13/09/1532
<190 recto>
Remission
pour Jehan Lepanerec de la
parroisse
de Glomel, la
verifficacion aux juges de
Karahes.
[1] Francois,
etc, a tous
presens et a venir, savoir
faisons
[2] nous
avoir receu l'
humble supplicacion et requeste
[3] de
notre subgect Jehan Lepanerec, pouvre
home
[4] de labeur demeurant en la
parroisse de Glomel
[5] soubz
notre juridicion de
Karahes,
Contenant que
[6] ou moys de
septembre derroin a
certain jour environ le
[7] dix
huitiesme ou xxme dicelluy moys, ung
[8] jeune
prebtre de la
parroisse de Moellou,
nomé
[9] dom Jehan Mapetat qui estoit cousin
[10] germain de Katherine Leguellec,
femme de ce
suppliant,
[11] pria luy
et sadite femme de se trouver a ung
[12] jour de dimanche
ensuivant en l'eglise de
[13] Rostrenen distant d'
environ demye lieue de
leur
[14] demourance, auquel
jour ledit jeune
prebtre
[15] disoit
avoir assigné a celebrer sa
premiere
[16] messe. A la priere duquel,
ledit suppliant
[17] et sadite femme comme ses parens
et amys luy
[18] promisdrent y aller
et soy trouver.
Comme lors ilz
[19] esperoint
fere le
jour de laquelle
promesse
[20] ou bien tost
apres, ung autre
prebtre de
ladite parroisse
[21] de Glomel,
nomé dom
Pierres Leguellec, frere
[22] de la
femme dudit suppliant,
leur dist
avoir entendu qu'ilz
[23] voulloint aller a
ladite nouvelle messe
dudit
[24] dom Jehan Mapotat
et qu'il ne voulloit pas
[25] qu'ilz y allassent, ains que s'ilz y alloint, luy
[26] feroint desplaisir, ne saichans
ledit supplians et
[27] sadite femme pour quelle
occasion il le disoit.
[28] Touteffoiz, craignans desobeir
audit dom
Pierres
[29] Leguellec, ilz adviserent de n'y aller point.
<190 verso>
[30] Et advint
que audit jour assigné
pour ladite
[31] nouvelle messe dire et cellebrer,
ledit
[32] suppliant estant en
ladite ville de Rostrenen, se
[33] trouva a l'
eglise durant icelle
et fut a l'offerte
*
[34] comme les
autres parens
et amys
dudit jeune
[35] prebtre, mais a
raison de la
deffense luy faicte
[36] de par
ledit dom Pierres, beau
frere dudit
[37] suppliant, il s'obstina
et delaissa d'aller a la
[38] feste ne au disner. Ains a l'yssue de
ladite
[39] messe, ung voisin
dudit suppliant et cousin
[40] de
sadite femme,
nomé Pierres Leguellec, et
ledit
[41] suppliant s'en allerent
ensemble ches
Guillaume Lemez
[42] en icelle ville de Rostrenen pour disner
[43] et prandre leur reffection. Et
apres qu'ilz y
[44] eurent disné
et poyé leurs escot, se
[45] retrirerent de bonne heure
et s'en allerent
[46] droict a leurs
maisons et demeurance au village
[47] de Quistilic Graefou en
ladite parroisse de
[48] Glomel. Et sur le vespre
dudit jour,
comme ledit
[49] suppliant fut arrivé a sa maison,
ladite Katherine
[50] Leguellec penczant
qu'il eust esté a la feste
[51] de
ladite nouvelle messe, craignant
que l'
autreprebtre
[52] son
frere en eust esté mal
content, commencza
[53] a tancer
* ledit suppliant, le
reprochant d'y
avoir
[54] esté
contre la
deffense de son
frere. Et
pour qu'elle
[55] ne voulloit croire l'excuse
dudit suppliant
[56] de n'y
avoir esté, ilz eurent
par entreulx
[57] differend
et noyse.
