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DUFOURNAUD Nicole, Rôles et pouvoirs des femmes au XVIe siècle dans la France de l'Ouest, thèse dirigée par André Burguière, EHESS, France, septembre 2007, 2 volumes, 1 CD rom.
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Placet pour Georges de Vaujoyeulx
de presenter certaines lettres d'abolition et pardon
impetrees en France quant affin de en avoir
antherinance devant les senal et alloué
de Rennes ou elle se dirigent, dont la
teneur ensuilt ledit placet daté le
dernier jour de may derroin.

1 juin 1532 [01/06/1532]

n° B34

<108 recto>

1 juin 1532 [01/06/1532]

Placet pour Georges de Vaujoyeulx
de presenter certaines lettres d'abolition et pardon
impetrees en France quant affin de en avoir
antherinance devant les seneschal et alloué
de Rennes ou elle se dirigent, dont la
teneur ensuilt ledit placet daté le
dernier jour de may derroin.
[1]
Francois etc, pere et legitime administrateur et usufructuaire de notre tres cher
[2]
et tres amé filz le dauphin, duc et Sr propriétaire des pays et duché
[3]
de Bretaigne, a tous presens et advenir, salut. Savoir faisons, nous avoir
[4]
receu l'humble suplicacion de Georges de Vaujoyeulx, escuyer, chargé
[5]
de femme et enffans, eagé de trante ans ou envyron, Contenant que
[6]
le vingt septiesme jour de janvier derroin passé, ledit supliant estant monté
[7]
a cheval hors la maison du Sr Du Bois de La Mothe apartenant a Jacques
[8]
de Beaumanoir, escuyer, pour aller conduire et accompaigner Thomas
[9]
de Quebriac, aussi escuyer, Sr dudit lieu, lesquelz avoint ledit jour disné
[10]
avec ledit Sr de La Mothe et autres personnages, apres avoir par ceulx
[11]
de la compaignye beu eulx estans a cheval pres de partir, illec
[12]
survint et arriva defunct Nicolas de Cluhunaut a cheval acompaigné
[13]
d'un gentilhome nommé Laurens de Launay, lequel defunct de Clunaut
[14]
s'adressa audit de Beaumanoir et apres l'avoir salué luy dist ledit
[15]
de Clunaut telles parolles ou semblables : « L'on m'a dit que estes mal content
[16]
de moy ! ce que ne croy pour ce que ne l'ay envers vous deservy. »
Lequel
[17]
de Beaumanoir luy fist response : « Ne venez jamays enltre tour
[18]
de moy ! je ne vous ayme point. Esse le bien et remuneracion
[19]
que me fectes apres que vous ay faict l'honneur de vous avoir maryé
[20]
o ma cousine germaine, fille aisnee de Coetguen, qui estoit
[21]
plus grant bien et honneur qu'il ne vous apartenoit ? Et
[22]
avez esté en la compaignye de ceulx qui me hayent mortellement
[23]
a m'aporté ung momon* en masque, de nuyct et a heure
[24]
indieue qui ne demandoint que querelle a moy ? Et scavez bien
[25]
que au moyen des injures qu'ilz me dirent, je fuz contraint de
[26]
me retirez en ma chambre. »
A quoy ledit de Cluhunaut dist
[27]
audit de Beaumanoir : « Je croy bien que m'avez faict asses d'honneur ;
[28]
je suys gentilhome et homme de bien, et valloys avoir une femme
[29]
de bien et de aussi bonne maison que votre cousine. Et ne vous
[30]
fiz jamais meschant tour. »
Auquel de Cluhunaud, ledit de Beaumanoir
[31]
dist derechef qu'il avoit souffert que l'on avoit faict audit
[32]
de Beaumanoir grant injure et mocquerie et qu'il estoit
[33]
en la compaignye quant on luy porta ledit momon. Et
[34]
que apres qu'il se fut retiré, se fist appeller ledit de Clunaut
[35]
pour parler a luy et qu'il ne le voulut fere. Lequel defunct
[36]
de Clunaut luy fist response qu'il ne pensoit pas que en sa
[37]
compaignye on eust dit chose audit de Beaumanoir qui
[38]
ne fust honneste et qu'il ne scavoit riens dudit differend, <108 verso>
[39]
et que s'il eust laissé ceulx de sa compaignye qui portent ledit
[40]
moumon ilz luy eussent peu reprocher qu'il eust esté traistre, disant
[41]
telles parolles ou semblables : « Je en veulx croyre mon maistre
[42]
que voyla. »
parlant dudit Sr de Quebriac, lequel de Quebriac respondit
[43]
audit de Cluhinault : « Vous me appelerez come vous voudres, mays
[44]
il fault fere l'appoinctement. »
Et quelque peu de temps apres,
[45]
furent sans parler dudit differend jusques a ce que ledit de Beaumanoir
[46]
commencza a repeter lesdites parolles audit de Cluhunaut luy disant
[47]
qui luy avoit faict ung meschant tour apres luy avoir faict
[48]
de l'honneur plus qu'il ne luy apartenoit et qu'il estoit ung meschant
[49]
homme. Et sur ce ledit de Clunaud luy fist response
[50]
qu'il estoit meschant homme, n'estoit pas vroy et qu'il n'avoit
