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-**Projet de présentation de la rubrique « La guerre des mots » ou « Les mots pour la dire » pour la Siefar<br/> +**Projet d'article pour la rubrique « La guerre des mots » ou « Les mots pour la dire » pour la Siefar** 
-Le 20 novembre 2008<br/ + 
-Nicole Dufournaud +Le 20 novembre 2008, 
-**+[[http://nicole.dufournaud.net|Nicole Dufournaud]] 
  
 (Relecture d'Aurore Evain et d'Eliane Viennot) (Relecture d'Aurore Evain et d'Eliane Viennot)
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 Après la question de la terminaison genrée des substantifs et adjectifs, se pose celle des accords. A la Renaissance, le grammarien Pierre Ramus considère comme une anomalie l'usage de privilégier le masculin au féminin (voir Livet page 238). Il cite un poème de Clément Marot : Après la question de la terminaison genrée des substantifs et adjectifs, se pose celle des accords. A la Renaissance, le grammarien Pierre Ramus considère comme une anomalie l'usage de privilégier le masculin au féminin (voir Livet page 238). Il cite un poème de Clément Marot :
  
-...Notre langue a sete fason,<br/> +...Notre langue a sete fason, 
-Ke le terme ki va devant,<br/> + 
-volontiers rejit le suivant,<br/> +Ke le terme ki va devant, 
-Les vies exemples je suivre,...<br/> + 
-... Voela la forse ke posede,<br/> +volontiers rejit le suivant, 
-Le feminin kand il presede...<br/> + 
-que modernise  Livet :<br/> +Les vies exemples je suivre,... 
-...Nostre langue a ceste facon,<br/> + 
-Que le terme qui va devant<br/> +... Voela la forse ke posede, 
-Volontiers regit le suivant.<br/> + 
-Les vieux exemples je suivray...<br/> +Le feminin kand il presede... 
-...Voila la force que possede,<br/> + 
-Le feminin quand il precede...<br/>+que modernise  Livet : 
 + 
 +...Nostre langue a ceste facon, 
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 +Que le terme qui va devant 
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 +Volontiers regit le suivant. 
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 +Les vieux exemples je suivray... 
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 +...Voila la force que possede, 
 + 
 +Le feminin quand il precede...
  
