23/08/1531
<149 recto>
Remission pour
Guillaume Gefelot, la
verification au
seneschal
de Rennes.
[1] Francois,
etc, a tous
presens et advenir,
savoir faisons, nous
avoir receu l'
humble
[2] suplicacion et requeste des parens consanguins et affins de
notre subgect
Guillaume
[3] Gefelot detenu
prisonnier aux prisons de Chastillon en Vandelays soulz
notre juridiction
[4] de
Rennes,
Contenant que ledit Gefelot, le dimanche
sixieme jour d'aougst
present moys, soy
[5] retirant du pays de Normandie passant
par ladite paroisse de Chatillon, tant
[6] il fust arryvé es marays
dudit Chastillon pres le pont et passaige de
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[7] Ragot, trouva grant
numbre et multitude de peuple y assemblé prenant
[8] passe temps et soy esbatant aux barres et jeu appellé trezcau, courans
[9] les uns apres les autres, quel Gefelot les salua
doucement et [??]
[10] et se arresta quelque espace de temps a les veoirs jouer et en l'
endroit se
[11] assist ou coucha contre pré pour soy reposer.
Quelque peu apres eu
[12] vouloir de courir et soy esbatre avec les autres leurs demandant
[13] se ilz soy couroceroint point si il se esbatit avec eulx qu'ilz luy
respondirent
[14] que non et sur ce commancza jouer et soy barer avec quelques uns
[15] de ceulx qui ainsi jouoint et en tira ung
nommé Thomas de Bisnel et dist
[16] celuy Gefelot a ung des autres qui la estoit,
que il eust couru apres
[17] se questeux en
parlant audit de Binel quel soy encouraza disant
audit Gefelot
[18] telles
parolles :
« Avez-vous veu guere de telz questeux a votre pays ? » Et
[19] bientot apres, il saisit celuy de Binel d'un baston de boys de grosseur
[20] de ung gros pousse et de longueur d'
envyron d'un pié et demy et iceluy
[21] baston tenoit
ledit de Binet en l'une de ses mains et doubtant celuy
[22] Gefelot
que ledit de Binel le eu voulsist frapper, luy
demanda celuy
[23] Gefelot qu'il vouloit
fere dudit baston et pourquoy il l'avoit prins.
[24] A quoy luy respondit ledit de Binet qu'il l'avoit prins pour
planter
[25] [?la febve?] et surtant luy demanda
ledit Gefelot a qui il la vouloit
[26] planter et luy respondit celuy de Binet
que il la luy
planteroit si il
[27] vouloit. De quoy se courocza
ledit Gefelot et se efforcza
par deux
[28] foys donner
audit de Binet d'un pougnart qu'il avoit a son cousté quel
[29] il tyra et esvagina
par deux foiz et de faict l'en eust frappé s'il
[30] n'en eust esté empesché
par aulcuns la estans. Et a l'
occasion dudit
[31] debat cessa
ledit jeu et quelque peu apres
ledit Gefelot quel estoit
[32] quelque peu emboité de vin soy
approcha derechef
dudit de Binet luy
[33] disant :
« Nous nous trouvoyrons aujourd'huy ensemble ! » Et donna
[34] plusieurs autres menaces de
fere oultraige et exceix
audit de Binet et
[35] luy donna ung seul coup d'estoc de
sondit poignart pres et au
joignant
[36] de la mamelle senestre et luy fist playe. A raison de quoy alla celuy de
[37] Binet bien tost de vie a trespas et a l'
occasion dudit cas fut et a esté
[38] celuy Gefelot constitué prisonnier
par ladite court de Chastillon et le
proces
[39] contre luy decidé
par lequel
liberallement confessé ledit cas. Et se doubtent
[40] et craignant
lesdits supplians
que lesdits officiers voulsissent
procedé en
[41] rigueur de justice
contre ledit Gefelot si
par nous ne luy est sur ce
imparti
[42] grace. Nous remonstrant oultre
lesdits suplians que ledit Gefolot
auparavant
[43] celuy jour n'avoit congneu ne
congnoissoitlors
ledit Binet et jamais
[44] ne avoit eu couroux, debat ne autre
affere avec ledit de Binet et
que ledit
[45] Gefelot est jeune
homme de le age de vingt deux a xxiii ans qui a
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[46] bien vesqueu par le passé jucques a
ladite fortune sans
avoir esté reprins
[47] ne actaint en justice d'aucun mauvaix cas, quel a servy
plusieurs gentilshommes
[48] en
cedit pays et de
sondit service soy en sont bien contantez et a de bons
[49] et honneste parens ausqueulx ce veroit en deshonneur se il estoit
[50] en rigueur de justice pugny et estoit
ledit Binet, filz de famille
[51] non marié. Nous
supplians qu'il nous plaise a ce
avoir esgard
[52] et de noz begnine grace, actendu la jeunesse
dudit Gefelot et
bonne
[53] vie dont il a vescu et le cas en soy qui n'estoit
prepansé quel
[54] est plus a attribuer a fortune ou mescheff que a malice veu
[55] que ne se cognoissoint point et jamais ne se entre estoint
[56] veu. Sur ce
impartir audit Geffelot noz
lettres de remission, grace
[57] et
pardon, tres humblement, les nous requerant. Pourquoy nous,
etc.
Rocaz