[51]
point faict de meschanseté et estoit homme de bien.
[52]
Lequel de Beaumanoir dist en jurant et blaphemant
[53]
le nom de dieu audit de Cluhunault que c'estoit luy qui
[54]
avoit menty et sur ces parolles ou autres semblables,
[55]
tirent et deguaignerent leurs espees lesdits de Beaumanoir
[56]
et Cluhunaud, et ruerent pluseurs coups d'espees les ungs
[57]
sur les autres. Ouquel conflict ledit supliant deguaigna
[58]
come les autres gentilzhomes estans en ladite compaignye
[59]
en intencion de les departir et sans en penser en nul
[60]
mal. Et lors ledit de Quebriac dist audit de Cluhunault
[61]
qu'il se retirast, ce qu'il voulut fere, et en soy retirant
[62]
ung nommé Fierabras, bastard dudit de La Mothe, poursuyvit
[63]
ledit de Cluhunault auquel il donna ung coup d'estoc par
[64]
derriere. Et ledit de Beaumanoir qui pareillement poursuyvit
[65]
ledit deffunct de Cluhunault auquel il donna semblablement
[66]
ung coup d'estoc par devant qui le traversa parmy le
[67]
corps. Au moyen desquelz coups, ledit de Cluhunaut tomba
[68]
de dessus son cheval a terre et incontinent apres alla
[69]
de vie a trespas. A l'occasion de quoy ledit supliant doubtant
[70]
rigueur de justice se seroit absenté du pays ouquel ne
[71]
ailleurs en notre royaulme il n'oseroit jamais bonnement
[72]
converser, repairer ne demourer si noz grace, misericorde
[73]
et pardon ne luy estoint sur ce imparty. En nous humblement
[74]
requerant, actendu ce que dit est mesmement que ledit supliant
[75]
n'est aucunement consentant de ladite noyse et debat, et qu'il
[76]
desguaigna sadite espee en intencion de partir les dessusdits
[77]
aussi que jamais n'eut intencion de mal fere et n'a donné
[78]
aucuns coups audit deffunct ne autre de sadite espee,
[79]
nous luy veillons sur ce impartir sur sesdites lettres de grace
[80]
et pardon. Pourquoy nous ce consideré voullans misericorde <109 recto>
[81]
conferer a rigueur de justice dudit supliant ou cas dessusdit
[82]
en l'honneur et reverance de la Passion de notre redempteur
[83]
et saulveur, Jesus Crist, avons quicté et pardonné le faict
[84]
et cas dessusdit et de notre plus ample grace especial
[85]
plaine puissance et auctorité royal luy quictons
[86]
et pardonnons par ces presentes avec toute amande corporelle,
[87]
criminelle et civille, en quoy pour raison et occasion
[88]
dudit cas, il pouroit estre encouru envers notredit tres cher
[89]
et tres asmé filz le dauphin duc de Bretaigne et
[90]
justice en mectant au neant tous appeaulx, bans
[91]
bannissemens, deffaulx, procedures et proces, [?saucuns?] s'en
[92]
estoint contre luy ensuyviz et l'avons rapellé et
[93]
remis, rapellons et remectons a ses bonne fame
[94]
et renommee audit pays et a ses biens non confisquez,
[95]
satisfaction fecte a partir civillement tant seullement
[96]
si fecte n'est et celle y estes. Et et[sic] sur ce imposons
[97]
sillence perpetuel au procureur de notredite tré cher et tré asmé
[98]
filz le dauphin, duc de Bretaigne, et a tous autres,
[99]
si donnons en mandement par ses mesmes presentes
[100]
au seneschal de Rennes en la juridicion duquel ledit cas est
[101]
advenu et a tous les autres justiciers et officiers
[102]
de notredit tré cher et tres amé filz le dauphin duc de Bretaigne
[103]
ou a leurs lieutenant et a chacun deux si come a luy apartiendra
[104]
que de nos presente grace et pardon ilz facent, seusfrent et
[105]
laissent ledit supliant jouyr et user plainement et
[106]
paisiblement sans pour raison de ce luy fere ou donner
[107]
ne souffrir estre faict, mis ou donné ores ne pour
[108]
le temps advenir en corps ne en biens en aucune maniere
[109]
lequel si faict mis ou donné estoit ou son corps ou aucun
[110]
de ses biens estans prins saesy arrestez ou autrement
[111]
empeschez, ilz les luy mectent et delivrent ou facent mectre
[112]
ou delivrez incontinent et sans delay a plaine delivrance.
[113]
En tesmoign de ce, nous avons faict mectre notre seel
[114]
a ces presentes sauff en autres choses notre droict et l'autruy
[115]
en toutes. Donné a Argentein, le penultime jour de mars,
[116]
l'an de grace mil cinq cens trante ung avant Pasques
[117]
et de notre regne le dix huitiesme, et sellé de
[118]
cire jaulne a double queue, et signé sur le reply : Par
[119]
le Roy, pere et legitime administrateur ; tenant ses requestes :
[120]
Juvyneau ; et au-dedans du reply ou bout, signé : Kervillier.

De Kerguern