 En ancien français, l'usage veut que l'adjectif ou le participe qualifiant plusieurs noms s'accorde avec le plus proche. Par exemple, la petite grammaire cite : « es vos Charlon o sa grant gent venue » c'est-à-dire « voici Charles arrivé avec sa grande troupe » ; « venue » est ici accordé avec « sa grant gent » plus proche. La conséquence de cet usage est l'accord avec le mot féminin s'il se trouve le plus proche. Or au XVIIe siècle, Vaugelas édicte la règle suivante : « le masculin l'emporte sur le féminin... » et en donne la raison : « ...parce que plus noble ! » ; même dans le cas de trois substantifs, dont le premier est masculin, et les deux autres féminins, le genre masculin prévaut tout seul contre deux féminins, même si ces dernières sont plus proches : il prend pour modèle Malherbe. L'adjectif s'accorde de la même manière « parce que deux substantifs differens demandent le pluriel au verbe qui les suit, et dés que l'on employe le pluriel au verbe, il le faut employer aussi à l'adjectif, qui prend le genre masculin, comme le plus noble, quoy qu'il soit plus proche du feminin. » (voir pages 82, 84 et 381). L'usage qui prévalait jusqu'au XVIe siècle n'est plus respecté par ceux qui édictent la grammaire moderne. En ancien français, l'usage veut que l'adjectif ou le participe qualifiant plusieurs noms s'accorde avec le plus proche. Par exemple, la petite grammaire cite : « es vos Charlon o sa grant gent venue » c'est-à-dire « voici Charles arrivé avec sa grande troupe » ; « venue » est ici accordé avec « sa grant gent » plus proche. La conséquence de cet usage est l'accord avec le mot féminin s'il se trouve le plus proche. Or au XVIIe siècle, Vaugelas édicte la règle suivante : « le masculin l'emporte sur le féminin... » et en donne la raison : « ...parce que plus noble ! » ; même dans le cas de trois substantifs, dont le premier est masculin, et les deux autres féminins, le genre masculin prévaut tout seul contre deux féminins, même si ces dernières sont plus proches : il prend pour modèle Malherbe. L'adjectif s'accorde de la même manière « parce que deux substantifs differens demandent le pluriel au verbe qui les suit, et dés que l'on employe le pluriel au verbe, il le faut employer aussi à l'adjectif, qui prend le genre masculin, comme le plus noble, quoy qu'il soit plus proche du feminin. » (voir pages 82, 84 et 381). L'usage qui prévalait jusqu'au XVIe siècle n'est plus respecté par ceux qui édictent la grammaire moderne.
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 En conclusion, citons Livet (page 424), un homme de son temps : « En parlant de soi et d'un autre, le Français se place le dernier ; ainsi on dit : Pierre et moy plutôt que moy et Pierre, à moins qu'on ne parle d'un domestique, d'un homme très-inférieur ou de sa femme. Quelques-uns cependant font à leur femme cet honneur de la nommer avant eux, mais non sans paraître ridicules au plus grand nombre qui leur reproche de parler en hommes γυνααοαρατούμενοι [mot en grec  à traduire], menés par leurs femmes. » En conclusion, citons Livet (page 424), un homme de son temps : « En parlant de soi et d'un autre, le Français se place le dernier ; ainsi on dit : Pierre et moy plutôt que moy et Pierre, à moins qu'on ne parle d'un domestique, d'un homme très-inférieur ou de sa femme. Quelques-uns cependant font à leur femme cet honneur de la nommer avant eux, mais non sans paraître ridicules au plus grand nombre qui leur reproche de parler en hommes γυνααοαρατούμενοι [mot en grec  à traduire], menés par leurs femmes. »
  
-Bibliographie :+**Bibliographie** : 
 + 
 +Evain Aurore, « Histoire d'autrice de l'époque latine à nos jours »,  Semeion, « Féminisation des noms de métiers : état des lieux 20 ans après la première circulaire, Université Paris Descartes, février 2008, n° 6 
 + 
 +La Ramée Pierre de, Grammaire, Paris, 1572.  
 + 
 +Livet Ch.-L., La grammaire française et les grammairiens du XVIe siècle, Paris, 1859.  
 + 
 +Nyrop Kristoffer, Grammaire historique de la langue française, 1960, tome 2, 2e éd. 
 + 
 +Petite grammaire de l'ancien français XIIe-XIIIe siècles, éd. Faral, Paris, 1941.  
 + 
 +Vaugelas Claude Favre de, Remarques sur la langue françoise utiles a ceux qui veulent bien parler et bien escrire. Paris, Vve J. Camusat et P. Le Petit, 1647.
  
-Evain Aurore, « Histoire d'autrice de l'époque latine à nos jours »,  Semeion, « Féminisation des noms de métiers : état des lieux 20 ans après la première circulaire, Université Paris Descartes, février 2008, n° 6 <br/> 
-La Ramée Pierre de, Grammaire, Paris, 1572.<br/> 
-Livet Ch.-L., La grammaire française et les grammairiens du XVIe siècle, Paris, 1859.<br/> 
-Nyrop Kristoffer, Grammaire historique de la langue française, 1960, tome 2, 2e éd..<br/> 
-Petite grammaire de l'ancien français XIIe-XIIIe siècles, éd. Faral, Paris, 1941.<br/> 
-Vaugelas Claude Favre de, Remarques sur la langue françoise utiles a ceux qui veulent bien parler et bien escrire. Paris, Vve J. Camusat et P. Le Petit, 1647.<br/> 
 http://www.ciep.fr/chroniq/femi/fem.pdf http://www.ciep.fr/chroniq/femi/fem.pdf
proxi.1321001121.txt.gz · Dernière modification : 2016/03/11 12:54 (modification externe)