Apres tout quoy,
ladite
[58] Katherine s'en alla la
premiere et
ledit suppliant
[59] par apres a la
maison dudit Pierres Leguillec leur
[60] voisin
et parent
estant oudit mesme village
[61] de Quistellic Gracsou, la ou ilz se mysrent
[62] a
fere collacion avec
ledit Guellec
et sa
femme
[63] et autres assistans. Et
comme ilz estoint a table
<191 recto>
[64] faisans bonne
chere et prenant
leur reffection,
ledit
[65] dom
Pierres Guellec
et ung sien
frere se trouverent
[66] au devant de l'huys
et hors
ladite maison, lequel
[67] dom Pierres en rudes
parolles demonstrantes
[68] estre couroucé, commencza a hucher
audit suppliant
[69] par reiterees foiz qu'il sortist hors
ladite maison et
[70] qu'
il vint a luy disant que s'il ne le faisoit
[71] qu'
il le iroit querir jucques la. Quel
suppliant
[72] soy doubtant que ce feust
pour mal, luy
[73] dist
et rendit qu'il ne sortiroit point
et qu'il
[74] estoit bien la ou il estoit. Et en l'instant,
[75] entra
ledit dom Pierres
et sondit frere apres luy
[76] en
ladite maison,
ledit prebtre ayant une barre
[77] de boys de quoy il avoit de coustume de barrer
[78] son huys, de laquelle il assigna
audit suppliant
[79] ung grant coup sur le dos
et espaulles sans
avoir
[80] chose dire. Quoy voyant,
ledit suppliant soy
[81] craignant
desdits prebtres et sondit frere, ne sachant
[82] la
cause pourquoy il avoit esté ainsi frappé
[83] par icelluy dom
Pierres, se leva de table esperant
[84] s'en sortir
pour eviter a noaise tenant
[85] en sa main son cousteau nud duquel il
[86] couppoit son pain. Et
pour ce que
ledit dom Pierres
[87] s'efforczoit de refferer
dudit levyer de boys
[88] et que les deux freres estoient
chacun de son costé
[89] entre luy et l'huys de
ladite maison pour le impescher
[90] de sortir,
ledit suppliant dudit cousteau frappa ung
[91] seul coup d'estoc
audit dom Pierres en quelque
endroit
[92] de la poictrine que ne scayt
autrement declerez obstant
[93] qu'il estoit tard
environ nuyt close. Et sur l'heure,
[94] s'en eschappa
et sortit hors
ladite maison ou
[95] demeurerent
lesdits dom Pierres
et autres de la compaignie,
[96] en laquelle
maison a l'
occasion dudit coup, icelluy
<191 verso>
[97] dom
Pierres,
apres avoir eu l'asbolucion d'un
prebtre
[98] comme fut rapporté
audit suppliant dedans une
[99] heure
apres,
par deffault de
pensement ou
autrement,
[100] alla de vie a deces. Pour
raison duquel
[101] cas advenu de malle fortune
et par l'agression
[102] et invasion
dudit decedé,
ledit suppliant craignant
[103] rigueur de justice soy absenta
et se rendit
[104] fugitif
delaissant ses
femme et mesnaige
[105] en necessité
et misere. Nous remonstrant
[106] oultre
ledit suppliant qu'il a entendu que a esté
[107] convenu et accusé par
plusieurs termes par la
court
[108] de Rostrenen de laquelle il est
home en
[?proche?]
[109] fié
[??] [?termes?] il n'a osé
comparoir ains
[110] y a
tousiours deffailly
et a celle
cause estoit mis a forban
[111] et come tel banny
par ladite court. Aussi que en
[112] tous ses
autres faictz
et afferes, il a bien et
[113] honnestement vescu sellon son estat
[114] sans
avoir aulcune hayne
preconsceut entre luy
[115] et ledit decedé ne jamais
avoir esté actainct
[116] ne
convaincu d'autre mauvaix cas digne
[117] de
reprehencion. Et que le dix
septiesme jour
[118] de juillet
derroin faisant notre premiere et
[119] joyeuse entree en
notre ville de
Moncontour
[120] en
cedit pays, avons
entre autres trouvé detenu es
[121] prinsons
dudit lieu
ledit Jehan Lepanerec
[122] desquelles l'aurions faict delivrer
et mectre
[123] hors
et luy
pardoné ledit cas
et luy donné temps et
[124] terme de troys moys
pour retirer noz
lettres de grace
[125] sellon l'acte de
ladite expedicion signé de Hamelin.
[126] En
nous suppliant icelluy Lepanerec qu'
il nous plaise
[127] sur ce luy conceder
et octroyer
nosdites lettres de grace,
[128] tres
humblement, le
nous requerant. Pour quoy,
etc.
de Kerguern