ledit supliant et
autres de sa compaignie et
monterent
[84] a cheval fort eschausfez de vin tirans a s'en aller
audit
[85] lieu et maison de La Hirlaye et chemyn faisans
[86] passans
par a travers d'un champ
rencontrerent oudit
[87] champ entre le bourg de Bonnemain et le villaige de
[88] Launay troys femmes
audit supliant incongneues
quelles
[89] dempuys il a ouy
nommer l'une Jehanne Leroy, l'autre
[90] Charlotte Rouxie et l'autre
nommee Regnee Le
[91] Texier
lesquelles ilz prindrent et arresterent disans
[92] qu'ilz auroint leur
compaignie charnelle
par force.
[93] Et de faict decendirent touz
ensemblede cheval et
[94] prindrent
lesdites femmes jurans et blaphemans le
[95] nom de dieu qu'ilz auroint
leur compaignie charnelle
[96] par force et
icelles decouefferent et abatirent
[97] contre terre s'efforczans avoir d'elle
habitacions
[98] charnelles et avec leurs poignars leurs couperent
[99] les liz et filletz de leurs testes et leur tirerent
[100] le poil et cheveulx. Et estointe celle Rouxie choiste
[101] a terre, luy mist
ledit Sr du Chesne ung pied sur le
[102] cousté. Quoy voyant
lesdites femmes se prindrent a
[103] cryez la force et sur tant et aussi
que le
Sr de
Mommorine
[104] et Poupatraye y arryverent,
lesdits surnommez lesserent
[105] lesdites surnommees sans leur
fere aucun outraige et
[106] s'en allerent et avec eulx emporterent potz de
terre
[107] dedans l'un desqueulx y avoit une fusee de fil.
[108] Et aussi osterent ung autre pot de
terre a
ladite Rouxie
[109] et luy en
donnerent ung coup sur l'une de ses espaules
[110] tellement qu'ilz le casserent et brizerent. Nous
remonstrent
[111] outre
ledit supliant qu'il est jeune
gentilhome de le age d'
environ ving troys
[112] ans ayant lors
desdits cas et encore a
present femme et ensfans, attaignans
[113] a
plusieurs bons et gros
personnaiges,
Srs et
damoyselles de ce
notre
[114] pays et duché, bien famé et
nommé, sans jamays
avoir esté
[115] reprins et acousé, actaint et convaincu d'aucun mauvaiz cas
[116] digne de
reprehension jucques audit cas
susdit. Ce
neantzmoins, il craint que
[117] les officiers de dessus les lieux veillent
proceder a rigueur de justice
[118] contre luy pour
lesdits cas et
chacun cy-dessus. Et a ceste
cause,
nous a
[119] tres humblement faict diceulx cas luy
impartir noz
lettres de grace,
[120] remission et
pardon. Pourquoy nous,
etc.
Morice